[MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous sommes un acteur qui est financé à 70 % par des personnes privées, et 30 % par aujourd'hui des institutionnels. Nous ne faisons pas partie de l'économie sociale et solidaire, et nous ne sommes pas un acteur de l'économie sociale et solidaire, et on nous l'a fait bien sentir au début, quand nous avons démarré. En disant, mais qu'est-ce que vous venez faire là? Vous êtes des financiers, des investisseurs privés. Qu'est-ce que vous avez à faire dans l'économie sociale et solidaire? Une fois qu'on a dit cela, nous avons la qualification d'entreprise solidaire, parce que nous avons plus d'un tiers de nos investissements qui sont dans des entreprises qualifiées de solidaires en France. Et donc, nous avons accompagné un certain nombre de réflexions sur l'évolution de la loi sur l'ESS, qui est une très bonne chose, parce qu'elle a permis de donner au terme social, un terme plus large que uniquement le pur social. C'est très difficile de traduire en anglais, solidaire. Solidarity, cela ne veut rien dire en anglais. Ou en tout cas, ce n'est pas les mêmes terminologies que ce qu'on a en France. Et social, les Anglais, ou les Américains, c'est beaucoup plus large que ce que nous avons en France. Donc, la loi sur l'économie sociale solidaire a fait un plan important, en permettant de clarifier cela, par rapport au monde anglo-saxon, et d'avoir un wording équivalent. Elle a fait un autre, je dirais pas important, mais sinon d'essayer de d'inclure des entreprises classiques dans le cadre de la loi sur l'économie sociale et solidaire, du moment qu'elles avaient une mission sociale. Par contre, c'est une catastrophe parce que pour devenir entreprise qualifiée de solidaire, on va parler de, d'utilité sociale, solidaire d'utilité sociale, si je me rappelle bien. Il va falloir respecter 11 critères. Et l'un des 11 critères qu'il va falloir respecter, c'est de prouver à la préfecture que parce que l'on a une mission sociale, on a rentabilité inférieure à une entreprise équivalente, qui n'aurait pas une mission sociale. C'est totalement impossible, cela va créer des débats absolument considérables. Et donc, malheureusement comme toujours en France, parce qu'on a peur que un certain nombre d'entreprises classiques pourraient utiliser le terme entreprise sociale pour profiter et gagner de l'argent sur le dos de je ne sais qui, on a rigidifié une loi, et on en a fait un outil qui sera totalement inapplicable. Et donc, aujourd'hui, nous nous privilégions la définition d'entreprise sociale européenne, qui est une définition très très précise par la mission et par un certain nombre de critères qui sont importants, mais qui ne sont pas aussi stricts que la France. Il y a un certain nombre d'acteurs dans l'économie sociale et solidaire, en France, qui commencent à s'ouvrir, qui commencent à comprendre 2 choses. La première, c'est qu'on a fait en France un certain nombre de choses qui sont très très bien. Et qu'on peut exporter à l'étranger, et que certains pourrait dupliquer nos modèles. Par exemple, les fonds 90/10, par exemple le label Finansol. Et cela, personne n'en avait conscience. Donc, depuis les travaux du G8 sur le social impact investing, tout le monde commence à en avoir conscience. Par contre, très très difficile d'amener un certain nombre d'acteurs à franchir les portes de l'hexagone, et aller à l'étranger. Et nous, c'est notre stratégie, d'aller hors d'Europe, et d'aller en Afrique, et puis peut-être à terme en Asie, pour comprendre des modèles, pour voir comment cela fonctionne, et éventuellement les ramener et les réapporter en France. C'est ce qu'on a fait avec Ethical Property, qui est un modèle de centre Regus pour associations, qui avait été développé en Angleterre avec grand succès. On a aidé à la création d'Ethical Property Europe à Bruxelles, et à la création d'éthique en France, pour apporter ce modèle en France, et faire qu'il fonctionne, et qui maintenant a plusieurs centres qui sont gérés de cette façon-là. Et, on pense que c'est en échangeant les pratiques que l'on arrivera à mieux comprendre les modèles des autres et probablement à se perfectionner. Donc, je ne, c'est l'un des soucis, je pense aujourd'hui de l'ESS, c'est peut-être de ne pas être assez ouvert sur l'extérieur au niveau international. Pour moi, l'impact investing, ce n'est pas, pour moi, l'impact investing pour moi, c'est la fin de l'École de Chicago, et de la théorie économique qui dit que le seul rendement pour l'entreprise c'est du rendement pour l'actionnaire, et grâce à cela, la Terre ira mieux demain, et tout le monde ira mieux. Je pense, c'est la prise en compte de ce que tout le monde sait, c'est-à-dire que l'entreprise ne peut gagner de l'argent, que si dans son environnement proche, eh bien ses fournisseurs, ses clients, la Cité, etc, elle est capable d'accompagner et de les aider à pouvoir se développer. Donc, elle a un rôle important, qui est aussi un rôle de développement, au même titre que l'Etat ou autre. Et que d'avoir oublié ce paradigme, nous a amené à des contradictions très fortes, avec des rentabilités excessivement élevées, alors que ce n'est pas forcément l'objectif de cette, de cela. Et, on le voit très bien quand on voit Franck Riboud Danone qui, quand il a créé danone.communities, il a relu, au cours d'une assemblée générale où il a eu 98 % de support, de soutien, il a relu ce que son père avait dit à la création de BSN en 1956. En disant, une entreprise ce n'est pas seulement pour faire de l'argent pour les actionnaires, c'est aussi pour être dans la Cité et s'inscrire dans la Cité. Et on le voit encore récemment, où la semaine dernière en Asie, toujours en 2015 en Asie, Mars, cette société qui fait, familiale, qui fait tous ces petits bonbons et autres que l'on a notamment au cinéma, a financé une Chaire à Oxford, avec 4 chercheurs pour essayer d'imaginer une nouvelle théorie économique différente de l'École de Chicago, qui prenne en compte que l'entreprise doit aussi être, agir dans le cadre de la Cité. Donc, on voit vraiment un certain nombre d'acteurs qui aujourd'hui commencent à faire évoluer, et je pense que l'impact investing c'est cela. C'est prendre en compte que, eh bien, dans une stratégie d'investissement ou de développement, il n'y a pas uniquement la rentabilité financière, mais il y a aussi l'impact social et environnemental que l'on a, de par son activité. [AUDIO_VIDE]