[MUSIQUE] [MUSIQUE] Pour financer les entreprises sociales que j'ai développées, je me suis adressé en priorité à des investisseurs sociaux, des impact investeurs, même si le terme est un peu récent. Je dirais un peu par militantisme en fait, c'est-à-dire parce qu'il faisaient partie du réseau, parce qu'ils faisaient partie de mon écosystème et parce qu'ils étaient là et que ce qu'ils proposaient me semblait correspondre aux besoins que je pouvais avoir, et parce que j'avais besoin aussi de ce côté un peu affectif disons, enfin en tout cas familial qu'il pouvait y avoir avec ces investisseurs qui étaient là pour les mêmes raisons que moi, et c'est vrai que ça me paraissait plus simple d'avoir déjà coché cette case-là et d'avoir déjà avancé sur cette dimension-là avec ces investisseurs, et pas avoir à refaire tout le chemin d'expliquer pourquoi on fait une entreprise sociale, pourquoi c'est bien etc. Donc ça c'est vrai qu'il y avait un côté facilité qui était important. Après je me suis aussi adressé quand on parle de Réseau Entreprendre par exemple, Réseau Entreprendre c'est un réseau qui investit, sous forme de prêt donneur, qui investit pour l'emploi en général, il n'y a pas que des entrepreneurs sociaux chez Réseau Entreprendre, peut être qu'ils sont entrepreneurs sociaux sans le savoir puisque leur objectif c'est vraiment créer de l'emploi et maintenir de l'emploi en France, donc je pense c'est important aussi de faire bouger les lignes et de rapprocher les différents types d'investisseurs pour qu'ils se comprennent aussi davantage et qu'il y ait un prosélytisme qui puisse se faire sur cette notion d'impact social en particulier. Dans ce qui existe aujourd'hui, je pense que ce qui est bien couvert c'est vraiment la partie une fois qu'on a créé la société, prêt donneur au démarrage, la société ou l'organisation, prêt donneur au démarrage, premier tour, deuxième tour de financement, c'est des choses qui existent où il y a des acteurs qui ont des moyens pour investir. Ce qui est compliqué mais c'est pas spécifique à l'entreprenariat social, c'est je trouve la difficulté d'obtenir des financements bancaires. Mais bon, c'est compliqué globalement je trouve, il y a encore une frilosité trop forte à ce niveau-là, des niveaux de garantie qui sont très élevés à apporter sur cette partie-là. Ce qui manque le plus c'est l'expérimentation, voilà, le financement de l'expérimentation au démarrage mais sur l'aspect vraiment étape de croissance des sociétés, des entreprises, j'ai l'impression que y a vraiment des choses qui existent. Une fois de plus, à condition que l'entrepreneur soit, ait l'ambition qui va permettre au financeur de déclencher son envie d'investir. Dans ce qui fonctionne bien il y a aussi, alors il n'y en a pas assez, mais ce qui fonctionne bien c'est l'intervention des fondations privées qui vont permettre, encore à trop petite échelle, mais qui vont permettre de lancer des nouveaux projets. Moi c'était le cas à la table de cana, j'ai pu m'adresser à la fondation EDF par exemple, sur le développement d'une nouvelle activité, ça permettait de lancer ses activités, bon bah OK, je peux perdre un petit peu d'argent sur cette branche-là de mon activité pendant 6 mois, pendant un an, mais ça me permet de le tester et de voir si au final on peut créer dix, 15, 20 emplois sur cette activité. Et ça effectivement c'est très important d'avoir cet aspect-là, c'est quelque chose qui fonctionne, on pourrait en faire dix fois plus, mais ça fonctionne correctement je trouve en France. Pour les sociétés que j'ai eues à développer, j'ai eu à faire à donc, en terme de financeur y a eu Garig qui a toujours été assez présent, sur des montants pas énormes mais qui permettaient de faire une première pierre dans le tour de table. Alors c'est toujours la difficulté de qui va dans la piscine en premier, tout le monde est intéressé mais personne y va, donc c'est vrai que Garig sur ça ils ont eut une capacité de prendre des risques sur des montants pas très élevés, mais de prendre des risques, et d'être en premier et d'être déclencheur. France Active sur la table de cana qui a été très présent avec différentes méthodes, méthodologies d'intervention en capital, en avance remboursable, en garantie d'emprunt aussi. Au niveau fondation, j'ai travaillé avec la fondation Vinci, la fondation Société Générale, avec la fondation Agir pour l'emploi d'EDF, vraiment différents types de financeurs. Les pouvoirs publics aussi sur la table de cana ont, s'inscrivent dans des dispositifs d'insertion, donc on avait les conseils généraux, les conseils régionaux, l'état, c'est un peu compliqué mais on pouvait aller à différents, sonner à différents guichets pour financer nos projets de développement. Sur Toutoubon c'était assez différent puisqu'on était sur le commerce équitable qui rentre dans aucun dispositif public en France, même pour une fondation c'est pas forcément évident de financer une entreprise de commerce équitable aujourd'hui, donc on est plus vraiment sur des investisseurs, donc Garig une fois de plus, le Réseau entreprendre, le réseau initiative, le réseau France Initiative, pardon, la NEF, qui est un acteur important aussi parce qu''en terme de financement bancaire ils ont quand même une approche qui est très innovante sur la compréhension des enjeux sociaux et du retour social sur investissement. Et ensuite bah vraiment des investisseurs qui se sont dit on a l'état qui finance indirectement parce qu'on a des incitations à l'investissement dans les entreprises en général, sociales ou pas, mais c'est vrai que ça c'est un bon boost et après les gens qui effectivement vont se dire bah oui je mets 10 000, je mets 20 000, je mets 50 000 euros dans une entreprise, je peux les perdre, maintenant je sais ce que ça va me rapporter aussi en terme de fierté, en terme de, participer à un projet collectif et on a de plus en plus de gens qui sont capables de faire ce genre de démarche, je pense. Le premier gros travail que j'ai eu à faire moi, c'est vraiment de dire c'est quoi mon ambition, du coup c'est quoi mes besoins, comment je vais y arriver. Je pense pour l'entrepreneur social ne pas sous-estimer les besoins, j'ai toujours l'exemple en tête de dire tout le monde a toujours un copain graphiste qui va faire gratos le site Internet mais ça il faut arrêter de le faire c'est une mauvaise idée, il faut payer un graphiste pour qu'on ait un bon site Internet, qu'on puisse lui taper dessus s'il fait pas bien son travail. Donc vraiment bien évaluer ses besoins. Une fois qu'on sait ce dont on a besoin, et dans le temps, quand on sait dans le temps, se dire bon qui peut financer quel type de besoin? On a des besoins en capital pour financer des pertes initiales avant de gagner de l'argent, on a des besoins, ou pour investir c'est la même chose, pour investir commercialement par exemple en recherche et développement, on a des besoins en fond de roulement, en trésorerie parce qu'il faut attendre que les premiers clients payent, et on a des besoins en investissements matériels, en machines, en locaux, peu importe. Donc en fonction de ça, y a différents types de financeurs, déjà il faut pas se tromper de personne, et se dire je vais aller voir les personnes qui correspondent à ça, et pour chacune je vais construire un discours. Ça veut pas dire qu'on raconte n'importe quoi et qu'on change les histoires, c'est pas ça que je suis en train de dire, ce que je suis en train de dire c'est qu'un investisseur il a besoin de davantage rêver, davantage s'emballer, un banquier il a besoin davantage d'être rassuré parce que lui-même il va falloir qu'il rassure son comité d'investissement, donc il faut lui donner les éléments de réassurance par rapport au projet. Un investisseur il va vouloir une croissance beaucoup plus rapide, un banquier il va être beaucoup plus raisonnable et se dire bon de toute façon, lui il dit qu'il va faire +10, moi je vais faire +2 pour voir si ça passe quand même. Donc je pense qu'il y a un discours qu'il faut savoir adapter en fonction des interlocuteurs. De la même manière si vous allez voir l'état, qui va être souvent axé sur l'emploi par exemple, bon bah faut vraiment mettre en avant l'impact emploi que vous pouvez avoir. C'est des aspects comme ça qu'il faut, bon au bout d'un moment on prend le pli et on arrive à changer un petit peu de casquette en fonction des personnes à qui on parle tout en restant très cohérent, dans son projet global, mais c'est plus qu'est-ce que je mets en avant sur quoi je mets la poursuite, sur quoi je mets le projecteur par rapport à ce financeur-là. Et puis pas se tromper sur les montants qu'on demande. Se dire, quel montant je demande en fonction de l'investisseur. Du coup bien avoir analysé et étudié l'investisseur avant d'aller le voir, c'est comme un client. Avoir compris comment il fonctionnait, quels étaient ses moyens, ce qu'il recherchait pour pouvoir lui faire une proposition qui corresponde bien à ce dont il a besoin lui de son côté. [AUDIO_VIDE]