[MUSIQUE] [MUSIQUE] À l'écoute de l'ensemble de ces témoignages, nous mesurons la richesse de l'écosystème des acteurs qui prennent part au mouvement de l'impact investing en France. Comme le rappelle Olivier de Guerre, l'impact investing est non seulement un mouvement de fond au cœur de la finance en France, représentant d'ores et déjà plus d'un milliard d'euros environ mais aussi dans les autres pays européens. Avec en tête le Royaume-Uni, qui a été particulièrement pionnier en la matière avec Big Society, nous en reparlerons, mais aussi l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la Hollande, la Belgique. Globalement, même si l'impact investing reste un marché de niche aujourd'hui, les besoins sont croissants et les capitaux dédiés se développent fortement. Ainsi, en France, le paysage des financeurs qui s'engagent dans l'impact investing connait un dynamisme très fort, avec des acteurs historiques, en évolution mais aussi des nouveaux acteurs qui entrent dans le jeu. Comme vous l'avez entendu dans le témoignage de Jérôme Schatzman, un entrepreneur social peut faire appel à la fois aux dispositif et financeur de droit commun dans l'économie : les banques, les dispositifs publics, le réseau entreprendre, auquel se rajoute des financeurs solidaires dédiés, et à l'intérieur de cette grande famille, des nouveaux acteurs de l'impact investing. La palette est donc large, et la recherche de fonds peut vite s'apparenter à un parcours du combattant dans ce maquis des financeurs. Se repérer, connaître ses besoins, et cerner les attentes et propositions des différents financeurs est donc essentiel, comme le rappelle Jérôme. Mais en contrepartie, il nous partage sa conviction optimiste issue de sa riche expérience multi-entreprenariale. Il existe aujourd'hui de l'argent pour les bons projets qui veulent changer le monde. Pour prendre du recul, nous vous proposons ainsi de dresser tout d'abord un panorama des différents acteurs qui constituent le paysage de l'impact investing en France, à partir des témoignages que vous venez d'entendre, et ensuite de résumer les quelques conseils livrés par nos témoins pour se repérer dans l'écosystème et viser au plus juste. Alors qu'en est-il du panorama des acteurs? Tout d'abord, nous avons entendu l'importance du rôle des acteurs publics. Rôle structurant et moteur dans la constitution de cet écosystème. Au niveau européen, Olivier de Guerre souligne l'élan actuel de création de fonds sous le label Fonds Européen d'entreprenariat social, à la suite du Social Business Act. Cette reconnaissance et cette identification des acteurs de l'impact investing par Bruxelles va jouer un rôle clé dans leur changement d'échelle et leur capacité à attirer des investisseurs de toute l'Europe. En France, les acteurs publics sont toujours les premiers partenaires des entreprises sociales et solidaires. Et notamment les collectivités locales, il faut le rappeler. Mais leur rôle et modalité d'intervention sont en pleine mutation face à la diminution de leur ressources. Plus que jamais, il est nécessaire pour elles de catalyser le développement d'entreprises sociales fortes, capables de répondre à des enjeux majeurs à grande échelle. C'est ainsi notamment comme le soulignent Guillaume Mortelier et Patricia Jeanjean que BPI France s'est vu assigner un rôle dans le développement de l'impact investing en France. A travers l'investissement dans des fonds existants, comme Citizen Capital ou Phitrust, la création de fonds d'impact investing en région, les fonds d'innovation social, le développement de prêts dédiés à l'ESS, et l'accélération du crowdfunding par une plate-forme de mise en valeur des acteurs, la plate-forme tousnosprojets.fr Ensuite, nous avons entendu la voix des banques, le prêt restant la modalité de soutien financier des entreprises sociales et solidaires la plus répandue aujourd'hui. A travers le témoignage d'Hugues Sibille, qui souligne la place des banques coopératives dans l'univers de l'impact investing, par leur connaissance et leur compréhension plus fine des modèles économiques, et des organisations dans l'ESS, grâce à une relation de proximité de longue date avec des fédérations et acteurs clés de ce secteur. Emmanuel de Lutzel et François Debiesse témoignent eux de l'arrivée de nouveaux acteurs bancaires dans la danse. Des banques commerciales, comme BNP Paribas, qui souhaitent investir plus fortement ce marché, comme nous l'avons vu dans le module précédent avec, au-delà des financements des institutions de micro-finance, la volonté de multiplier les prêts aux entreprises sociales et solidaires en formant leurs équipes à ce sujet pour qu'elles excluent moins ces modèles différents en les comprenant. Mais aussi via l'épargne des clients et l'épargne salariale solidaire gérée par la banque qui investit dans des entreprises sociales sous forme d'avance remboursable avantageux. Et enfin, via des investissements à travers la banque privée, comme présenté par François Debiesse. Des investissements souvents indirects qui sont dans des fonds, comme celui de Phitrust. Malgré cette forte volonté exprimée par les acteurs bancaires, Jérôme Schatzman souligne pour nuancer, comme beaucoup d'entrepreneurs sociaux la frilosité des acteurs bancaires qui placent encore aujourd'hui la majorité de leur fonds dans des très grosses structures robustes de l'ESS, moins risquées à leurs yeux. Pour palier et limiter ce phénomène, des financeurs solidaires de la première heure se sont développés comme FranceActive, que cite Olivier de Guerre, dont la société d'investissement est un des plus gros acteurs d'impact investing en France. 100 millions d'euros investis. Mais aussi l'IDES créé il y a plus de 30 ans par le crédit coopératif. Dont Hugues Sibille explique le changement d'échelle actuelle avec la création d'un fond de 75 millions d'euros. Il faut un impact coopératif pour effectivement faire changer d'échelle les plus grandes entreprises sociales en France. Un acteur comme FranceActive travaille en proximité avec des banques pour faire effet de levier, les entraîner dans les tours de table, comme évoqué dans le module précédent.