Dans tous les problèmes que j'ai traités dans les MOOCs successifs que j'ai pu prononcer, on retrouve un fil directeur qui est celui de la connaissance ou de la pensée complexe. C'est-à-dire, à travers tous les exemples que nous avons parcourus, on a vu qu'il s'agit toujours à la fois de lier et en même temps de distinguer. D'ailleurs, vous savez, qu'est ce que c'est penser? C'est un circuit permanent d'analyse et de synthèse. L'analyse nous permet de séparer un ensemble d'éléments qui le constituent, mais si vous restez dans l'analyse, vous perdez le sens du tout, il faut alors faire la synthèse. Mais, si vous n'avez pas fait l'analyse, si vous n'avez pas fait la connaissance des éléments, vous ne pouvez pas faire une bonne synthèse. Donc vous êtes toujours amenés dans ce circuit: analyse, synthèse. Vous savez, notre cerveau, de chacun, sépare et relie. C'est cela que fait d'ailleurs un ordinateur, un ordinateur sépare et puis relie, d'une façon tout à fait différente que le cerveau. Mais sachez que chacun des 50 milliards de cellules, de neurones qu'a notre cerveau, chacun est en relation avec 10 000 partenaires qui sont 10 000 autres neurones. Vous voyez donc la complexité de ce travail et donc si vous voulez, le rôle de la relation est absolument fondamental pour qu'il t ait la moindre connaissance, pour qu'il y ait la moindre opération intellectuelle. Il est évident que relationner, relier, est une tâche fondamentale. Si j'insiste là dessus, c'est parce que la faculté de relier est sous développée dans d'autres façons de connaitre, parce que notre éducation nous a amené à séparer des choses qui sont ensemble dans la vie mais en disciplines tout à fait isolées les unes des autres. Alors nous avons sous-développé notre capacité à relier et nous avons sur-développé notre capacité à séparer. Donc, souvent c'est instinctivement que nous faisons la première opération qui relie, je dirais d'ailleurs de reliance, d'ailleurs c'est un mot relativement nouveau qui n'existait pas dans la langue, preuve à quel point il y avait un manque dans notre langue. Donc, la reliance est quelque chose qui fonctionne souvent très spontanément quand nous contextualisons. Je vous ai répété, je vous ai dit qu'effectivement, spontanément, naturellement, les bons journalistes, quand ils annoncent une information, ils essaient de comprendre pourquoi et comment, surtout quand c'est une belle information. Plus grande est l'information, plus grande est la surprise. Exemple: Bien que ce soit prévisible, les observateurs ne l'avait pas prévu et le Front National obtient 26 % aux élections européennes. Aussitôt, les bons journalistes essaient d'expliquer pourquoi. Pourquoi? Parce que les partis n'ont pas fait leur affaire, parce qu'ils n'ont pas bien répondu, parce que la crise est là. Donc, il faut contextualiser, effectivement, l'effort de contextualisation est complexe. Ce n'est pas pour une seule raison que le Front National paie cette étape victorieuse. C'est qu'il y a eu un ensemble conjoncturel dans lequel entretient la crise économique mais aussi une crise de civilisations, ainsi qu'un crise des partis, une crise politique. Donc voici le problème de la connaissance complexe. Quand on est cultivé, c'est-à-dire qu'on tenait un peu des connaissances dans des domaines multiples. Pascal disait, mieux vaut savoir un petit peu de toute chose que toute chose sur presque rien. Il avait raison parce que quand on a des connaissances multiples, on peut mieux trouver des éléments de réponse à certaines questions. Ça m'est arrivé à moi assez souvent, de pouvoir traiter un problème parce que j'avais une culture qui me permettait de relier des éléments qui se retrouvaient séparés les uns des autres. Il est certain aussi qu'aujourd'hui il est très important de relier la culture scientifique et la culture des humanités parce que vous trouvez des acquis et des connaissances scientifiques beaucoup d'éléments de réponse à des problèmes humains qui se posent à vous, comme par exemple, le problème écologique comme le problème de notre organisme, comme ce problème dont j'ai parlé (des cellules souches) et cetera. Donc, nous avons réalisé laquelle réalité est à la fois séparable et inséparable. Je suis un individu, je suis séparé des autres, même de mes personnes les plus proches. Je suis moi et elle est elle. Il se trouve qu'en même temps je suis totalement non séparé de la société. Si vous me regardez, vous me voyez en individu séparé, mais si vous me mettez dans la société à laquelle je suis, je fais partie de ces 60 millions d'individus et nous sommes chacun un élément, un atome dans cette société. Je ne suis pas séparable de la société, je vous l'ai dit tout à l'heure, la société est en moi dans sa culture, dans son langage, de même que je ne suis pas séparable de mon espèce bien que je sois totalement séparé en tant qu'individu. Autrement dit, la séparabilité et l'inséparabilité vont ensemble. C'est peut être ça la complexité car quand vous êtes dans une pensée normale, de la logique la plus élémentaire, vous dites quand même ce qui est séparable n'est pas inséparable et ce qui inséparable ne l'est pas. Vous le constatez comme ça, c'est ce qu'avait constaté pour la microphysique Niels Bohr en disant effectivement que la particule est à la fois une onde, et en même temps c'est un corpuscule. On ne peut pas séparer les deux notions et pourtant elles sont séparées. Donc, complexus je le répète, ce qui est ici ensemble, pour restituer toujours le tissu commun, il faut savoir toujours relier et ce que j'ai voulu enseigner, c'est qu'il y a des instruments meilleurs pour relier comme cette boucle rétroactive qu'a réussi à mettre en évidence Norbert Wiener avec ce qu'il disait, des circuits qui permettent de comprendre l'autonomie, et de ce que j'ai appelé la boucles autoproductive récursive, où les produits sont nécessaires pour que les reproducteurs, il y a ce que j'ai appelé la dialogique. Tous ces instruments, parce que nous vivons une époque où il y a un excès de séparation et vous savez ce que veut le mot Diable. Diabolus, c'est l'esprit qui sépare. Séparation est diabolique. Il faut donc que certainement de la séparation, mais il faut qu'il y a un monde où il y a la relation de ce qui est séparé. Dans le fond, quand on regarde l'univers, quand on regarde la vie, nous voyons que tout ceci nécessite cette vision complexe. Je dirais, vous me diriez plutôt que la complexité n'est pas simple. Au départ ce n'est pas simple, mais vous pouvez l'exprimer assez simplement de façon claire. Vous pouvez distinguer parce que la complexité n'est pas la confusion, c'est toujours de la distinction, dans la reliance. Vous pouvez donc intégrer la clarté, la précision dans la complexité. Je reprends une formule dans un autre sens, la complexité est l'union de la simplicité et de la complexité parce que nous utilisons tous les procédés de la pensée qui simplifie, c'est-à-dire qui regarde les éléments séparés, mais nous les relions. Voilà donc ce qu'est la connaissance complexe.