[MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Je suis Brigitte Giraud, présidente du CELAVAR. La coordination CELAVAR réunit des fédérations associatives qui ont comme objet commun, d'être implantées, d'avoir des activités associatives implantées sur les territoires ruraux. Et donc notre objet commun, la dizaine de fédérations réunies dans le CELAVAR, c'est de promouvoir la question du développement territorial rural à travers nos activités associatives. Parler de territoire. Qu'est-ce que ça veut dire que les territoires? Autant de personnes, autant de définitions du mot territoire. Nous, lorsqu'on parle du territoire et du territoire rural en particulier, c'est d'abord une forme d'identité, c'est-à-dire un espace géographique qui, dans le temps, permet à ses habitants, à ses acteurs de se reconnaître une forme d'identité. C'est vrai qu'ensuite on est obligé de se conformer un petit peu à la dimension administrative d'un territoire, mais il y a tellement de couches d'administration que on a plutôt tendance dans notre secteur à raisonner en bassins de vie. On parle de territoire à géométrie variable parce que suivant la nature du sujet qu'on aborde, c'est un territoire plus ou moins vaste, plus ou moins important. Si par exemple on parle de jeunesse, ce n'est pas forcément exactement le même territoire que si on parle d'agriculture ou si on parle d'environnement. En fait, l'enjeu pour nous c'est véritablement d'inscrire les territoires ruraux dans des flux territoriaux, dans des interactions avec d'autres types de territoires. Les territoires ruraux ont des caractéristiques qui ressemblent forcément à tout un tas d'autres types de territoires, sauf que quand on les remet dans leur contexte de ruralité, ça a une dimension particulière. Par exemple, on pense que la pauvreté c'est le lot des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Eh bien, la pauvreté, elle est beaucoup plus dissimulée sur les territoires ruraux, elle est moins dense parce qu'il y a moins d'habitants au kilomètre carré. Mais la pauvreté elle est là et elle est plus cachée parce que, comme il y a réseau d'interconnaissance plus fort, la pauvreté est cachée par pudeur. Notre enjeu c'est évidemment des enjeux environnementaux dans la mesure où la grande partie de l'agriculture se déroule sur les territoires ruraux, et que c'est une activité qui amène des problématiques environnementales qu'il faut prendre en compte. C'est vrai aussi que l'usage des ressources naturelles pour les énergies par exemple renouvelables ou pour les énergies tout court se trouvent aussi sur les territoires ruraux, donc il y a des enjeux environnementaux. Il y a des enjeux économiques très forts dans la mesure où, un peu comme dans certains territoires de la ville, ceux que je citais précédemment, où il y a moins d'entreprises qu'ailleurs et du coup l'accès à l'emploi est plus difficile, la relation avec les entreprises est plus difficile parce qu'elles sont moins présentes et moins localisées, et que il y a nécessité d'inventer des formes d'activité économique qui justement reposent beaucoup sur l'entrepreneuriat individuel ou l'entrepreneuriat associatif, ou l'entrepreneuriat social ou l'entrepreneuriat classique, mais en tous les cas, qui reposent sur des engagements forts individuels, de l'investissement personnel de chacun. Traditionnellement, les associations coopèrent sur des territoires avec l'action publique, ça c'est assez dans leur culture, et quand elles sont sur les territoires, c'est véritablement maintenant que la décentralisation va être fortement installée avec les différentes catégories de de collectivités territoriales et puis en fonction de leur objet, suivant les compétences de ces collectivités territoriales. Contrairement à ce qu'on croit, ce qu'on pourrait croire, les associations ont peu de coopération en fait entre elles, la coopération inter-associative n'est pas du tout spontanée. Or nous qui avons cette chance d'être sur des activités transversales, on pourrait davantage et ce qu'on cherche à faire maintenant avec, au sein du CELAVAR, ce qu'on appelle le laboratoire d'expertise citoyenne, à créer des coopérations inter-associatives plus poussées sur les territoires. On a par exemple traiter d'un sujet sur l'intergénérationnel sur les territoires ruraux et on a essayé de faire coopérer des associations de nos différents champs, comme par exemple la jeunesse, la petite enfance et la culture par exemple. Voilà. Et enfin, avec les entreprises, ce n'est pas encore extrêmement développé, mais ça vient de plus en plus. Alors, il y a évidemment le champ traditionnel du mécénat qu'on connait où des associations sont mécénées par un certain nombre d'entreprises. C'est très vrai sur les territoires ruraux et c'est souvent de très petits volumes de mécénat, ce n'est pas des grands chantiers. Mais c'est un peu cette image quand le Crédit Agricole ou la Caisse d'Épargne soutient un évènement local, soit ça peut être une contribution à 500 ou 1 000 euros mais qui est une contribution décisive pour que tel ou tel évènement ou telle ou telle action ait lieu. Ça peut aller bien au-delà sur un projet commun, comme par exemple la fondation RTE a le projet de soutenir des activités sur des territoires ruraux puisque c'est son objet, ça peut être sur un projet, j'ai un exemple qui me vient en tête, c'est par exemple le soutien à un chantier d'insertion en Bretagne par exemple. Les enjeux sont devenus tels que que soit les enjeux environnementaux, sociaux, économiques, que aucun acteur ne peut agir tout seul et que du coup on est obligé de se tourner vers les autres et que se tourner vers les autres ce n'est pas forcément spontané. Ce que je dis sur cet enjeu d'aller vers l'autre et de faire un pas de côté, c'est en fait, ça me semble être au-delà d'une opportunité, c'est une véritable nécessité, c'est-à-dire que on a un peu tendance parfois, dans des raccourcis, à se dire ce qu'on n'obtient plus de l'action publique on va l'obtenir des entreprises. C'est vraiment pas du tout un raisonnement à mon avis qui tient dans la durée. Par contre, se dire que les enjeux sont tels que personne ne pourra y répondre seul, ça oui, c'est une véritable évolution tendancielle, c'est presque un changement de paradigme et c'est même un changement de paradigme et qui va nous occuper très, très longtemps à mon avis pour refaire société ensemble. La question de la co-construction sur les territoires, c'est un enjeu majeur. Dans le réseau dont je viens moi, on a inventé le fait de travailler en co-construction au sein même du réseau, ce qui n'est déjà pas facile, mais la co-construction entre acteurs sur le territoire c'est un vrai enjeu. C n'est pas uniquement assembler des compétences autour d'une table pour travailler sur un territoire. C'est faire ensemble et apprendre à décaler son regard et à faire en alliance, c'est-à-dire pas en réponse à son propre enjeu à soi, mais à un enjeu qu'on accepte de partager avec tout ce que ça suppose comme changement d'attitude, de posture et de regard sur la façon dont on voit son propre territoire. [MUSIQUE]