[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'apelle Yvonnick Huet, j'ai 59 ans, je suis agronome de formation et je suis cofondateur et directeur général d'Agrisud international, une ONG qui remet en économie des populations pauvres en les aidant à créer des très petites entreprises, des TPE agricoles, familiales, dans une petite vingtaine de pays actuellement et depuis 23 ans à peu près donc, nous avons contribué à créer près de 45 000 TPE, ce qui représente à peu près 150 000 emplois et pas moins de 350 000 personnes sorties durablement de la pauvreté. Et pour continuer sur ces TPE, je dirais que ces TPE sont viables et durables parce qu'elles sont économiques, parce qu'elles sont agroécologiques, parce qu'elles sont bien ancrées sur les marchés locaux et parce que l'entrepreneur s'inscrit dans un parcours de professionnalisation qui va l'emmener de la précarité jusqu'à l'économie. Donc, c'est très important de considérer ce parcours de professionnalisation dans son ensemble, dans sa globalité parce que bien souvent, l'offre de développement est saucissonnée, si je puis dire. Elle est partielle, donc vous avez un peu de formation par ci, un peu de microcrédit par là, un peu d'appui technique en quelque sorte. Or lorsqu'on travaille avec des personnes en précarité comme nous le faisons, si on n'est pas en capacité à apporter à une offre finalement globale, eh bien, il y a le risque que évidemment, ce ne soit pas suffisant et que la proposition soit trop partielle. Donc, ce parcours de professionnalisation va prendre en compte tous les éléments du système, à la fois des éléments d'ordre technique, donc l'agroécologie bien entendu qui est pour nous un des leviers très forts de pérennisation, d'accès à l'autonomie, de résilience, de capacité de résilience aux évolutions du climat, aux évolutions socio-économiques, hein, parce que l'agroécologie trouve des solutions localement, il ne s'applique pas sur des filières extérieures, et de plus, ça permet de produire de la qualité. Donc, tout un aspect d'appui et de formation technique, tout un aspect de, comment dire, d'appui à la gestion en quelque sorte pour apporter cette dimension économique qui est essentielle, que ce ne soit pas simplement une logique de production sans réflexion sur la reproduction du système lui-même. Donc, comment prendre en compte par des formations, des appuis à la gestion, toute cette dimension économique nécessaire à la pérennisation de l'activité. Il y a tout un aspect aussi accès au marché, donc, une logique d'information économique, connaissance et information sur les marchés qui permet d'aller plus facilement et dans de meilleures conditions vers les marchés, les marchés locaux en particulier, un aspect d'organisation, de structuration professionnelle, d'accès, enfin, d'insertion dans les réseaux en général. Voilà tous ces éléments qu'il faut être en capacité d'apporter à ces personnes qui vont entreprendre de façon à sortir de la pauvreté. Si on loupe un de ces éléments, alors on met en difficulté l'ensemble du processus. La difficulté en effet, en tout cas en ce qui nous concerne, c'est que dans un premier temps, autant c'est facile, c'est peut-être un grand mot, mais de mobiliser des fonds publics type à aider, Union Européenne à, je veux dire, on entre dans le scope, quoi, on sait où sont les guichets et on sait qu'on répond en quelque sorte à ces guichets publics mais aussi privés. On sait aller voir des entreprises, des fondations qui peuvent soutenir nos opérations. Autant l'impact investing, c'est un sujet nouveau pour nous auquel on s'intéresse beaucoup bien évidemment, hein, on sait qu'on a un potentiel donc parce que quand on dit impact investing, c'est cette capacité finalement à valoriser des impacts. Et on sait mesurer nous ces impacts mais dans impact investing, il y a aussi investing, ça veut dire quand on investi, on attend un retour sur investissement. Or, comme je l'expliquais, eh bien le travail que l'on fait avec des populations qui ne sont pas solvables, eh bien, ne peut pas se faire autrement, en tout cas dans un premier temps, sous forme de subventions. Donc, tout l'enjeu, ce que l'on vise, hein, tout l'enjeu c'est d'intéresser ces dispositifs d'impact investing à ce que l'on fait et de les convaincre que dans un premier temps, avant qu'ils ne travaillent éventuellement avec ces entreprises-là, dans une logique cette fois-ci de retour sur investissement, qu'elles-mêmes mettent au pot dans un premier temps pour sortir ces personnes de la précarité. Ça veut dire, soutenir nos actions de, comment dire, de remise en économie de ces populations et très vite au bout d'un an, deux ans, voilà une personne qui peuvent tout à coup s'inscrire dans des logiques qui permettrait un retour sur investissement. Donc, voilà, il faudrait que ces interlocuteurs d'impact investing, puissent regarder au-delà simplement de la rentabilité immédiate mais puissent projeter à moyen terme en prenant en compte l'immédiateté qui doit permettre de créer, de remettre, de resolvabiliser finalement des populations pour que demain, elles deviennent des clients, des acteurs, en tout cas des, voilà, des interlocuteurs de ces fonds d'impact investing. [AUDIO_VIDE]