[MUSIQUE] [MUSIQUE] Alors beaucoup d'investisseurs, ou de personnes se demandent pourquoi nous sommes allés en Afrique, parce que dans le capital investissement classiquement, on va jamais trop loin de ses bases, parce que si on est trop loin de ses bases, eh bien on ne comprend pas l'environnement. Alors d'abord la raison d'aller en Afrique c'est que nous pensons que la crise sociale que nous vivons en Europe aujourd'hui et qui va s'amplifier, est directement liée à la problématique africaine, et que si on ne créé pas d'entreprises et d'emplois et qu'on ne répond pas à un certain nombre d'urgences sociales en Afrique, eh bien il est normal qu'une part importante de ces populations revienne en Europe. On va avoir en 2015 plus de 500 000 immigrés sans papiers en Europe que nous ne savons pas, que nous ne savons pas aujourd'hui accueillir. Donc c'était l'idée. Alors nous on a rencontré un fond d'investisseurs et partenaires qui est un fond qui a été monté par un capital rescuer français, Patrice Openeau, et qui a été repris par Jean-Michel Severino l'ancien directeur général de l'AFD, et dans lequel on a investi et qu'on a accompagné maintenant depuis 10 ans pour aider à la création d'entreprises classiques et d'entreprises à mission sociale en Afrique, parce qu'ils ont deux fonds. Parce qu'on pense que c'est un élément important, et nous avons fait des co-investissements avec eux dans deux entreprises, une au Sénégal et une autre au Cameroun. Et puis dans un certain nombre de nos projets, nous sommes indirectement investisseurs en Afrique notamment dans la micro-finance, on a fait le pari d'aller avec une structure qui s'appelle Entrepreneurs du Monde dans l'incubation de structures de micro-finance, notamment au Burkina Faso. Donc c'est la création ce ces structures de micro-finance et le financement de ces structures jusqu'à ce qu'elles arrivent à pouvoir trouver des financements par ailleurs, et puis dans la technologie par une structure qui s'appelle Tagattitude, qui permet aux populations très défavorisées qui ont un téléphone portable d'avoir accès à un système bancaire et à des paiements bancaires. Et donc cette structure se développe très rapidement au Togo, au Burkina, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, et donc, par celui-là. Donc on essaye de faciliter l'éclosion d'entreprise qui réponde à des enjeux sociaux que ce soient des entreprises africaines ou des entreprises européennes, qui auraient comme marché l'Afrique. Donc nous croyons que c'est un vrai enjeu, nous pensons qu'un certain nombre de ces modèles peuvent se développer et qu'en apportant du capital on peut le faire. Mais on est aussi allé, on a aussi aidé au développement d'une structure qui s'appelle Fadeve, de crowdfunding, pour essayer d'amener un certain nombre d'argent notamment des migrants africains qui sont en Europe vers leur propre pays africain, pour aider à la création et au soutien d'entreprises qui développeraient des projets en Afrique. Donc on essaie d'utiliser tous les outils et moyens qui sont pour essayer de diriger des capitaux vers l'Afrique parce qu'on pense que c'est important de s'élargir à ça. Donc l'Afrique est pour nous un élément important, est-ce que ce sera l'élément central de notre stratégie? Non, parce que nous sommes quand même basés en Europe, et qu'il y a des normes à prolonger en Europe, mais on pense que l'un ne va pas sans l'autre, et c'est pour ça qu'on a fait cette stratégie en Afrique. Sur l'Afrique, l'Afrique représente aujourd'hui 15 % de notre, de nos investissements, donc c'est petit mais c'est pas neutre. Et le vrai sujet sur cette région, c'est comment est-ce qu'on accompagne? Donc l'accompagnement il est fait de deux façons, soit on a un certain nombre de personnes qui sont actionnaires chez nous, ou proche de nous, qui sont déjà, qui connaissent bien l'Afrique, qui ont travaillé en Afrique et qui sont proches, prêts à accompagner des projets, soit on identifie, ce qu'on a fait au Sénégal, un dirigeant très performant, qui a accompagné, qui est rentré pour notre compte au conseil d'administration de la laiterie et du berger au Sénégal, de telle manière à pouvoir accompagner spécifiquement ce porteur de projet au Sénégal. Donc à chaque fois on essaye de trouver la réponse au besoin et à l'attente de l'entrepreneur qui cherche des administrateurs qui vont l'aider à développer et à accélérer son projet. On trouve beaucoup de personnes qui sont prêtes à accompagner en Afrique donc c'est pas un sujet. Le vrai sujet c'est le temps, c'est-à-dire qu'on revient au iii capital de tout à l'heure, c'est-à-dire que c'est déjà du iii en Europe, ça l'est encore plus en Afrique, parce que le temps n'est pas le même et la manière dont fonctionnent les différents partenaires dans une antreprise ne sont pas du tout les mêmes que celles que l'on a en Europe, donc il faut vraiment des personnes qui connaissent bien l'Afrique pour accompagner ces entrepreneurs. En terme de perspective sur l'Afrique, je pense qu'il y a deux évolutions qui sont en train de se faire qui sont importantes. La première on voit les agences de développement, comme l'Agence France Développement, ont compris qu'une grosse partie de leur activité c'était de l'investissement à impact, et ils sont en train de très fortement je dirai ré-orienter toute leur stratégie d'investissement par rapport à l'impact social avec des mesures d'impact social, et d'accompagner des fonds privés qui voudraient aller financer ce type de projets en Afrique. Donc je pense qu'on a un premier, transformation très importante du paysage avec l'arrivée de l'ensemble de ces acteurs, que ce soit AFD en France, Bio ou les autres OPIC aux Etats-Unis ou autres. Après on voit un certains nombres d'acteurs qui se positionnent, et on a la même dichotomie que ce dont je parlais, la même dichotomie que l'on a sur tout le domaine de l'impact investment, entre les financeurs et les impact first. Donc on aura toujours, on a cette dichotomie très forte en Afrique. Vous financez une clinique classique en Afrique, je dirai classe moyenne vous allez faire des iii très élevés, de 30 à 40 % par an, vous dites que cette clinique doit avoir un nombre de gens très pauvres qui peuvent bénéficier des soins, vous aller mécaniquement baisser la rentabilité à 5 ou 10 % par an. Donc on voit très bien qu'il peut y avoir différente selon le type d'investissement qu'on veut faire, mais les deux ont un impact social. Donc je crois que c'est un vrai enjeu pour l'Afrique dans les années à venir. Et le deuxième enjeux que nous avons, c'est que les anglo-saxons font dans l'Afrique anglaise, qu'on appelle anglaise ou anglophone, et les français ou les belges vont dans l'Afrique francophone. Donc il y a aujourd'hui une vraie séparation entre les deux et donc des, beaucoup plus de fonds aujourd'hui dans l'Afrique anglophone que dans l'Afrique francophone parce qu'il y a beaucoup plus d'acteurs anglophones qui s'intéressent à l'Afrique. Sur la question de quel est l'avenir et le futur par rapport aux objectifs du millénaire et tout ce qui est en train d'être avancé, j'aurai une réponse, je dirais très pragmatique : je n'en ai aucune idée. Et de manière tout à fait concrète. Par contre ce que je constate c'est qu'il y a énormément d'entrepreneurs qui essayent de développer des projets à impact social, d'entreprises qui essayent de mettre en place des stratégies sociales et d'accompagner ses entrepreneurs sociaux, d'investisseurs qui sont là pour financer et accompagner. Et je pense que si on arrive à mettre en place des cadres légaux dans les pays qui garantissent aux investisseurs qu'ils peuvent investir et ensuite récupérer leur argent à terme, si on arrive à mettre en place des systèmes de garantie qui permettent aux investisseurs d'être couverts contre des risques notamment politiques, qui sont d'importance sur un certain nombre de pays émergents, je pense qu'on verra mécaniquement tout un certain nombre de projets sortir, et de très très beaux projets se développer. Et donc, oui les objectifs du millénaires c'est important, c'est des cadres importants, ça permet à un certain nombre d'institutionnels de se positionner et d'avancer, je pense que la réalité du terrain va s'imposer et que les besoins étant très importants, il va y a voir de vraies vraies réponses qui vont être faites, et qui seront rentables économiquement et qui permettront de répondre à ces besoins. Après nul ne sait de ce que l'avenir sera fait dans 5 ou 10 ans parce que ça dépend de beaucoup d'autres sujets, mais je pense qu'on a fait de très gros pas depuis une dizaine d'année, à retirer du politique toute une série de financements d'entreprises qui en fait doivent relever de l'investissement privé, et non pas du politique. Le politique doit faire un cadre, et après c'est aux investisseurs privés et aux entreprises privées de se développer. Et je pense qu'on est en train d'aller vers ça et que c'est un énorme changement par rapport à il y a une vingtaine ou une trentaine d'années, tout en disant que c'est, ce que dit Jean-Michel Severino est très important, c'est que depuis ce qui a été mis en place par les agences de développement il y a 30 ou 40 ans a marché, parce qu'on a aujourd'hui dans beaucoup de pays des cadres qui permettent de développer des entreprises privées. Et ça on ne le dit pas assez, donc je pense qu'il y a besoin des deux. [AUDIO_VIDE]