[MUSIQUE] [MUSIQUE] Chez BNP Paribas Asset Management, BNP PAM, nous avons une stratégie d'investissement qui va être spécifique pour nos fonds solidaires. On a trois principaux critères d'éligibilité quand on choisit les projets. Un qui, pour moi, est plus caractéristique et commun à tous les fonds solidaires : notre vocation, c'est quoi? Investir dans des associations et entreprises non côtées à fort impact social et, ou, environnemental, donc qui vont avoir une intentionnalité au niveau de ces structures-là, c'est-à-dire, concrètement, à travers leurs statuts et leurs stratégies, la priorité va être de répondre à un besoin social et environnemental, et puis derrière, le modèle économique va venir être un outil au service de ce besoin social et des réponses qu'ils veulent apporter. Ce critère-là, il est partagé par tous les fonds solidaires. Les deux autres critères nous sont peut-être plus spécifiques. On les définit comment? Par notre réflexion : comment on se positionne en complémentarité avec les autres investisseurs, des acteurs historiques, des acteurs institutionnels? Le premier, je pense, définit auprès de qui on veut investir. Nous avons fait le choix d'investir auprès des associations et entreprises qui s'adressent à des publics en situation de fragilité. Ça va vraiment être notre clé d'entrée pour comprendre les projets, et derrière, ils vont pouvoir intervenir sur des problématiques différentes comme l'emploi, le logement, la question de la dépendance, l'éducation, l'isolement social, etc. Donc ce premier critère, c'est qui on veut soutenir, on veut avoir un impact sur les publics fragilisés. Le deuxième critère qui nous est spécifique est plutôt venu de notre positionnement par rapport aux autres investisseurs, et, du coup, de comment on veut les financer. Nous sommes assez convaincus que notre modèle spécifique des fonds 90/10, donc 90 % investis sur les marchés cotés, qui permettent, finalement, à l'épargnant final, d'avoir une rémunération financière, et 5 à 10 % investis dans les associations et entreprises non cotées, nous permettent, justement, sur cette poche solidaire, de prioriser l'impact social avec, du coup, une priorité sur la performance financière moins importante. Concrètement on reste dans de l'investissement, ce n'est pas du don, mais cet investissement n'a pas besoin d'être très rentable. Donc ça nous donne l'opportunité, la chance, de financer des modèles économiques dans l'économie solidaire qui sont viables mais assez peu rentables, et qui, ainsi, ont besoin de financement à bas coût, ce que ne peuvent pas faire tous les fonds à impact. Ça, c'est très important pour nous d'avoir trouvé ce positionnement et de pouvoir offrir ces financements à faible coût. Donc je dirais que c'est un petit peu ces trois critères-là qui ont défini notre thèse et qui vont nous permettre ainsi, dans le processus de sélection, de faire nos choix. Rencontrer l'entrepreneur et comprendre sa thèse d'impact, vérifier l'alignement avec notre stratégie, comprendre le modèle économique. Est-il viable? Je suis là pour investir, je ne fais pas du don. Comprendre, du coup, les outils dont ils ont besoin : est-ce que j'ai les bons outils? Et est-ce que, du coup, mes taux proposés sont cohérents avec ce qu'il pourra financer? C'est comme ça qu'on va construire toute l'analyse. Après, dans nos choix, il y a aussi les choix de quel montant on peut investir, quelle place on va prendre auprès des partenaires. Notre philosophie est de pouvoir accompagner les acteurs qui vont être en changement d'échelle, donc qui sont généralement déjà accompagnés par d'autres acteurs financiers, ils ont déjà d'autres partenaires ou vont en intégrer d'autres en même temps que nous. Donc on ne va jamais intervenir complètement seuls auprès d'une structure, on va être dans une perspective de tour de table et de coopération avec d'autres investisseurs, de complémentarité. Concrètement, on va prendre, en général, 10 % du capital de la société, 25 % de la dette, et ça va représenter des montants sur des premiers investissements compris entre 300 000 et 2 millions d'euros, pour donner des ordres de grandeur. [MUSIQUE] Ce qui est important pour nous et ce qui est aussi primordial pour l'entrepreneur, c'est de comprendre la complémentarité des différents acteurs de l'investissement auxquels il va avoir accès, certains pouvant intervenir à des moments différents et d'autres au même moment. Pour moi, il va y avoir, déjà, une première répartition qui va se faire par rapport au type de projet : certains acteurs vont être exclusivement sur des projets environnementaux, d'autres exclusivement sur des projets sociaux. Donc il y a d'abord une première catégorisation qu'on pourrait faire des investisseurs par rapport à leur philosophie et leur stratégie. Schématiquement, pour moi, il y a des gros acteurs généralistes, quelques acteurs thématiques. On peut prendre l'exemple de Solifap, qui investit exclusivement auprès des associations d'aide au logement en France, on est sur un exemple très spécifique d'un acteur thématique ; et des acteurs, parfois, qui vont être beaucoup plus généralistes, par exemple France Active Investissement, avec qui on travaille beaucoup, va investir sur tous les secteurs. Il va y avoir, après, un deuxième élément très important pour essayer de comprendre l'écosystème, ça va être l'intervention par rapport au niveau de développement de l'entreprise, Des acteurs qui savent intervenir très tôt, dès les phases de création voire d'amorçage, et des acteurs qui vont intervenir plus dans les phases de développement, de changement d'échelle, sur des acteurs plus matures. Nous, c'est là qu'on se situe, BNP PAM, en tant qu'investisseurs, et donc en moyenne, on a des structures qui ont 10 ans d'existence quand ils se présentent chez nous, et qui ont déjà plusieurs millions d'euros d'activité de chiffre d'affaires. Donc ces deux caractéristiques-là. Après, ce qui va aussi faire la différence, ça va être ce que l'investisseur va pouvoir apporter. Est-ce qu'il va apporter une expertise très technique, est-ce qu'il va vouloir venir accompagner stratégiquement un acteur? Est-ce qu'il va apporter, plutôt, un apport financier avec un comportement plutôt passif? Est-ce qu'il va être très actif à la gouvernance? Donc ça aussi, ça va différencier, et nous, ça peut nous influencer dans notre choix, aussi, c'est-à-dire que, dans un tour de table, vu qu'on partage avec d'autres investisseurs, on fait attention d'être sûrs qu'à la fois on est dans la même philosophie que les autres investisseurs, il faut qu'on soit autour de l'entrepreneur tous dans le même sens et dans le même projet. Je pense à un tour de table où, par exemple, un investisseur n'est là que pour la performance financière, et nous on est là à côté en voulant développer l'impact, ça ne fonctionnera pas : à un moment donné, on aura pas le même conseil et les mêmes envies auprès de l'entreprise quand on la conseillera. Donc il faut qu'on aille dans le même sens mais peut-être, aussi, la complémentarité. Un exemple concret : on est pas systématiquement au board ou dans les conseils de surveillance des sociétés où on investit, on a pas forcément les moyens humains d'être réellement investis et d'accompagner tous les projets. Donc du coup, on va faire attention de s'assurer, soit que, nous, on a la bonne compétence pour être au board et accompagner la structure si elle en a besoin, soit qu'il y a quelqu'un d'autre autour de la table qui aura cette compétence. C'est ces complémentarités-là qu'on recherche. [MUSIQUE] Un autre point important pour comprendre la différence entre les différents fonds, et ça a un impact, d'ailleurs, sur les modèles économiques et ce qu'ils peuvent faire ensuite dans les investissement, c'est de comprendre d'où vient l'argent, et de comment il arrive, comment il va de l'investisseur jusqu'à l'entreprise. Les investisseurs dans les fonds solidaires dits 90/10 sont des particuliers, qui peuvent être soit des salariés qui vont investir dans le cadre de leur entreprise, leurs placements, leur intéressement, dans des FCPE, Fonds commun de placement d'entreprise, et qui, du coup, vont souscrire, soit des clients de la banque, qui peuvent souscrire à titre personnel, dans des fonds communs de placement, ou sur des contrats d'assurance-vie, mais ce sont tous des particuliers. Ces fonds 90/10, comme on a pu l'expliquer précédemment, 90 % est investi sur les marchés financiers pour leur apporter une rémunération financière et un risque correspondant à leur profil, qui peuvent être très différents d'un fonds à l'autre, et la poche de laquelle nous on s'occupe, les 5 à 10 %, apportent l'impact social, et donc, impacte notre modèle économique parce qu'on peut mettre cette priorité sur l'impact, moins sur la performance financière, et donc, apporter des financements à bas coût pour l'entrepreneur. C'est pour ça que cette compréhension de la chaîne de l'investissement, aussi pour l'entrepreneur, est importante, parce qu'elle va vraiment modifier les capacités d'intervention des investisseurs. [MUSIQUE] Dans notre quotidien, en tant qu'investisseurs à impact, on est confrontés à certaines fausses croyances, par exemple, de la part des épargnants. La plus fréquente, c'est d'imaginer que fonds solidaire égale don, ou pas rentable, ou, entre guillemets, je vais le faire parce que ça va avoir un bon impact mais je vais perdre mon argent. Il est vraiment important de rappeler que, dans les fonds solidaires, il y a plusieurs types de mécanismes, et nous chez BNP PAM, on développe des fonds 90/10 où nous investissons. Donc l'argent, on va le récupérer, avec une rentabilité certes moindre, mais avec une rentabilité financière, et que les entreprises, on les choisit pour leur solidité financière, notre analyse n'est pas plus conciliante parce que ces structures ont un impact social : on reste des investisseurs avec des réflexes et on recherche un modèle économique viable, des équipes de qualité, une stratégie pérenne dans la durée. Donc ça, c'est une fausse croyance qui est encore très forte et sur laquelle on doit pouvoir travailler en termes de communication et de pédagogie auprès des épargnants, pour peut-être aussi lever ce frein qu'ils peuvent avoir à investir dans les fonds solidaires, et à confondre avec d'autres actes de philanthropie qui sont très complémentaires mais différents. On a aussi des fausses croyances quand on rencontre les entrepreneurs, et c'est important de pouvoir en parler parce que ça peut faire partie de ces freins qui vont empêcher un entrepreneur de venir voir un investisseur pour chercher de l'argent. Je pense qu'un des principaux qu'on a, c'est que le côté grand groupe bancaire, investisseur en capital, fonds, fait encore un peu peur à l'entrepreneur, et encore plus à l'entrepreneur à impact. Finalement, on est encore peut-être un peu trop diabolisés, si je puis me permettre. La crainte, peut-être, qu'on les accompagne pas dans le bon sens, qu'on ne comprenne pas leur mission sociale ou leur spécificité, qu'on vienne leur créer des contraintes pour privilégier plutôt la rentabilité financière et ne pas les suivre. Je pense que ça, il est vraiment très important d'avoir une discussion dès le démarrage des discussions dans les tours de table, et de se dire quelles sont nos philosophies respectives : moi, qu'est-ce que je recherche comme projet, mais le projet, qui est-ce qui le recherche en tant qu'investisseur, parce que c'est vraiment un mariage des deux parties et il faut qu'on se retrouve dans ce que l'on va vouloir développer ensemble. [MUSIQUE]