[MUSIQUE] [MUSIQUE] Alors dans ce contexte particulièrement effervescent de l'entreprenariat social et du financement des innovations sociales portées par la société civile, nous pouvons nous demander quels sont les défis rencontrés par les acteurs de cette dynamique sur le terrains, et les conseils qui nous sont ici livrés. Alors nous pouvons reprendre les différents éléments notamment mis en exergue par notre expert fil rouge Jérôme Schatzman. Tout d'abord, les niveaux de développement très différents, d'une zone à une autre dans ces pays. Ensuite, les trajets, toujours longs, liés à des distances importantes, et des infrastructures de transports peu performantes. Plus largement, un manque d'infrastructure dans ces pays qui est souvent handicapant pour les acteurs dans l'économie au delà des populations. Des difficultés de communication fortes, notamment en ce qui concerne les accès Internet, parfois inexistants, aléatoires, ou peu performants, et enfin des lourdes barrières et un coût, en terme de temps, d'énergie et d'argent non négligeable liées aux enjeux administratifs. Par exemple des taxes différentes d'un Etat à un autre, des tâches compliquées si l'on veut être acteur de l'économie formelle. Face à ces enjeux, nous pouvons relever, pour les entrepreneurs, quelques conseils clés que l'on a pu recueillir de la bouche de nos témoins. Alors Lisa Barutel témoigne ainsi de l'opportunité de bénéficier d'incubateurs et de pépinières qui offre une change aux entrepreneurs sociaux d'être accompagnés pour renforcer leurs capacités, monter des projets solides et beaucoup plus ambitieux, et ceci grâce à la force du collectif et des efforts de chacun. Ceci est d'autant plus clé dans un univers où comme le rappelle Jérôme, il est nécessaire de se positionner de façon ambitieuse et de peser suffisamment lourd pour être remarqué et soutenu demain, dans ce foisonnement et ce mouvement d'idées. Enfin la réussite et le changement d'échelle des projets d'entreprenariat social passe aussi sans aucun doute par la mobilisation des personnes aux compétences précieuses et clés qui cataliseront le développement. Ce défi est de taille dans les pays en développement. Il s'agit à tout prix de réussir à l'anticiper, car c'est un facteur clé de succès indispensable. Dans le contexte que nous venons de décrire, posons-nous maintenant la question de la promesse que constitue le développement de l'impact investing mais aussi son rôle et ses défis aujourd'hui dans ces régions en fort développement. Il s'agit de commencer par souligner que le champ de l'impact investing n'est pas encore très clairement posé, comme le souligne notre expert de Proparco. Ce dernier s'aventure cependant dans une première définition propre à l'impact investing au Sud. Il s'agit selon Denis d'investissements, un, qui ont un impact positif sur les personnes et, ou l'environnement. Deux, qui ont lieux dans des entreprises pérennes et rentables. Trois, qui font l'objet de mesure de l'impact proactive en amont, pendant, et après l'investissement par exemple autour de l'emploi créé, les émissions de gaz à effet de serre évitées, les crédits délivrés aux personnes non bancarisables, et finalement, quatre, qui possèdent un caractère intentionnel lorsqu'il s'agit du premier critère. Des acteurs comme investisseurs et partenaires, ou encore phitrusts, ont eu des démarches audacieuses, exemplaires, et pionnières en la matière. Cependant, nos interlocuteurs soulignent aussi les enjeux suivant qui sont autant de leviers déterminants dans le développement futur de l'entreprenariat social et de l'impact investing au Sud. Tout d'abord, la définition de ce champ d'investissement qui doit se structurer pour fixer un cadre, et pourquoi pas une norme permettant de définir clairement les caractéristiques de ses acteurs et de ses contours. En effet, aujourd'hui nous avons encore du mal à nous repérer, comme nous témoigne Olivier de Guerre, entre des acteurs dits finance first, qui réussiront à obtenir des TRI de 20 % sur des projets à potentiel fort de développement, dans ce contexte de croissance, et des acteurs impact first, qui viseront des projets capables de servir les populations les plus vulnérables, comme par exemple dans l'accès aux soins, la nutrition équilibrée, et ceci en sacrifiant leur rentabilité et en visant des taux de 5 %. Pour faciliter l'identification des acteurs et accroître leur financement, il est ainsi clé de pouvoir bien identifier et comprendre leurs ambitions. Deux, dans la même veine, il est rappelé le besoin de cadres légaux et de mécanismes de garanties permettant aux investisseurs de prendre des risques plus important dans ces pays au contexte parfois instable, pour financer des projets prometteurs et innovants, dont le besoin de temps est criant avant de faire leurs preuves. Finalement tous nos acteurs s'accordent pour souligner qu'au-delà du financement, la clé du développement de l'entreprenariat social en Afrique est inévitablement l'accompagnement des projets des entrepreneurs, en lien avec les acteurs de terrain qui sont compétents et connaissent les reliefs des fonctionnements locaux. Ainsi Olivier de Guerre mobilise des chefs d'entreprise locaux pour assurer l'accompagnement. Investisseurs et partenaires, de son côté, mobilisent des expert de l'Afrique et des gens comme BNP Paribas ont fait le choix de ne pas développer leurs propres institutions de microfinance. mais bien de renforcer les acteurs existants, pour capitaliser sur l'infrastructure d'accompagnement et douanes sur place. Pour finir, chacun est confronté au défi de la mesure de son impact social et de son pilotage, au delà des indicateur de pérennité, des marches essentielles pour rendre à tous de l'ambition de sa démarche en tant qu'investisseur, et pour mobiliser des fonds utiles à cette fin issus de fondations, d'investisseurs privés, de bailleurs, de family office qui sont toujours plus exigeants. Pour conclure, si nous prenons du recul, à travers les témoignages entendus, nous voyons se dessiner un écosystème des acteurs en cours de structuration qui jouent chacun un rôle complémentaire et clé sur la chaîne des besoins liés au développement solide de l'entreprenariat et de l'entreprenariat social dans les pays du Sud et notamment en Afrique. On peut ainsi souligner le rôle d'un financeur, comme Phitrust, qui investit dans des projets structurants pour l'écosystème, entrepreneur du monde, pour accompagner les micro entrepreneurs en herbe, Tagatitude, pour mobiliser les fonds des migrants, investisseurs et partenaires pour déployer le capital risque en Afrique par exemple. Le développement des structures d'accompagnement, comme les incubateurs, ou encore les acteurs de la micro-finance mais aussi les réseaux comme Agrisud qui font un travail d'ampleur et remarquable depuis de longues années. À ce titre, ces acteurs ont plus que jamais besoin de fonds non remboursables pour ces démarches de financement de l'amorçage de populations trop modestes, d'où la nécessaire subsistance des fonds de développement tels que ceux de l'AFD auxquels les fonds d'impact investing ne se substituent pas.