[MUSIQUE] [MUSIQUE] Nos témoins et experts ont fortement mis en évidence le rôle stratégique croissant de la philanthropie dans le développement de l'impact investing. Alors qu'aujourd'hui encore trop de fondations et philanthropes sont dans une logique ce coup de cœur ou de one shot pour reprendre l'expression de François Debiesse, l'avenir est à la créativité du côté des philanthropes, pour investir et accompagner dans la durée des modèles d'entreprises socailes les plus remarquables. Les pratiques vertueuses du capital risque se répandent ainsi dans cet univers dit de la venture philanthropy, qui ne s'interdit rien pour multiplier son impact et être à la pointe de l'innovation en inventant les modèles de demain dans l'impact investing. L'exemple d'Acumen Fund est ainsi inédit. En mobilisant l'argent de philanthrope pour investir dans des projets et le recycler en rendant compte finement de l'impact social généré. Alors que l'impact investing est la préoccupation numéro un des philanthropes américains, comme le souligne Arthur Gautier, cette prise de conscience est à l'œuvre en France aussi, et des acteurs comme la fondation Caritas en font la preuve. Au delà des fonds diffusés aux porteurs de projet, ces derniers bénéficient d'un accompagnement. Par ailleurs, la fondation héberge et accompagne de nombreux philanthropes familiaux en fort développement aujourd'hui pour maximiser leur impact, et l'avenir est même dans cette fondation à l'investissement, en utilisant le capital de la fondation pour nourrir des impact investeurs comme Phitrust ou même investir directement dans des projets dans la logique du Mission Related Investment ou Program Related Investment, souligné par Arthur Gautier. Au delà on observe que des fondations d'entreprise veulent aller plus loin en intégrant l'impact investing comme une voie pour développer les business modèles de demain dans leur secteur, et ainsi en retrouvant une forme de cohérence en alignant leur objet social et leur politique d'investissement. Ainsi des entreprises développent des fonds d'impact investing comme Danone ou encore EDF. Enfin, ce module nous introduit aussi à la biodiversité au sein même de ces nouveaux fonds d'impact investing en développement ces dernières années. Ils sont encore peu nombreux, on peut les compter sur les doigts de deux mains. Mais cependant, ils vont croître fortement, c'est la conviction d'Olivier de Guerre qui souligne notamment à ce titre l'engagement emblématique dans cet élan d'acteurs majeurs comme AXA, qui a créé un fond de fonds de 200 millions d'euros au service de l'impact investing, ou encore d'Aviva qui a investit 20 millions d'euros récemment dans l'impact investing. Olivier de Guerre propose ainsi de différencier les fonds dit Finance First de ceux qui sont Impact First, car leur logique d'investissement et de fonctionnement sont différentes et complémentaires. Alors que Phitrust, Investir&+, Comptoir de l'Innovation vont avant tout accompagner les modèles d'entreprises sociales à plus haut potentiel de développement de leur impact social, dans une logique Impact First, avec une rentabilité parfois plus faible et un risque d'innovation plus fort, Citizen Capital va choisir de son côté, comme le rappelle Laurence Méhaignerie, sa fondatrice, des PME en forte croissance, portées par des entrepreneurs issus de milieux modestes et aux parcours moins conventionneles ou dans des PME qui intrinsèquement par leur secteur ont un impact sociétal qu'ils vont essayer de catalyser et d'amplifier en les incitant à être toujours plus dans des dynamiques de RSE. Pour finir ce tour d'horizon issus des témoignages, Hugues Sibille souligne le développement fort du crowdfunding et plus largement les circuits courts de financement entre investisseurs individuels d'un côté, et entrepreneurs sociaux de l'autre, au coeur même des territoires. Les fermes de Figeac ont ainsi réussi à lever plus de 3 millions d'euros issus de citoyens habitants leur région, au service de projets de territoire autour des énergies renouvelables. Dans le prochain module nous approfondirons l'analyse de cet écosystème, ses manques, ses perspectives de développement en cours. Pour conclure, il est intéressant de rappeler les quelques conseils que nous avons entendu pour se repérer, anticiper une levée de fond dans l'impact investing, et être le plus efficace en la matière. Avant tout, il s'agit d'être clair pour un porteur de projet sur ses ambitions de développement et sur ses besoins de financement. Besoin d'investissement, de BFR, pertes, il s'agit de ne pas sous estimer ses besoins. Ensuite, il faut aussi bien comprendre les propositions, les modes de fonctionnement et attentes de chaque financeur dans l'impact investing. Au delà des critères d'éligibilité de chaque financeur, lieu d'action, type de secteur, stade de développement, et les critères d'évaluation commun, viabilité économique, utilité sociale, gouvernance adéquate, les cultures et les réflexes de chacun vont être différents. Recherche d'ambitions pour un investisseur, sécurisation de placement maximale pour un banquier par exemple. Il est essentiel de sentir qu'on partage une vision commune, des valeurs et un moteur partagé du développement avec ses financeurs, comme le rappelle Jérôme Schatzman. Bien comprendre les ressorts de chaque acteur permet ainsi de cibler ses futurs partenaires et de rester cohérent tout en adaptant son discours à chaque financeur. Enfin, l'ordre compte et il est souvent clé, de trouver les premiers financeurs qui voudront sauter dans la piscine et entraîner les autres. Des acteurs comme France Active ou encore Garig peuvent jouer souvent un tel rôle. Pour finir, nos nombreux témoins soulignent la nécessaire coopération à approfondir toujours plus entre acteurs de l'impact investing demain. L'avenir passera par le collectif et par un travail ensemble autour d'enjeux sociaux clé, afin d'unir les forces de chacun et investir intelligemment comme le rappelle ainsi François Debiesse.