[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] En sport, l'explosivité est fonction de la force et de la vitesse. Cela correspond à fournir un effort avec une forte intensité sur un temps court. L'explosivité est recherchée lors de performances, mais aussi à l'entraînement pour développer certains acquis. La notion d'explosivité peut aussi s'entendre d'un point de vue psychologique, comme la capacité à rechercher au plus profond de soi toute l'énergie qui s'exprimera dans la performance. Guy Ontanon, vous avez côtoyé de nombreux sportifs à forte explosivité physiologique mais aussi mentale. Pouvez-vous nous expliquer la technique d'Usain Bolt? >> C'est vrai que l'explosivité est l'un des socles de la performance, quelque soit le sport que l'on pratique. Et que l'on soit dans un sport individuel de vitesse ou d'endurance ou alors dans un sport collectif. Pour le sprinteur, cela semble évident de parler d'explosivité physiologique et l'exemple qui vient en illustration peut être une sortie de starting block ou l'on voit le sprinteur jaillir, exploser. Pour rester sur l'exemple d'un sprinteur et prenons le plus rapide de tous les temps, Usain Bolt, l'analyse de sa foulée permet de mesurer l'explosivité dont il fait preuve. À pleine vitesse, ce champion hors-norme atteint une vitesse proche de 45 km/h pour des temps de contact au sol de l'ordre de huit centièmes de seconde, qui lui permettent de réaliser des foulées de plus 2,70 mètres. Cela peut surprendre aussi, mais on peut également parler de l'explosivité d'un marathonien, notamment lorsque l'on évoque ici aussi le temps de contact au sol. Un marathonien de haut niveau sera beaucoup plus explosif au sol qu'une personne lambda qui fait son footing. Au niveau des sports collectifs, l'explosivité permet à certains joueurs de faire la différence et d'éliminer aussi bien dans de petits espaces que dans de grands espaces leurs adversaires directs et ainsi créer un surnombre qui sera décisif. L'explosivité peut aussi être mentale et on entend par là la capacité de chacun à réagir rapidement à une situation donnée, d'anticiper les phases de jeu à venir et de s'y adapter et faciliter l'accélération du jeu, comme le ferait un Lionel Messi ou un Tony Parker. L'explosivité mentale se traduit alors par la capacité à lire le jeu plus rapidement que l'adversaire et à jouer avec un temps d'avance. >> Bonjour, Florian Rousseau. Vous êtes un ancien cycliste sur piste avec des titres de champion du monde du contre-la-montre et de vitesse entre 1993 et 2001. Vous avez occupé des fonctions d'entraîneur national au sein de la fédération française de cyclisme et vous travaillez aujourd'hui au sein de la structure dédiée au haut niveau à l'INSEP, en vue notamment de la préparation de Paris 2024. Dans le cyclisme sur piste, il y a un moment où il faut mettre le turbo, exploser. Comment cela se matérialise et comment se préparer à cela? Comment alterner des moments d'accélération et de maintien dans le peloton? >> En cyclisme sur piste, la notion d'accélération, de mettre le turbo est essentielle. On le voit bien, il faut changer l'allure pour dépasser son adversaire, pour démarrer sur une épreuve chronométrée qui est au départ arrêtée pour donner le maximum de vitesse au début. Et ça, cette qualité est essentielle. Donc, elle se travaille bien sûr à l'entraînement mais aussi en compétition. Donc, cette capacité que l'on voit est principalement musculaire, mais ce serait une erreur de dire que c'est uniquement musculaire. C'est avant tout mental de pouvoir concentrer justement tout, le maximum d'intention et de délivrer cette part d'explosivité, cette part d'énergie très, très forte, maximum, en très, très peu de temps, c'est très difficile et donc, ça demande des années d'entraînement, des années de préparation, des années de compétition. Sur un départ, lors d'une épreuve en cyclisme sur piste, arrêtée, si cette explosivité n'est pas délivrée au bon moment, avant le starter ou après, il y a toujours cette notion de temps perdu où si on part avant, c'est un faux départ et donc la notion de timing est très importante. Parce qu'on peut avoir la plus belle qualité justement de cette explosivité, mais si dans le moment de la course, on ne la délivre pas au bon moment ou quand on doit attaquer pour déborder, il ne sera passera rien, on ne gagnera pas. Donc, en fait, il y a cette intelligence mentale, tout est mental en fait dans la délivrance de cette explosivité, lorsqu'on se retrouve dans une situation de course, la course est lancée mais dans une position d'attente, pour justement produire cette accélération, pour changer de vitesse, doubler, dépasser ses adversaires ou se replacer dans la course, est capitale. Mais je reviens à chaque fois toujours, il y a cette capacité physique, mais elle avant tout mentale. Ce qui va déclencher justement cette capacité d'explosivité, c'est une capacité d'analyse très, très rapide, par rapport à un choix de course, bien évidemment. Donc, c'est pour ça que la notion de timing est capitale, donc c'est avant tout mental. La délivrance de l'explosivité, dans une situation de course, quand on est en attente dans le peloton, c'est une analyse de beaucoup d'éléments qui à un moment donné, on va prendre cette décision d'y aller. Et là, à partir du moment où on prend cette décision où le sportif par rapport à des repères visuels, des repères de sensation, là il va justement pouvoir très rapidement prendre la décision. Il faut que ça devienne des automatismes pour prendre la décision au bon moment, pour produire l'accélération qui va permettre de changer l'allure, de se replacer ou de surgir dans les derniers mètres pour dépasser ses adversaires. Pour gagner, il faut prendre des risques, mais attention, pas des risques n'importe comment. C'est-à-dire que j'ai parlé auparavant de l'approche globale de prendre des éléments et on prend des risques en fonction de ses capacités, d'avoir une bonne connaissance de ses capacités, mais il ne faut pas être sur la défensive. Quand on est dans la défensive, c'est le contraire de l'explosivité, on est dans l'attente, on laisse venir les autres et justement, l'explosivité, c'est l'inverse. C'est-à-dire à un moment donné, créer, déclencher quelque chose et mettre en réaction les autres. Dans mon sport, je parle pour mon sport que j'ai pratiqué et où j'ai été entraîneur, l'attaque et toujours justement la prise de risque est beaucoup plus payante souvent que d'être dans cette position défensive. L'explosivité, c'est de l'énergie, donc c'est important d'avoir l'énergie, donc il faut donner l'envie d'exploser. Dans le management, je pense le rôle aussi d'un manager, c'est de donner l'envie justement à ces équipes et c'est essentiel. Si on ne donne pas l'envie, voilà, on n'y va pas. L'explosivité, on y va. On peut faire des erreurs, mais ce n'est pas grave. La qualité essentielle justement dans l'explosivité, c'est de savoir réguler à un moment donné parce que dans une équipe, on est à plusieurs. Et de savoir s'adapter à un moment donné justement à ses collaborateurs, de savoir si ça suit, si ça ne suit pas, si on a compris, si on n'a pas compris, pour justement régler sa vitesse, mais l'impulsion, le démarrage est très, très important et justement l'énergie et donner l'envie, pour moi, c'est capital. >> Le leader, tout comme le sportif doit avoir des temps d'accélération et de maintien du niveau atteint. Le leader doit faire preuve d'explosivité au sens sportif du terme, avoir des temps d'accélération et de mobilisation de la force collective pour produire. Cette gestion positive de l'accélération et de la mobilisation peut se faire au niveau du leader en alternant trois postures. L'ouverture, la structuration et la fermeture. L'ouverture est le temps du collaboratif. Toutes les parties prenantes s'expriment à propos d'un sujet en termes de constat et de solution. Le leader laisse une autonomie aux personnes tant au niveau des moyens que des résultats. La structuration est le temps de l'organisation des propositions et idées de la phase d'ouverture. Le leader laisse une autonomie de méthode, mais contraint avec des règles de faisabilité. Cela peut être une contrainte de budget, de planning, de règlement ou encore de priorité stratégique. La fermeture est caractérisée par l'imposition. Les idées structurées sont transformées pour celles qui sont jugées les plus pertinentes en décisions devant faire l'objet d'une mise en œuvre. Les moyens et les résultats sont donnés de manière contrainte. Ces trois postures que l'on appelle parfois la trilogie dur, mou, flou, permettent à la fois de mobiliser le collectif et d'accélérer le mouvement et les réalisations de ce même collectif. La difficulté est pour le leader de déterminer la bonne posture en fonction des contextes. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]