[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'appelle Jean-Guy Henckel, je suis directeur du réseau Cocagne. J'ai créé le premier jardin de Cocagne en 1991 dans l'est de la France. L'idée, c'était de créer une équipe d'insertion qui soit à la fois des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, des ruraux, des urbains, des gens des quartiers, etc. Une espèce de cours des miracles de la Cocagne dans une exploitation maraîchère qui allait produire des légumes biologiques et les distribuer sous une forme tout à fait originale dans ce pays, puisque ce n'était pas pratiqué. Les Japonais avaient fait un peu ça dans les années 60, et puis les anglo-saxons aussi. C'est-à-dire, ces abonnements sous forme de panier hebdomadaire comme on voit beaucoup aujourd'hui, mais à cette époque-là, on a été les premiers à faire ça. Donc, l'idée à cette époque-là, c'était d'oser une mixité sociale avec des publics de natures très différentes. Et on a même mixé avec tous les gens donc que j'ai déjà cités, des agriculteurs en difficulté. Donc, la première équipe Cocagne, c'était ces hommes, ces femmes, ces jeunes, ces moins jeunes, ces agriculteurs en difficulté, ces gens de, plutôt ex SDF et qui se sont mis à produire des légumes biologiques pour les distribuer à des adhérents consommateurs, des gens comme vous et moi, qu'on recrutait sur le territoire. Le principe, c'est un jardin à l'origine qui se crée sur un territoire, je ne sais pas où, à Brest ou à Lille ou à Strasbourg. Il doit, il est dans un processus qu'on appelle d'insertion par l'activité économique. En fait, il a deux types de recettes. Il a des recettes sociales puisqu'on prend en charge des publics en difficulté qui coûteraient beaucoup plus cher à rester chez eux avec des allocations sur des périodes déterminées, les pouvoirs publics, en particulier l'état, départements, régions, vont donner de l'argent à Cocagne avec une mission très précise sur des contrats précis, pendant une durée précise, voulant obtenir des résultats. Et si vous obtenez ces résultats, on vous donne de l'argent. Donc, beaucoup par des subventions, c'est plus des prestations, à mon avis. Et puis la deuxième chose, c'est que comme on produit des légumes bios our les adhérents consommateurs, on a une partie beaucoup plus classique qui est le business, les autres formes de recettes sont les produits de ces biens et services qui sont créés par le jardin de Cocagne. Donc, généralement, il y a, pour faire simple, il y a deux types de budgets, des budgets de fonctionnement, des budgets d'investissement. Généralement, le budget de fonctionnement tient à peu près avec un mixte entre business légumes et les prestations qu'on vend au plus grand public. En ce qui concerne les investissements, c'est un peu plus compliqué. Parce qu'en fait, plus les années ont avancé, plus l'exclusion s'est développée dans ce pays, le chômage, etc. il y a quasi 12 millions de personnes aujourd'hui qui vivent pas loin du seuil de pauvreté. Il faut trouver de plus en plus d'argent pour s'occuper de ces gens-là. Or, l'état en a de moins en moins. Donc avec ce principe-là, il a fallu que très rapidement, dès le début des années 90, on puisse aller chercher des fonds privés. Donc, les fonds privés, c'étaient des fondations balbutiantes à cette époque-là puisque quelques entreprises commençaient à s'intéresser à cette question-là. Au fur et à mesure où on a avancé dans le début des années 2000, il y a, nous avions à nous développer et ça tombait plutôt pas trop mal parce que les entreprises s'intéressaient de plus en plus à ces responsabilités sociales, responsabilités sociétales, responsabilités écologiques. Donc en fait, c'est deux intérêts un peu différents qui se sont rencontrés. Cocagne avec ses idées d'insertion, de légumes bios, etc et puis des entreprises qui cherchaient des beaux projets pour les financer. Parce que la particularité, c'est que dans ce qu'on développe à Cocagne, on développe essentiellement des jardins mais aujourd'hui d'autres types d'activités, c'est toujours la même chose, il y a une vocation sociale, il y a une vocation écologique. Et cette double vocation, elle intéresse quand même beaucoup d'entreprises. Et un jardin de Cocagne, il va chercher de l'argent auprès des citoyens, quand ils adhèrent, qu'ils viennent chercher un panier de légumes, quand ils rentrent dans nos fonds solidaires qu'on a créés. C'est-à-dire on a créé des livrets d'épargne avec le crédit coopératif, avec l'ANEF, qui nous rapportent aujourd'hui de l'argent qui peut être redistribué, donc ça, c'est de l'argent citoyen. Et puis, on va lancer des grandes campagnes auprès de ces citoyens autour de deux formes, vous pouvez donner et vous avez un reçu fiscal et vous pouvez retirer ça de vos impôts ou vous pouvez investir. Et ça, ça va être le gros truc des années qui viennent, ça veut dire qu'en fait on va chercher des investisseurs citoyens, des investisseurs institutionnels. Acheter des actions Cocagne à 50 ou 100 euros et en l'occurrence, si vous n'avez pas beaucoup d'argent, vous en prenez une et puis si vous avez beaucoup d'argent, vous en prendrez beaucoup plus. Et là, pareil, mais c'est de l'investissement de ce que j'appellerais, de capitaux, de ce que les américains appellent les capitaux patients. C'est-à-dire qu'en gros, dans l'entreprenariat social, quand on lance un business, il ne faut pas chercher à gagner beaucoup d'argent dans les cinq premières années. Les cinq premières années c'est uniquement de la défiscalisation. Et si vous laissez cet argent après, effectivement, après il peut commencer un petit peu à rapporter. Donc, on voit bien aujourd'hui que dans l'insertion par l'activité économique ou l'entreprenariat social, beaucoup plus, très simplement dans les jardins de Cocagne, on s'en sortira si on sait aujourd'hui aller chercher d'autres fonds qui sont des strictes fonds publics. Donc, c'est ce qu'on a essayé de faire à travers une société commerciale et un fonds de dotation. Le fonds de dotation, c'est le tuyau qui permet d'alimenter les dons, la société commerciale, celle qui permet d'avoir des investisseurs. Aujourd'hui, on a pratiquement 900 questions qui sont posées chaque année à chaque dirigeant d'un jardin de Cocagne pour qu'ils puissent nous faire un point complet, social, technique, commercial, financier, enclave territorial, etc. etc. et qui nous permette d'en faire une synthèse chaque année. L'intérêt, c'est que ça permet de dire à nos partenaires, voilà nos résultats, donc, ils seront toujours très intéressés d'avoir ce système d'évaluation, ça permet à chaque dirigeant d'unjardin de Cocagne de se mesurer, de regarder où il est par rapport à des moyennes ou des ratios nationaux, où il se situe sur les, en particulier bien mesurer les marges dans lesquelles il va pouvoir progresser. Et puis, ça permet à une structure comme le réseau d'être toujours en phase exactement avec les nouvelles tendances qui sont en train de se mettre en place. [AUDIO_VIDE]