[MUSIQUE] [MUSIQUE] Venons-en au deuxième point que je souhaite vous présenter dans cette vidéo L'intervention de nouveaux acteurs de l'impact investing qui viennent aujourd'hui compléter l'action de ces acteurs traditionnels, dessinant ainsi des tendances propres à l'impact investing dans les pays en développement. Et pour commencer, voici un rapide état des lieux, et des tendances de l'impact investing au Sud, par zones géographiques, par degré de maturité des entreprises ou growth stage et par secteur d'activité. Tout d'abord, la répartition géographique. L'Afrique sub-saharienne, SSA, arrive dans le trio de tête des investissements en valeur avec 15 % des investissement impact réalisés en 2014. Plus important et révélateur en terme d'investissements prévus sur 2014, l'Afrique était citée comme la première région où les investissements à réaliser allaient augmenter. Devant elle, l'Amérique latine et l'Amérique du Nord ont concentré respectivement 19 et 22 % des investissements. Je vous laisse prendre connaissance du graphique qui s'affiche à l'écran. Ensuite, par growth state, degré de développement de l'entreprise. Cette grille d'analyse que je vous laisse découvrir fait apparaître la concentration des investissements à impact à des stades de développement des entreprises les moins soumises au risque. Ainsi le growth stage et mature state représentent à eux deux 80 % des investissements en valeur. C'est une bonne démonstration du problème actuel de l'impact investing, il ne répond pas complètement à la réalité des besoins des entrepreneurs sur le terrain et il limite le potentiel d'impact du secteur. Enfin, une répartition par secteurs et industrie. Actuellement, sur la totalité des investissements en cours, portefeuilles suivis, microfinance et services financiers de façon générale arrivent en tête. Ceci s'explique par le fait que la microfinance a connu un fort développement et une démultiplication, scaling, importante, concentrant ainsi des montants tout aussi importants, car elle avait fait la preuve de son concept. Ainsi le secteur de la microfinance est investi par des acteurs privés depuis plus d'une dizaine d'années pour le meilleur et parfois le moins bon, ainsi qu'en attestent les nombreuses controverses qui ont cours. Ce n'est cependant pas le lieu de rentrer dans ces débats, il convient simplement d'être conscient qu'ils existent. En terme d'investissements prévus, on note une hausse prévisionnelle de l'investissement à impact dans les secteurs de la santé, de la nutrition et de l'agriculture. Au-delà de ce bref et rapide état de la situation, on peut noter encore et malgré tout des barrières nombreuses et persistantes au développement de l'impact investing malgré des besoins plus importants que jamais. Voici les deux plus importantes : d'abord, la demande et l'offre sont encore mal ajustées, ce qui entraîne plusieurs conséquences. Un, la méfiance des propriétaires de TPE-PME dans les pays en développement à avoir recours au financement via l'equity, ils craignent un perte de propriété, une perte de contrôle, ils ne connaissent pas bien les structures. Deux, le fort coût d'opportunité à passer d'un modèle informel à un modèle légal, le coût des taxes, des licences. Trois, des barrières légales et gouvernementales locales à l'investissement en equity. Quatre, une décorrélation entre les besoins des entrepreneurs et les deals sur lesquels les investisseurs sont les plus prompts à s'engager tant en terme de montant qu'en terme de degré de développement des entreprises. Par exemple, les investisseurs à impact investissent typiquement sur des projets de scaling, dont le risque a été circonscrit par des premiers retours du marché ou des clients. Ils interviennent alors sur de grosses enveloppes. Réciproquement, les entrepreneurs en early stage, en démarrage, qui sont en demande d'enveloppe moindre, de 1 000 euros à 100 000 euros, pour tester leur prototype et valider des hypothèses de marché, ont de grandes difficultés à trouver des investisseurs prêts à prendre le risque. Ensuite, et c'est la deuxième grande barrière, les infrastructures sont inadaptées au développement de l'investissement à impact. On retrouve la problématique des investisseurs classiques à laquelle s'ajoute la question de la mesure d'impactqui reste un exercice très difficile. J'aborde cette question dans le deuxième MOOC, La finance qui change le monde, Être un acteur de l'impact investing. Cela se traduit par là encore plusieurs choses. Un manque d'intermédiaires faisant le lien entre investisseurs et bénéficiaires. Il est ainsi difficile pour les investisseurs de trouver les deals correspondant à leurs critères. Deuxièmement, un manque de données financières. Les credit histories et les track records qui permettent de calculer les risques inhérents à l'investissement dans de telles structures sont sont inexistant. Troisièmement, les due diligence sont difficiles à réaliser dans de telles conditions. Quatrièmement, l'absence d'outils communs ou uniformes pour mesurer l'impact social. Ce défaut entraîne des difficultés pour les financeurs à comparer les performances et à gérer leur portefeuille. Le besoin fort d'accompagnement en amont avant l'investissement est également prégnant. Pour conclure, l'impact investing doit être appréhendé comme un complément de l'action publique, et non comme un substitut de l'action publique et de l'action des acteurs traditionnels. Il y a donc nécessité de définir le rôle de l'impact investing au sein de l'économie car même si le secteur privé devient plus sensible à l'impact, il y aura toujours un public en difficulté qui n'intéressera pas le secteur privé et qui restera hors scope. Or il faudra répondre aux besoins de ce public. Pour le débat en Europe, pour pourrez utilement vous reporter au document de l'OCDE, Public Framework for Investment, PFI, qui traite de la nécessité de mieux analyser et prendre en compte les risques pour permettre un développement de l'investissement privé à impact.