[MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous sommes aujourd'hui avec Anne-Claire Pache, professeur titulaire de la chaire philanthropie, directeur de la Grande Ecole ESSEC. Anne-Claire, pour démarrer, quelles sont les grandes caractéristiques, les atouts, les faiblesses du mouvement impact investing, investissement solidaire en France et dans les pays développés ces dernières années? >> Alors, on va dire ce qui est le plus caractéristique dans >> ce secteur dans les dernières années, c'est sa croissance, son développement et l'augmentation de sa visibilité. Si on prend la France par exemple, on est sur un secteur, alors qui en France est souvent appelé les financements solidaires au sens large, est un secteur qui existe depuis de nombreuses années avec des acteurs extrêmement on va dire anciens et ancrés, je pense au réseau des France Active, je pense à Finansol qui est le réseau qui réunit l'ensemble de ces acteurs, mais qui ces dernières années a gagné à la fois en visibilité mais également en taille, on parle d'une croissance de plus de 10 % par an des encours, aujourd'hui on est sur une taille d'encours de l'épargne, enfin de la finance solidaire en France de l'ordre de 6 milliards d'euros, donc on est sur des sommes qui sont négligeables. Un milliard d'investissement en France dans des entreprises sociales sur le terrain. Donc je dirais qu'on est vraiment dans un champ en développement, un champ qui est riche avec de nouveaux acteurs du côté des investisseurs qui peuvent être soit des petits particuliers, et le développement du crowdfunding à ce titre-là aussi est intéressant, puisque c'est un nouveau relai de développement de ce secteur. Des acteurs privés institutionnels, qui vont être des grandes banques, des grandes compagnies d'assurance, notamment les acteurs mutalistes jouent un rôle important, et puis des acteurs, des entreprises également, qui pour certaines ont développé des moyens d'intervenir, je pense à Danone et ses différents fonds. Et puis il va y avoir des acteurs privés des fonds d'investissements, qui là aussi se développent, je pense à Investir & + parmi les derniers nés, ou des acteurs comme le Comptoir de l'Innovation. Donc on est dans le cadre d'un écosystème qui est en mutation, en développement, et qui peut s'appuyer de manière intéressante sur là aussi un secteur, des entreprises sociales en France, qui se développe, qui est de plus en plus visible, professionnel, donc tout ça est très, est très réjouissant. Et cette dynamique-là, elle se retrouve plus largement à l'échelle des pays du nord, où se trouve le bassin le plus large de ces financements à impact. Avec, alors si on prend les Etats-Unis simplement, plus de 47 milliards de dollars qui sont, qui constituent les encours des fondations par exemple en matière d'impact investing. Plus largement, on estime même si les chiffres sont difficiles à obtenir que, d'ici 2020 ce seront 20 000 milliards de dollars à l'échelle globale qui seront investis dans ces types d'outils. On est là aussi sur un champ qui est en train de se développer, on voit de gros acteurs, les principales banques d'investissement qui chacune se positionnent en disant qu'elles vont aussi faire des choses dans ce domaine-là. Donc c'est intéressant. >> Donc une dynamique de croissance forte, plutôt plus rapide que la moyenne, une visibilité accrue, un écosystème qui se construit, une diversification aussi >> donc des différents registres d'application de cet impact investing. Maintenant si on s'intéresse, on va dire aux atouts de cet écosystème en construction et à ses manques, on dirait quoi? Vous diriez quoi? >> Alors, et on se limite à la France, dans un premier temps? En France, on a va dire les atouts, c'est la richesse, à la fois de l'offre et de la demande. C'est-à-dire qu'on a des acteurs aujourd'hui assez diversifiés qui répondent bien finalement au différents enjeux, aux différents besoins de financement des entreprises. Et puis on a du côté des entreprises sociales qui sont les récipients d'air de ces investissements, là aussi, une diversité d'acteurs avec des acteurs qui globalement se professionnalisent, qui globalement réfléchissent de mieux en mieux à leur modèle économique, et qui sont de plus en plus capable quelque part, de recevoir et de faire un bon usage de ces investissement, de ces investissements-là. Les enjeux ils existent, on est quand même dans le cadre d'un secteur qui est jeune, qui est en train de se développer, un secteur qui est très fragmenté, donc on a quand même beaucoup de petits acteurs, des deux côtés, et donc avec finalement un marché qui n'est pas forcément extrêmement efficient. Il y a quelque part aujourd'hui plus de financement à disposition que d'entreprises dans lequel ces investisseurs sont prêts ou capables d'investir. Donc il y a un gros enjeux qui est celui de développer un écosystème d'entreprise sociale. >> Quelle serait la grande initiative ou quelles seraient les deux ou trois actions importantes à engager pour atteindre justement cette structuration du marché, ce développement accru d'entreprises et cette capacité >> des entreprises à passer, à changer d'échelle? >> On a vraiment besoin d'un nouveau type d'individu, d'hommes et de femmes qui comprenne la logique sociale et la logique économique, qui sont capables de comprendre une logique d'investissement, de comprendre en même temps des besoins sociaux sur le terrain, et de faire >> quelque part ce pont entre les deux mondes, le monde de la finance et le monde de l'action sociale. Donc une initiative a mener, en tout cas une qui je pense doit continuer par exemple dans un univers comme celui de l'ESSEC, ce sont, c'est la Chaire entreprenariat social, et c'est tout cet écosystème de, d'hybridation entre les logiques sociales et économiques. 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