[MUSIQUE] Dans le premier module de ce MOOC, nous avons mis en évidence le fait que les enjeux auxquels sont confrontés les territoires demandent une réponse commune de la part des acteurs qui l'habitent et le font vivre. Dans ce deuxième module, nous étudierons dans un premier temps les particularités des alliances en territoire, puis, et ce sera un deuxième chapitre de cette séquence, le rôle des acteurs du territoire dans cette dynamique. Enfin nous verrons quels sont les écosystèmes nécessaires à l'éclosion et au développement de ces alliances. Alors première question, quelles sont les particularités des alliances en territoire? Depuis une petite décennie, le mouvement de co-construction dans les territoires est en marche. Il s'incarne pour l'instant principalement dans des partenariats innovants entre entreprises et associations. Aujourd'hui, l'étude du Rameau donne les résultats suivants. 38 % des associations pratiquent le partenariat, taux qui s'élève à 53 % pour les associations employeuses. Parmi ces associations, ce sont les structures d'insertion qui réalisent le plus de partenariats. Du côté des entreprises, 37 % des entreprises d'au moins 10 salariés développent des partenariats, taux qui monte à 49 % pour les entreprises de 1000 salariés et plus. En 2015 on dénombrait ainsi 1,2 million de partenariats en France. Comme nous l'avons vu dans le MOOC Les Partenariats qui Changent le Monde, ces partenariats sont très divers. Ainsi, 67 % associations ayant des partenariats bénéficient du mécénat, 29 % d'entre elles construisent des pratiques responsables avec les entreprises, 26 % de la coopération économique et 25 % contribuent à l'innovation sociétale. Si le total fait plus que 100 %, c'est qu'une association a souvent plusieurs partenariats, 4,5 en moyenne. Les entreprises responsables ont également une culture multipartenariale avec 5,1 partenariats en moyenne. Ces entreprises s'investissent dans des partenariats pour répondre à trois objectifs principaux. Favoriser leur ancrage territorial, améliorer leurs performances et enfin développer des projets innovants grâce au regard des partenaires associatifs qui pourront être ensuite déclinés dans le business. On constate sans surprise, que les sujets traités par ces partenariats correspondent aux fragilités que les acteurs estiment comme prioritaires sur leur territoire et que vous avons développées dans le premier module. Ainsi, 62 % des entreprises ayant des partenariats les ont noués dans le domaine de l'insertion professionnelle, ce qui rejoint directement le fait que la plus grande fragilité perçue dans les territoires est l'emploi. Les domaines dans lesquels les entreprises engagées s'investissent le plus sont ensuite la diversité et le handicap, l'éducation et la jeunesse, la culture, le sport, et enfin l'environnement. Parlons maintenant plus précisément de l'ancrage territorial de ces partenariats. En effet les partenaires sont issus d'organisations locales, pour près des trois quart des entreprises, et la moitié des entreprises qui mènent des partenariats ont des partenaires régionaux. On note que cet ancrage territorial diverge selon le secteur d'activité, et, de façon logique, le périmètre d'intervention des entreprises. Les entreprises issues de l'industrie et du BTP par exemple se tournent plus volontiers vers des partenaires régionaux. Celles du secteur du commerce se tournent plus volontiers vers des partenaires rayonnant à l'échelle nationale ou internationale. Notons ici que les entreprises ne travaillent pas qu'avec des associations. Elles déclarent également développer des partenariats avec des écoles, des universités, ou encore des clubs d'entreprise par exemple. Et surtout, 52 % d'entre elles développent des partenariats avec des collectivités locales. Mais alors, qu'est-ce qui différencie un partenariat entre une entreprise et une association ou encore un partenariat entre une entreprise et une collectivité, d'une véritable alliance territoriale? Pour reprendre la définition du Rameau le terme alliance désigne le rassemblement d'acteurs de mondes différents, institutionnels, pouvoirs publics, entreprises, associations, acteurs académiques, experts, ayant pour objectif d'apporter les nouvelles solutions aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux et sociétaux de leur écosystème. Ils s'agit donc d'une véritable dynamique entre des acteurs variés, qui décident de coconstruire de nouvelles solutions, au service d'un enjeu territorial, un enjeu externe à leur structure donc. Le terme co-construction désigne le fait, pour différents acteurs, de créer de nouvelles solutions, qu'il s'agisse de solutions innovantes ou de duplication de solutions déjà existantes. Il ne s'agit pas simplement de mise à disposition de moyens, mais bien de réfléchir et d'agir ensemble afin de trouver des solutions adaptées aux besoins identifiés en s'appuyant sur les capacités de chacun. Il peut s'agir de créer une solution innovante, ou bien de dupliquer des solutions déjà existantes dans d'autres territoires, ainsi que je le disais il y a un instant. Les partenariats sont les fruits de cette dynamique d'alliance. Ils permettent de répondre de façon plus directe aux enjeux internes des structures qui nouent ledit partenariat. Je rappellerai ici qu'il existe quatre grandes catégories de partenariat, ainsi que nous l'avons mentionné précédemment, le mécénat, les pratiques responsables, la coopération économique et l'innovation sociétale. Alors maintenant deuxième question, quel rôle pour chacun des acteurs dans cette dynamique d'alliance? Les principaux protagonistes de ces alliances territoriales sont donc les entreprises. Les structures d'intérêt général que nous appelons souvent associations pour simplifier, et les acteurs publics, collectivités territoriales ou services déconcentrés de l'État. Tous ces acteurs unissent leurs expertises, leurs efforts, au service de l'intérêt général et donc au bénéfice des citoyens quatrième partie prenante essentielle, tout en ayant chacun un rôle et des intérêts particuliers dans ces alliances. Pour les entreprises, ces alliances sont une opportunité de mieux connaître les besoins de leur territoire, et de mieux répondre aux attentes de leurs parties prenantes, grâce à l'expertise des associations, qui savent elles capter les signaux faibles. Le rôle des entreprises dans ces alliances est souvent de mettre à disposition leurs moyens, qu'ils soient financiers, humains, ou techniques, recherche et développement. les entreprises membres du club Gravelle de l'alliance Fil Rouge Charenton-Saint-Maurice ont ainsi mis à disposition leurs employés pour que ceux-ci puissent présenter le monde de l'entreprise aux élèves du lycée partenaire. La Lyonnaise des eaux quant à elle a participé financièrement aux frais de recherche et développement du projet de revalorisation des boues en combustible en partenariat avec l'entreprise sociale alsacienne solidaire. Pour les associations, de telles alliances leur permettent de disposer de davantage de moyens pour proposer une réponse de plus grande envergure aux problèmes sociaux ou environnementaux qui sont leur raison d'être. Elles ont souvent un rôle de prescripteur et d'expert des publics ou causes soutenues au travers de ces alliances. En Poitou-Charente par exemple, le collectif Silver Geek a pu bénéficier des volontaires en service civique recrutés et formés par l'association Unicité, ainsi que de l'expertise d'ADB Solidatech en terme de mobilisation du numérique au service des plus fragiles. Enfin, les collectivités territoriales ont pour mission même d'œuvrer au développement de leur territoire. Ces alliances leur permettent d'apporter des solutions innovantes et à coût modéré au service de leur territoire. Leur rôle est souvent d'être le catalyseur de ces alliances, en étant le facilitateur qui permet la rencontre entre des acteurs qui se connaissent souvent très mal, comme l'a fait la mairie de Charenton. Les collectivités territoriales peuvent également capitaliser sur ces innovations. Pour les dupliquer dans d'autres territoires, c'est le cas des départements et des régions, voire les transformer en politique publique. Nous verrons cela plus en détail dans le dernier module de ce MOOC. Venons-en à la troisième question structurante. Quel est l'écosystème le plus favorable au développement de ces alliances? Vous avez maintenant une bonne connaissance de ce qu'est le territoire, de ses acteurs et de la façon dont ils peuvent s'allier au service des territoires. Mais de telles alliances peuvent paraître complexes, et sont aujourd'hui finalement encore très peu présentes dans les territoires malgré leur potentiel. Alors comment faire émerger ces formes de co-construction et comment encourager leur développement? Eh bien il faut pour cela un véritable travail d'animation de ces alliances. Si ces alliances sont si récentes, c'est parce que ce rapprochement entre secteur privé, public, et d'intérêt général, est en fait loin d'être évident. Il est donc nécessaire de sensibiliser les acteurs aux partenariats, les mettre en relation et mener des projets expérimentaux d'alliance territoriale. Ces solutions d'animation sont tout aussi innovantes que les alliances qu'elles accompagnent et leur mise en œuvre amène à se poser de nombreuses questions. Quel est le niveau territorial le plus adapté, qui sont les acteurs à impliquer, et surtout comment financer les actions d'animation des partenariats? Les pionniers de ces alliances, au premier rang desquelles nos trois fils rouges de ce MOOC, nous permettent aujourd'hui d'avoir des éléments de réponse à ces questions. Afin de créer un territoire qui soit fertile pour ces alliances, deux métiers sembles indispensables. Celui d'animation du territoire, et celui d'accompagnement des organisations se lançant dans cette démarche. Pour animer le territoire et pour favoriser les rencontres, quatre actions peuvent être menées de façon complémentaire. Un, réaliser un diagnostic territorial des enjeux du territoire et de l'état des lieux des partenariats. Deux, organiser des événements de sensibilisation. Trois, organiser des temps de rencontre et de mise en relation entre acteurs de l'écosystème. Quatre, mener des expérimentations locales en créant collectivement des réponses aux enjeux du territoire. Pour accompagner les organisations se lançant dans cette démarche, il faut accompagner individuellement chaque organisation dans sa stratégie d'alliance, et accompagner le partenariat dans sa phase de création, de pilotage et, ou d'évaluation. Le labo des partenariats en Alsace, fil rouge de ce MOOC, intervient dans ces deux registres et exerce ces deux métiers. Ces deux métiers d'animation du territoire et d'accompagnement des organisations se nourrissent mutuellement. L'animation des territoires a besoin de retour d'expérience de partenariats concrets pour témoigner du mouvement en marche et insuffler une dynamique, et les partenariats existants on besoin d'un écosystème favorable pour se développer. Ces solutions d'animation sont d'autant plus complexes, qu'elles doivent être adaptées aux spécificités du territoire tout en capitalisant sur les points communs existants entre territoires. En terme d'animation, il faut particulièrement veiller à prendre en compte deux choses. Un, la typologie des territoires, est-ce qu'il s'agit d'un territoire rural, d'une zone urbaine sensible, d'une zone naturelle, et deuxièmement, son histoire en matière d'alliance. [AUDIO_VIDE]