[MUSIQUE] [MUSIQUE] Donc, un des enjeux de l'avenir, eh bien, c'est de créer la passerelle, donc d'aller au-dessus du Chinese wall, avec investissement d'un côté, don de l'autre, de créer du lien entre les deux. Et ça, c'est parfaitement possible et il y a aujourd'hui de grands philanthropes qui ont pris conscience de ça et qui se sont engagés dans cette direction-là. Alors, je vais citer un exemple qui est l'exemple de ceux qui l'an dernier ont été les gagnants du prix BNP PARIBAS de la philanthropie individuelle. C'est un couple de californiens, enfin bon, lui est d'origine autrichienne, elle est californienne. Ils s'appellent Lisa et Charly Kleissner, ils ont fait fortune en Californie, dans la Silicon Valley, ils ont fait fortune de la façon que j'évoquais tout à l'heure, c'est-à-dire en vendant un jour leur boîte et en se trouvant donc devant une somme d'argent tout à fait considérable. Ils ont coutume de dire, nous étions riches auparavant, nous étions à l'aise auparavant, nous sommes devenus riches le jour où nous avons vendu notre entreprise. Et ces gens-là ont eu une démarche extrêmement intéressante parce qu'ils avaient toujours été donateurs. Donc ils faisaient, ils étaient philanthropes, voilà, ils donnaient. Ce n'était pas des sommes colossales parce que ça correspondait à leur niveau financier de l'époque mais ils étaient donateurs donc ils avaient depuis toujours cette volonté d'engagement au service de la société. Et puis le jour où ils se sont trouvés en face de cette somme d'argent considérable, là ils ont mené une réflexion de fond et ils ont envisagé évidemment de donner un multiple à leur philanthropie et de devenir de très grands philanthropes. Et puis, cette démarche ne les a pas satisfaits intellectuellement et ils se sont dits mais dans le fond, l'inconvénient de la philanthropie, même si elle est très importante, eh bien c'est qu'elle est, je ne trouve pas d'équivalent français, mais elle est one shot. Donc je donne pour une cause, alors, sur cette cause, ça va avoir un impact peut-être très important sur le moment, ça va gonfler, etc., mais, ça va lui donner des moyens supplémentaires mais, ça sera malgré tout limité, fini, au sens limite dans le temps ou dans l'espace. Alors que on peut espérer atteindre des résultats plus importants, avoir des multiplicateurs plus importants si on met notre argent de philanthrope au service de l'économie sociale et solidaire, de l'entreprenariat social qui va être lui-même et sur longue période puisque quand on crée une entreprise sociale, évidemment c'est pour la durée hein et donc, ça représente un levier qui va s'inscrire dans le temps d'une façon beaucoup plus importante. Et donc, ils ont décidé de créer une fondation qui s'appelle Felicitas et qui a pour objectif eh bien d'apporter des moyens sous différentes formes. Alors, ça peut être des dons, ça peut être des investissements, ça peut être des prêts, à des entrepreneurs sociaux pour leur permettre eh bien de donner du volume, de développer leur activité d'entrepreneurs sociaux et donc avoir au bout du compte un impact social ou sociétal à la fois important et de longue durée inscrit dans l'espace et dans le temps. Et ça, je pense que c'est une évolution absolument majeure qui n'a pas encore véritablement traversé l'Atlantique, il faut bien le dire. Aux Etats-Unis, c'est de plus en plus important et quand on regarde les études qui sont faites, eh bien on voit que ce critère-là, cette orientation vers l'impact investing, elle vient en numéro un des préoccupations des philanthropes. Les pouvoirs publics ont un rôle et continueront à avoir un rôle absolument fondamental. De ce point de vue-là, je crois qu'il faut en finir définitivement avec cette espèce de clivage traditionnel dans notre pays malheureusement entre le public et le privé. Et moi je pense que l'avenir, il passe essentiellement par le collectif, par la mise en cohérence ou même en convergence des différents efforts. Les pouvoirs publics continueront à avoir sur longue période et c'est normal, c'est leur devoir, un rôle sur l'intérêt général, c'est leur devoir de base. Ils ont pris conscience que faute de ressources, eh bien, il allait falloir qu'ils se rapprochent du privé. Et donc, moi je crois que le collectif dans tous ces sujets de l'entreprise sociale, de la philanthropie, du mécénat d'entreprise, eh bien il représente l'avenir. Je pense que la bonne façon de travailler dans l'avenir, eh bien, c'est sur les différents sujets qui nécessitent un engagement et il y en a Dieu sait beaucoup de ces sujets d'intérêt général, eh bien il faut travailler ensemble parce que quand on est ensemble, eh bien on fait plus et on fait mieux et donc je pense qu'il y a là un véritable sens de l'histoire. [AUDIO_VIDE]