[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je suis Pierre-François Bernard, président de Franche-Comté Active, un fonds territorial dont l'objectif est de favoriser le déploiement et l'ingénierie financière des projets d'économie sociale et solidaire sur le territoire de la Franche-Comté, voila. Et donc nous accompagnons 150 projets par an sur notre territoire, et nous avons lancé une expérimentation il y a trois ans qui se dénommait Émergence, dont l'objectif était non plus d'accompagner des porteurs de projets, mais d'accompagner des idées et des potentiels sur les territoires et de les révéler pour les qualifier en action économique. La méthodologie d'action d'Émergence repose sur trois phases, la première c'est ce qu'on appelle le réveil des territoires, donc la capacité à animer les territoires et à mobiliser l'ensemble des ressources, qu'elles soient société civile, entreprises, associations et institutions publiques, de manière à, ensemble, identifier des besoins sociaux, ou des potentiels qu'il serait intéressant de valoriser. Donc il y a une phase d'animation et de mobilisation primordiale. La deuxième étape, c'est la qualification de ces potentiels, en étude d'opportunité. Dans l'analyse des opportunités qu'on a, de l'idée au projet, on a un petit comité qu'on appelle un [INCOMPREHENSIBLE], qui est composé d'entrepreneurs, d'un représentant d'une collectivité, et qui étudie, ou à qui en tout cas on propose de regarder les différents process sur lesquels on travaille, et qui nous disent, là a priori il y a du business et il faut, ou on continue, ou là quelque part c'est mort, on arrivera pas à trouver un modèle économique ou une chaîne de création de la valeur qui nous permettra de créer de l'emploi sur le territoire. Et puis la dernière étape c'est l'étude de faisabilité et le recrutement du porteur, puisqu'on est bien sur un dispositif générateur de projet et pas accompagnateur de porteur, et donc il nous faut dans la dernière étape, faire une étude de faisabilité et accrocher un porteur qui soit collectif ou individuel, à l'opportunité qu'on a identifiée préalablement. L'intuition d'Émergence part du fait qu'il y a beaucoup d'occasions perdues, notamment dans les territoires ruraux, et que du fait de la faible densité de la population, il faut qu'on arrive à un certain moment à faire croiser les bonnes idées, les bonnes personnes, au bon endroit, et Émergence propose aux territoires cette ingénierie-là. Les méthodes participatives d'animation qu'on utilise pour co-construire en tout cas dans une phase de concertation et de proposition, il y en a plusieurs, mais principalement on propose aujourd'hui soit des world cafés, soit des forums ouverts, qui sont des méthodes où chacun vient, quelque part, sans ses étiquettes, la parole est libérée mais organisée de manière à rentrer dans une phase de production. Et on est en train de développer même des dispositifs qu'on appelle startup de territoire, où on arrive à mobiliser 200 personnes dans une salle, et en cinq heures, de sortir 100 opportunités ou 100 idées de potentiels sur un territoire qu'une équipe d'ingénierie d'Émergence après qualifiera. Cette ingénierie d'accompagnement, elle est aujourd'hui financée par des collectivités publiques, donc de la région, on a eu aussi un appui de la fondation Macif, de la Directe, et globalement notre modèle économique il va reposer aujourd'hui sur un triptyque et de dire, toute la phase de captage et de brassage des idées sur les territoires, elle répond plutôt à l'intérêt général, et donc il faut que ce soit des financements faîtières, de collectivités, par contre une fois qu'on rentre dans l'analyse du modèle économique, il faut que ce soit les futurs bénéficiaires qui le financent. L'enjeu de la collecte des bouteilles de verre dans le Jura, c'est de se dire qu'aujourd'hui il y a dix millions de bouteilles du Jura qui sont produites, puisque le Jura est un département viticole, il fallait sans doute repartir dans un cadre d'économie circulaire et se dire, ces bouteilles de verre, on pouvait peut-être les récupérer, et non pas les recycler, mais les réutiliser dans une consigne, en mobilisant un certain nombre d'acteurs sur le territoire. Un certain nombre d'opérateurs sont intéressés par ce dispositif, ou en tout cas cette initiative, déjà les viticulteurs, puisqu'eux ils achètent tous les ans des bouteilles à 24 centimes, dont l'idée c'était de dire on est capable de vous fournir des bouteilles moins chères, les grandes surfaces, puisque elles vendent les bouteilles, quelque part elles peuvent devenir des points de collecte auprès des consommateurs, l'interprofession du vin, qui veut communiquer dessus puisque c'est pour eux un argument de développement durable et c'est une façon de se démarquer par rapport à d'autres vignobles, et puis des acteurs économiques notamment de l'insertion, puisque sur la capacité à collecter, trier, laver et ramener les bouteilles, on a là une opération manouvrière qui pourrait être confiée à des entreprises d'insertion dans le cadre de l'inclusion sociale. La collectivité territoriale elle a un rôle dans le projet en particulier dans celui de la consigne, parce qu'elle est garante du cadre et à confier ce sujet-là à notre ingénierie pour qu'on puisse l'expertiser et le mener jusqu'au bout. Donc elle a un rôle de garant, de caution, de veilleur, mais n'a pas d'action aujourd'hui économique en tant que telle, ne sera pas un acteur économique en tout cas de la co-construction, mais ça marche, le fait de faire réunir les gens ensemble, mais ça nécessite des phases bilatérales, où globalement on va voir chacun d'entre eux et on essaye de comprendre quelle est leur limite, des techniques d'animation particulières en groupe, pour ce que j'appelle faire de l'alignement d'intérêts. Alors c'est quoi l'alignement d'intérêts? L'alignement d'intérêts pour moi, c'est de dire qu'aujourd'hui personne n'ira dans des businesses d'intérêt général, s'il n'y retrouve pas un intérêt personnel. Et donc l'objectif c'est de voir comment on arrive à aligner les intérêts de chacun, pour que chacun puisse s'enrichir de cette nouvelle démarche et que cette démarche réponde aussi à l'intérêt général. On joue après un rôle d'entrepreneur de territoire, ou d'entrepreneur relationnel, parce qu'on a cette capacité de parler différents langages, le langage de la bouteille, le langage du paysan, et de mettre tout le monde au diapason autour de cette nouvelle filiaire que l'on veut créer. Le cadre juridique de la consigne de verre, il va être, on ne va pas créer une structure par rapport à ça, puisque ça va être le développement d'activités d'entrepreneurs qui existent déjà sur le territoire, et à qui on va confier une nouvelle activité. C'est un modèle économique qui est créateur de valeurs d'impact, impact en création d'emploi, impact écologique, ou en tout cas en terme environnemental par rapport au bilan carbone qui est fait sur ce cycle-là puisque les chiffres montrent qu'on est largement bénéficiaires, et puis un impact qui se mesure peu, ou qui est difficile à mesurer, c'est le fait coopératif, c'est comment tout seul je vais vite mais à plusieurs on va plus loin et comment on crée des habitudes à travailler ensemble et comment l'expérience de la consigne va faire tâche d'huile sur le territoire en disant tiens il y a peut-être d'autres filières sur lesquelles on peut travailler. Cette première expérience peut permettre de prouver qu'il y a un enrichissement mutuel à co-construire des solutions d'intérêt général sur le territoire. [MUSIQUE]