[MUSIQUE] [MUSIQUE] Ces différents témoignages nous ont permis de voyager et de nous plonger dans les contours et enjeux du développement de l'entreprenariat social et de l'impact investing dans les pays dits du Sud. Pour prendre du recul et dégager quelques idées forces chères à nos interlocuteurs, je vous propose que nous résumions ensemble ce que nous pouvons retenir de ce module autour des trois thématiques suivantes : les caractéristiques du contexte actuel des pays du Sud en matière de développement de l'entreprenariat social et d'impact investing, les enjeux du développement de l'entreprenariat et de l'entreprenariat social dans ces pays, et enfin la réponse qu'offre aujourd'hui l'impact investing, mais aussi les défis auxquels il se confronte dans ces pays. Tout d'abord, le contexte actuel des pays du Sud en matière de développement de l'entreprenariat social et de l'impact investing. Comme le rappellent les témoins et experts interrogés, les pays en développement font face à de très nombreux défis, économiques, sociaux et environnementaux. Et ceci à grande échelle. Dans un monde interconnecté, la pauvreté et les enjeux que ces personnes rencontrent en Afrique, au Brésil, en Inde ou en Chine, nous concernent directement, et leur résolution est aussi de notre responsabilité. C'est la conviction notamment d'Olivier de Guerre, notre fil rouge, qui souligne combien l'exil de nombreux africains vers l'Eldorado européen est plus que jamais un enjeu actuel qui rappelle à chacun notre nécessité d'agir, pour favoriser le développement d'un cadre de vie favorable dans les pays d'origine de ces personnes qui fuient une insupportable pauvreté. C'est aussi avec cette même responsabilité que certaines grandes entreprises comme l'Occitane depuis ces 30 dernières années, ont essayé de développer une approche de coopération économique et commerciale avec ces pays, dont l'ambition est le développement à long terme des personnes concernées, en l'occurrence ici les femmes qui cultivent et produisent le karité au Burkina Faso. Dans ce contexte, l'entreprenariat est depuis longtemps identifié comme une des voies permettant aux personnes de sortir de la pauvreté, lorsque l'économie ne leur offre pas de place et que la seule issue est de se lacréer. C'est ainsi que nos témoins rappellent à tous : un, le rôle clé joué par la microfinance, comme levier pour accompagner et financer le lancement de microentrepreneurs de tous parcours. C'est ce qui justifie l'engagement de longue date de BNP Paribas qui finance ces institutions telles qu'entrepreneurs du monde par exemple. Deux, parmi ces institutions, on peut noter aussi le rôle d'OMG qui s'intéressent tout particulièrement au développement de l'entreprenariat dans un secteur clé tel que l'agriculture. C'est le rôle d'Agrisud, depuis une trentaine d'années. Trois, au-delà, nos interlocuteurs et notamment Jérôme Schatzman, Pierre Carpentier et Olivier de Guerre constatent par leur action de terrain au quotidien, dans certains pays en développement, l'immense dynamisme entreprenarial actuel de la jeunesse qui grouille d'idées et d'envie de s'engager. L'entreprenariat et l'entreprenariat social plus particulièrement sont donc en très fort développement actuellement dans ces pays, et il est décisif de le soutenir, comme le rappelle ainsi Pierre Carpentier. Si nous regardons maintenant le contexte du côté des acteurs du financement de l'économie dans ces pays, nous retenons des discours entendus les éléments suivants : les agences publiques de développement telles que l'AFD ou encore l'agence iii ICCO, citées par Jérôme Schatzman, ont joué et continuent à jouer un rôle essentiel dans le financement des initiatives entreprenariales et le financement des grands projets dans l'économie de ces pays. Olivier de Guerre souligne ainsi le travail remarquable mené par l'AFD ces 30 dernières années pour constituer le cadre d'investissement offert aujourd'hui aux acteurs privés qui s'intéressent à l'Afrique, par exemple. Le changement actuel est celui d'un glissement permettant depuis une dizaine d'année d'identifier aux côtés de ces acteurs publics essentiels du développement le rôle complémentaire et grandissant des financeurs privés, sortant ainsi du champ du politique le financement, comme le souligne à nouveau Olivier de Guerre. Ainsi, du dire de nos témoins et experts, nous assistons à une multiplication des financements privés nouveaux en direction des pays en développement, pour contribuer à résoudre les enjeux sociaux et environnementaux majeurs. La philanthropie, quoi que s'inscrivant dans des contextes culturels différents selon les pays, est ainsi en forte croissance, en lien direct avec l'apparition d'entrepreneurs et de dirigeants très fortunés dans ces économies, nous rappelle notamment François Debiesse. Au-delà des fondations, des fonds d'investissements se développent. À l'image d'Investisseurs & Partenaires, acteur pionnier en la matière, mais aussi de nombreux fonds, qui cherchent à investir dans des projets rendant accessibles des biens et des services essentiels aux populations les plus exclues, projets dits BOP, avec des ambitions plus ou moins importantes de recherche d'impact social. Dans ce cadre, l'AFD même cherche ainsi à soutenir le développement de ces investissements à impact social souvent complémentaires à ses interventions, car touchant des projets plus petits, pour des sommes moins importantes, à travers des garanties et du financement du fonds d'impact investing comme le rappelle Denis Sigérol. [AUDIO_VIDE]