[AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] Donc je suis Pierre Carpentier, je suis directeur des investissements au sein d'un fond d'investissement, un fond d'impact investment qui s'appelle Investisseurs et Partenaires. Et qui investit maintenant depuis une quinzaine d'années exclusivement en Afrique Subsaharienne. Et exclusivement auprès de PME à fort impact sur leur environnement. Donc on a maintenant une grande pratique de l'Afrique et des enjeux de ses entreprises sur leur environnement proche, sachant que l'environnement de l'entreprise en général et peut-être encore plus particulièrement quand on est en Afrique Subsaharienne, on a des enjeux de développement qui sont très forts. Et bien il est à la fois constitué de ses parties prenantes immédiates, les salariés. En amont, en aval, les clients, les fournisseurs, etc. Mais aussi plus généralement, il y a une responsabilité assez forte de l'entreprise. En Afrique, dans l'environnement social dans lequel il est, qui est caractérisé par, encore aujourd'hui, malheureusement pour là-bas encore pour quelque temps, des populations à très faible revenus qui ont des difficultés d'accès aux services de base ou même à un multiple de choix et d'universités dans une capacité d'achat et d'acquisition. Et donc les entreprises ont, pour la plupart, en tout cas pour celles avec lesquelles on travaille, un vrai sujet de la manière dont elles adressent leur marché et dans lequel elles s'inscrivent dans l'environnement caractérisé par la pauvreté. Donc I&P c'est aujourd'hui deux fonds sous gestion. On a un premier fond qui a été engagé au total pour 19 millions d'euros. C'est le fond un petit peu historique et qui est aujourd'hui est en phase de désengagement. Il nous reste une dizaine de millions d'euros dans le portefeuille. Et le deuxième fond qu'on a lancé en 2012, et qui fait 54 millions d'euros et qui en phase d'investissement lui par contre. On a déjà réalisé pour 20-22 millions d'investissement à peu près. Alors on est sur des petites tailles dans le monde de l'investissement d'entreprises, avec des relativement petits fonds. Parce que on fait également des petites opérations. On investit à partir de 300 000 euros, ce qui est quand même relativement petit et on va plafonner, notre plafond théorique est à 1,5 million. Et finalement notre moyenne constatée aujourd'hui c'est qu'on investit 1 million d'euros par entreprise, à peu près. Aujourd"hui, notre test d'investissement c'est que on travaille sur des entreprises avec un double objectif de performance financière et de performance extra-financière. C'est assez classique jusque-là comme discours mais ce que l'on voit aujourd'hui clairement c'est que tout est affaire de curseur et de dosage. Les investisseurs aujourd'hui sont tous, et tant mieux, de plus en plus vigilants aux impacts sociaux, sociétaux, environnementaux, à la bonne gouvernance, etc. C'est vrai, c'est bien. Les investisseurs, leurs propres investisseurs, les équipes dans les fonds veulent avoir du reporting là-dessus. Nous, parce que c'est dans notre ADN, dans notre culture et dans notre mandat, on va aller assez loin dans, non seulement, la mise en place de critères d'investissements liés avec les liens extra-financiers, dont font essentiellement partie au même titre que les critères extra-financiers, à l'arbitrage qu'on va décider ou pas de faire un investissement et deux, on va regarder l'opération de l'entreprise avec l'entrepreneur en se disant mais partout où il y a moyen d'optimiser ses externalités positives et inversement de réduire ses externalités négatives, on a vraiment travailler dessus. Et donc on a petit à petit développé toute une approche méthodologie, depuis la relation avec l'ensemble des parties prenantes, c'est ce que j'évoquais tout à l'heure, mais aussi sur des business modèles qui permettent de travailler à la fois une appartenance financière et puis l'impact fort. Et enfin on va le monitorer. On va le monitorer pour faire des reporting bien sûr, démontrer la thèse d'investissement mais aussi pour mettre les entreprises sur des chemins de projets. Nous on essaye de ne pas opposer la rentabilité financière au sujet d'impact. Je dirais la façon, un peu réductrice parfois de dire bah finalement les investisseurs impact, c'est de gens qui vont faire entre 5 et 7 % de TRI. Après au-délà de 7, au-delà de 8, on commence à être dans du coeur d'investissement, au-delà de 10, au-delà de 15, je sais pas, où le curseur nous apporte. On essaye de pas du tout être dans ce débat. Dans les faits aujourd'hui, on est pas un fond à très forte rentabilité mais est-ce que c'est du au fait qu'on fait de l'impact ou est-ce que c'est du au fait qu'on fait des petites opérations? Probablement un mix des deux. Et il peut nous arriver opération par opération, de faire 20 % de TRI. Et tout l'enjeu pour nous c'est d'arriver à réaliser, parce qu'on a créé de la valeur financière mais en créant de la valeur sociale. Parfois les deux se rejoignent assez bien. Et on arrive à réaliser, s'étirer financièrement, la valeur de l'entreprise y compris dans sa dimension sociale. On a investit également dans l'agro-alimentaire. Alors, il y a des choses,par exemple, très intéressantes que l'on voit aujourd'hui, se passer, on se rend compte que les lignes sont en train de bouger c'est que on est approchés régulièrement. On a fait une première opération par des ONG qui ont développé des projets qui sont dans un modèle marchand. Donc quand on est dans l'urgence, on peut pas mais ils sont déjà marchands, maintenant ils sont pas dans un domaine privé, dans un entreprise. Eh bien ils passent le cap. Ils se disent nous, si on veut être pérennes, il faut que l'on passe du modèle marchand mais sous forme projet, à regarder si on a un modèle économique d'entreprise qui va permettre aussi de se développer, de ne pas dépendre des fonds et donc de lever, d'emprunter. Mais pour ça, il faut des investisseurs impact, qui vont partager les thèses sociales, mais qui vont également nous apporter un savoir-faire d'entreprise et qui vont être capables de soutenir financièrement le développement de la boîte. Encore une fois, nous on fait pas du social-business, on se revendique pas de chercher uniquement les projets bottom of the pyramid. Quand on investit dans une SS2I au Cameroun, c'est une histoire vraie qui a conclu à une SS2I qui fait du traitement de base de données pour des grands groupes. On se dirait mais qu'est-ce que vous venez faire là-dedans? Eh bien cette entreprise elle va relever l'économie qui est un modèle de développement qui repose uniquement sur la valorisation de talents locaux, c'est uniquement de jeunes diplômés qui sont pris à l'école avec une trajectoire qu'on essaye de leur apporter et c'est une entreprise très provoyeuse d'emploi. C'est ce qui nous a motivé à faire ce projet. C'est un projet qui aurait été pour le promoteur infiniment plus facile à faire en essayant d'attirer quelques talents pour les postes de management, et éventuellement d'autres venant d'entreprises européennes certainement, des gens déjà expérimentés parce que il n'y avait pas de gens expérimentés au Cameroun. Mais lui il a dit non, moi je veux faire monter en compétence le Cameroun. Et demain, mes directeurs de business unit, ce seront des jeunes que l'on a recruté localement. Et ce modèle là est en train de fonctionner et l'entreprise se développe. Donc tout ça pour dire qu'effectivement, on n'est pas dans le pur social business. Et encore une fois on va regarder l'entreprise en se disant mais finalement son modèle économique est intéressant mais son modèle social et son empreinte sociale, sociétale et environnementale elle est pas mal mais on peut faire encore mieux. Tiens si on regarde, essayer de se... Donc on va animer un petit peu finalement, parce que on va faire révéler des entreprises à ce qu'elles peuvent apporter de plus à l'environnement aujourd'hui, tout en considérant l'entreprise et le chef d'entreprise, il a sa vision, sa stratégie, ses produits et nous on va essaye de le regarder en favorisant encore plus les éléments d'impact. Je pense que il y a plusieurs enjeux aujourd'hui qui sont devant nous. Le premier, mais c'est en cours, les fonds que l'investissement impacte petit à petit, se structure, se norme, se dote de normes, d'un cadre, que ce soit réglementaire ou de définition précise de ce que l'on met dedans pour éviter le fourre-tout. Ou évidemment le coup d'opportunité que se revendiquent tous les fonds d'investissement qui collectent 3 données par-ci, par-là, qui disent regardez on fait de l'impact investment, deux salariés sont payés, ils ont une assurance maladie. Il y a vraiment besoin et c'est nécessaire aussi parce que les investisseurs ils sont nombreux qui sont prêts aujourd'hui à mettre de l'argent dedans. Moi je raconte souvent, même si ça paraît, même si on reste un peu typhon. Les business de 1 million d'euros, donc le premiers fond qu'on a levé c'était incroyable à dire, notre thèse était difficile à comprendre. Il fallait faire de la PME africaine, en faisant de l'impact, vous faites de l'investissement minoritaire. Qu'est-ce que vous voulez rajouter comme difficulté pour être sûr que ça marchera pas? On l'a levé mais celui à 54 millions ça a pas été facile. On a senti qu'on avait changé, il y avait un écho. On était entendus par les bailleurs de fonds bien sûr, qui continuent à animer fortement ce secteur. Mais aujourd'hui, nous on a plus de 50 % de notre fond de 54 millions qui est levé auprès d'entreprises privées qui ont très bien compris pourquoi elles faisaient ça. De fondations, de familiers office. Voilà, donc on a une plus grande diversité aujourd'hui d'investisseurs potentiels dans les fonds, qui s'intéressent au secteur mais qui ont encore du mal à savoir ce qu'on leur demande. Ils voient passer le matin un fond qui fait 20 % de TRI et qui dit regardez on fait de l'impact, et le lendemain un fond d'impact social et ils cherchent un peu. Il y a besoin, c'est en cours. Ça je pense que c'est un premier un premier gros enjeu. Après je pense qu'il y a un enjeu, encore une fois je parle de notre métier et vis-à-vis de l'Afrique, qui est que l'entrepreneuriat africain aujourd'hui il a une dynamique absolument extraordinaire. Par les Africains eux-mêmes. Et ça il faut continuer à le soutenir. C'est un enjeu formidable parce que il y a pas mieux que l'entrepreneur qui a déjà fait un bout de carrière, qui a un sens de l'entreprise aigu, qui a déjà une réussite personnelle et qui du coup peut s'ouvrir à d'autres choses parce que il a plus un sujet uniquement de régulation personnelle et donc à travers le fait de créer son entreprise, d'être capable aussi de donner du sens à son entreprise, au-delà de son enrichissement, l'enrichissement de ses gars. Il va donner d'autant plus qu'il est africain, qu'il vit dans ce monde-là. Il a des cousins, des frères, des soeurs, des amis qui vont l'aider dans un environnement qui est difficile, qui est compliqué, dans lequel eux ils peuvent essayer de faire. Donc le soutien entrepreneuriat africain et entrepreneuriat qui a envie de donner du sens c'est quelque chose qui est tout à fait décisif. [AUDIO_VIDE]