[MUSIQUE] [MUSIQUE] Ceux qui s'intéressent, disons avec un peu de hauteur de vue, aux questions de la philanthropie et aux évolutions nécessaires de la finance, ont pris conscience que l'enjeu véritable à moyen terme, le plus important financièrement de ces enjeux, eh bien c'était au niveau de l'investissement qu'il se situait. Si on regarde très très globalement les chiffres, la philanthropie c'est quelques 500 milliards de dollars par an, dans le monde. Bon, ce qui est un chiffre considérable si on le rapporte au PIB de la plupart des pays disons en tous cas du sud. Bon, c'est déjà un chiffre considérable, mais si on le compare au montant de l'investissement, de l'asset management, globalement, dans le monde, eh bien, évidemment c'est sans commune mesure. Et on voit bien que les enjeux pour l'avenir, pour le financement de l'intérêt général, eh bien, c'est de faire en sorte qu'une partie de plus en plus importante de cette asset management, de cette gestion d'actifs, donc de la gestion de l'épargne de tous les gens qui ont un peu ou beaucoup d'épargne dans le monde, puisse aller vers le financement de l'intérêt général. Et donc, progressivement, sous, disons la poussée, d'entités qui étaient plus particulièrement sensibles à ces sujets là, bon on peut citer Finansol en France par exemple, eh bien les financiers ont commencé à réfléchir à la meilleure façon, progressivement, d'amorcer un mouvement de la gestion d'actifs, de l'asset management, vers un investissement plus solidaire, c'est l'expression qui a été retenue, donc capable d'aller, d'intégrer plus spécifiquement, des considérations d'intérêt sociétal, et d'impact, de l'investissement, sur la société. Je pense que le système libéral dans lequel nous vivons est le seul système viable, pour une raison très simple : c'est le seul système qui soit créateur de richesses, et on en a eu de multiples exemples par ailleurs, que les autres systèmes ne sont pas capables de créer de la richesse et font faillite progressivement les uns après les autres. Donc le système libéral est le seul viable pour ça, mais ce système libéral, il est confronté à des dangers majeurs et il finira par exploser, ou par imploser, s'il n'est pas capable d'aller, de s'amender et d'aller vers une meilleure répartition, un meilleur partage de la richesse qu'il a été capable de créer. Donc le véritable enjeu, de société, eh bien il se situe à ce niveau-là, précisément, et l'évolution de l'investissement de la gestion d'actifs, vers une prise en compte plus importante de ces facteurs sociaux ou sociétaux, eh bien est quelque chose d'absolument majeur. Bon, la France de ce côté-là a fait des choses intéressantes, je sais aussi que vous avez eu des informations sur les fonds 90/10, bon ben voilà ça c'est une spécificité française, qui montre bien que il y a une prise de conscience, de plus en plus importante, du levier que peut représenter ce secteur de l'investissement financier, en matière de changement et de progrès social. Sur ce qui concerne l'entreprenariat social, je pense que l'État a démontré à différentes reprises que il se souciait de ces sujet-là, qu'il essayait de mettre sa patte, d'accompagner, bon, d'encadrer un peu aussi, c'est, on est France, donc, cette tentation, elle est permanente. On est aujourd'hui un peu au milieu du gué, la loi Hamon a bien été publiée mais disons que, elle manque cruellement de décrets d'application aujourd'hui, et donc il faut aller au bout de ce processus pour arriver à mieux valoriser, mieux mettre en avant, mieux faire comprendre ce qu'est l'entreprise sociale, de façon à aller encore un peu plus loin dans la remise en cause de ce clivage que j'évoquais tout à l'heure, entre l'investissement et la donation, entre la rentabilité et l'impact social, je crois qu'il est fondamental de faire comprendre, à tous : les chefs d'entreprise, les collaborateurs de ces entreprises, les investisseurs dans ces entreprises, les épargnants, eh bien que l'avenir c'est ça, c'est la prise en compte du levier que représente cet entreprenariat social, de ce facteur de changement, de ce facteur de progrès, et que c'est en combinant les efforts, et les ressources, eh bien qu'on arrivera à faire bouger progressivement les choses. Et l'impact investing de ce côté-là, eh bien il est certainement un de ces leviers les plus importants pour l'avenir. Je pense que ça mettra du temps. Quand on voit aujourd'hui le temps qu'ont mis de très grandes entreprises avec de très grands moyens, à créer des fonds solidaires, Danone, Schneider, etc., bon, ça leur a pris beaucoup de temps, ça a été des accouchements qui ont été pénibles, qui ont démarré progressivement. Bon, on voit que maintenant les volumes commencent à être significatifs. Je pense que sur l'impact investing on aura exactement le même type de développement. Il y a beaucoup de pédagogie à faire, c'est plus compliqué à expliquer pour le commun des mortels que la philanthropie, par exemple, que le don, bon ça c'est facile assez à comprendre, là c'est plus compliqué. C'est plus compliqué parce que justement, autant la notion de donation, elle est inscrite dans notre culture judéo-chrétienne depuis très longtemps, autant cette notion d'investissement qui accepte de revoir à la baisse ses espérances de rentabilité pour faire jouer des leviers sociaux, ça c'est plus complexe. Je pense que tous les stakeholders de ce sujet ont un travail à faire d'appropriation, et je pense que les intermédiaires que nous sommes, donc les banques, le monde financier, les grands cabinets comptables, tous ceux qui sont partie prenante, bien sûr les universitaires, les médias, ont un rôle à jouer pour mieux faire comprendre ce que peut être cet impact investing, comment il peut être un facteur de progrès.