[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'appelle Marie-Geneviève Loys Carreiras. Je suis responsable des investissements solidaires de BNP-Paribas Asset Management, société de gestion gérant des fonds solidaires. Avec mon équipe, notre responsabilité c'est de conseiller les gérants pour qu'ils puissent identifier et investir dans des entreprises sociales en France dans concrètement quatre missions : identifier, aller chercher, travailler avec l'écosystème des associations et entreprises en France. Deuxième mission, analyser sur l'impact de la gouvernance et les modèles économiques pour pouvoir proposer des investissements au Comité. Troisième mission, suivre le portefeuille : aujourd'hui plus de 150 millions d'euros auprès de 33 entreprises et associations en France. Et quatrième mission : accompagner ces structures dans leurs stratégies de leur développement. À date, on a collecté auprès de particuliers plus de 2,8 milliards d'euros sur nos fonds solidaires chez BNP-Paribas Asset Management. [MUSIQUE] La définition d'un investissement à impact, elle est facile et très difficile. Elle est facile si on reste à la phrase type qui va dire que l'investissement à impact cherche à avoir de manière intentionnelle un impact social et environnemental positif complémentaire ou supérieur d'une rémunération financière. Mais en fait, elle est très difficile parce qu'on est d'accord sur ça, on peut être d'accord sur les trois piliers, intentionnalité, additionalité, mesurabilité, mais qu'est-ce que ça veut dire en termes de pratique, comment ça se concrétise dans nos métiers d'investisseurs, dans les contraintes que l'on se donne, dans les outils que l'on met en œuvre. Et c'est là où on voit aujourd'hui qu'il y a ces débats parce qu'il y a des différentes de pratiques qui sont pertinentes mais qui peuvent aussi donner de la confusion entre ce que les gens appellent de l'impact. Ce sont des appellations aujourd'hui qu'on retrouve beaucoup, tout le monde parle d'impact, et pourtant, on constate des pratiques très différentes, ce qui donne de la confusion aux investisseurs, où investir, mais aussi aux entrepreneurs, où aller chercher l'argent, quel est l'investisseur qui me ressemble? Pour nous et pour moi, l'investissement à impact doit surtout se définir dans la manière dont on applique ces principes, notamment d'intentionnalité et de mesurabilité, dans notre processus d'investissement à toutes les étapes, comment ça modifie ma stratégie et sa définition, mes outils et mes pratiques pour choisir et accompagner mes investissements et mes sorties. [MUSIQUE] Je pense qu'en tant qu'investisseur à impact, ce qui va venir nous distinguer par rapport à des investisseurs institutionnels ça va être non seulement auprès de qui on investit, les entreprises, les associations que l'on va financer, mais aussi, et c'est ça qui est important, de quelle manière on va investir. Si on prend le premier pilier, auprès de qui on investit, un fonds solidaire de BNP-PAM fait le choix intentionnellement, et ça, c'est important, de choisir des associations et entreprises qui vont vers des publics fragilisés, et qui ont aussi l'intentionnalité, on la partage avec les structures que l'on finance. Et on cherche à les aider à se développer pour accompagner plus de personnes fragilisées et les faire sortir de leurs situations. On a un premier impact qui vient du portefeuille dans lequel on investit. Mais pour nous, ce n'est pas suffisant. Et ce qu'on pense aussi très important en tant qu'investisseurs solidaires chez BNP-Paribas Asset Management c'est comment nous, on intervient en tant qu'investisseurs. Ça va vouloir dire concrètement mes critères de sélection comment je vais analyser et choisir les structures dans lesquelles je finance. J'ai des outils spécifiques que n'a pas un investisseur institutionnel, une grille d'analyse et de mesure d'impact social, une grille de gouvernance qui va être différente, dans certains aspects, d'une grille de gouvernance classique. Par exemple, dans la gouvernance, pour moi, j'ai une question que ne se pose pas un investisseur classiques : Comment la mission sociale est préservée dans le temps? Quelle est la pérennité de la mission sociale grâce à l'organisation de la gouvernance? Une question que ne se posera pas un investisseur classique. Et puis aussi, dans les outils et dans les taux de financement qu'on doit pouvoir proposer aux entreprises et associations, parce que notre modèle économique de fonds 90/10 nous le permet, mais je considère que sur des structures qui vont avoir des modèles économiques pérennes mais parfois moins rentables qu'une entreprise classique, on doit proposer des financements qui vont être adaptés dans les taux proposés, dans la longévité des outils et dans leurs caractéristiques. Dans notre quotidien, pour moi, ça change énormément de choses. Ça change les personnes qu'on rencontre, qui sont des entrepreneurs très inspirants mais aussi qui nous donnent le sentiment de pouvoir allier des convictions personnelles sur des impacts sociaux et environnementaux auxquels on contribuait, et ce que l'on fait dans le cadre de notre travail. Mais plus concrètement, par exemple, ça va changer mes outils. Mon outil de sélection c'est de pouvoir analyser dans un premier temps la mission sociale et la comprendre quand je rencontre une entreprise ou une association. Ça veut dire que très concrètement, le premier entretien que je fais avec un entrepreneur, qui va durer plus de deux heures, va être quasiment exclusivement centré sur comprendre sa mission, pourquoi il fait ça, qu'est-ce qu'il a analysé comme besoin, qu'est-ce qu'il veut mettre en œuvre comme solution. Finalement, je ne vais quasiment pas lui parler de c'est quoi le modèle économique, les revenus, les besoins, parce que ça viendra dans un deuxième temps. Pour nous, l'éligibilité c'est la mission sociale. Ça change déjà ce premier contact et donc notre processus d'investissement. Un autre exemple concret par exemple, c'est de dire « on doit proposer des taux adaptés ». On peut parfois avoir des comportements qui sont contre-intuitifs pour un investisseur. Un exemple récemment sur un tour de table où on s'est présentés au tour de table en disant : « Les taux proposés sont trop chers par rapport à votre modèle économique. Ça présente un risque de peser sur votre structure financière. Il faut qu'on réduise le taux proposé sur l'investissement pour vous consolider d'un point de vue économique. » Un investisseur propose à la structure qui se présente de dire « payons moins cher », je pense que c'est assez atypique et ça nous différencie bien. Si on prend sur les processus internes, par exemple, et sur comment on décide de l'investissement, deux exemples concrets. On a déjà un comité qui est dédié à l'impact en amont at au début du processus d'investissement, ce que n'aura pas un investisseur classique, et qui ne va que statuer sur la cohérence du projet par rapport à notre stratégie. Une deuxième différence ça va être que, pendant le comité d'investissement final, on va avoir des discussions sur des sujets de gouvernance qui sont différentes. On va aussi avoir ces discussions sur la rémunération où on va agir de manière contre-intuitive par rapport à d'autres discussions, notamment en disant : « La rentabilité est faible mais ce n'est pas grave ». L'outil est différent, notre place dans la gouvernance aussi peut être différente. On peut accepter d'avoir une place, par exemple de céder des droits de vote en tant qu'actionnaires, pour en donner plus à une association qui va préserver la mission sociale. Ce type de discussion qu'on va avoir en comité d'investissement qui vraiment s'ancrer dans notre décision, elle va être très différente par rapport à des investisseurs classiques. [MUSIQUE]