[MUSIQUE] [MUSIQUE] L'impact investing recouvre une vaste diversité d'acteurs avec des spécificités, des motivations, des enjeux, et des perspectives qui sont différentes et qui doivent être connues et explorées pour mieux s'y repérer. On pense d'abord aux fonds institutionnés et publics comme BPI France ou certains fonds de la CDC, Caisse des Dépôts, les banques gestionnaires d'actif traditionnels de l'économie sociale et solidaire, le Crédit Coop, le Crédit Mutuel ou la Caisse d'Epargne, Les nouvelles banques qui agissent dans le secteur grâce à l'épargne salariale solidaire, avec par exemple Amundi, BNP Paribas ou Mirova, les financeurs et investisseurs solidaires de la première heure, comme France Active, l'IDS, ou les Cigales, les nouveaux fonds d'investissement Apax, avec Siparex, Investir&+, le Comptoir de l'Innovation, Phitrust, Citizen Capital, les entreprises qui s'engagent, citons le fond Danone écosystème, le fond EDF, NJ ou Véolia, et enfin les acteurs de la micro-fianance comme l'ADI. Il faut d'abord bien distinguer l'impact investing des prêts bancaires, dont les organisations de l'économie sociale et solidaire ne manquent pas contrairement à une idée reçue trop souvent entendue. Les banques coopératives comme le BPCE, le Crédit Agricole, ou le Crédit Mutuel, pour ne citer que les plus gros, maillent tout le territoire. Ces banques représentent 60 % des dépôts bancaires en France, elles sont ancrées dans la proximité et savent financer les projets de l'économie sociale et solidaire. En revanche, les entreprises sociales sont confrontées à deux problèmes majeurs auxquels l'impact investing peut apporter des solutions. Tout d'abord l'accès aux fonds propres, deuxièmement, l'ingénierie financière. Pour ce qui est de l'accès aux fonds propres, les entreprises sociales et les structures de l'ESS ont non pas été ignorées par les acteurs de la finance traditionnelle, du fait principalement de leur structure capitalistique et de leurs statuts, mais aussi de leur approche spécifique du profit qui interdit ou limite très significativement les sorties en plus value. Ainsi selon Pierre Valentin, directeur général du Crédit Coopératif, l'ESS ne capte qu'1 % des investissements dans les sociétés non cotées, soit 300 000 millions d'euros, contre 30 milliards d'euros pour les seuls fonds communs de placement à risque, SCPR. Et pourtant les besoins en fonds propres de ces organisations quel que soit le secteur sont considérables, équivalent finalement à ceux de leur concurrents du secteur privé lucratif, sur un même secteur d'activité. Il y a donc un besoin de capitaux propres qui reste largement insatisfait. Les associations du secteur médico-social ou les mutuelles de santé vont devoir réaliser dans les années qui viennent des investissements très importants pour s'équiper ou se moderniser. Il est absurde d'en limiter le financement aux prêts bancaires, et de se priver des moyens qu'offrent des investisseurs capables prendre des risques et d'espérer une rémunération compensant le risque pris. Pour ce qui est de l'ingénierie financière, elle requiert des compétences qui sont très éparpillées quand elles existent dans le secteur de l'ESS, et elles coûtent cher. Or les acteurs de l'économie sociale et solidaire rechignent à la payer à son prix, comme le font pourtant les entreprises du secteur privé lucratif, dans les opérations de private equity. Reprendre une PME industrielle d'une certaine taille pour en faire une SCOPE, racheter une clinique privée pour en faire une clinique mutualiste, ou bien encore monter une coopérative énergétique sont des opérations complexes et qui représentent des montants importants, qui nécessitent et justifient une ingénierie qui n'existe pas forcément. Je vais donc vous présenter les principaux produits et services existant, les principales sources de financement disponibles ainsi que les organisations qui les commercialisent ou les fournissent. Ce sera aussi l'occasion de faire le point sur ce qui fonctionne et ce qui mériterait d'être amélioré pour les produits et services actuels. Puis dans un deuxième temps je décrierai brièvement les acteurs de l'impact investing. Venons en à l'existant, aujourd'hui un entrepreneur social peut trouver des moyens de financer son activité ou sa croissance et son développement auprès des pouvoirs publics, dans le cadre de subventions ou de dotations globales de fonctionnement sans oublier les prix de journée dans le secteur social et médico-social. Chacun le sait, les deniers publics ne suffisent plus à financer des besoins qui croissent plus vite que la richesse nationale. Pourtant les dépenses sociales des collectivités territoriales sont en hausse constante, à un rythme très supérieur à celui de leurs recettes. Ainsi qu'en atteste les données fournies sur les dix dernières années par l'ODAS, l'Observatoire des Dépenses d'Actions Sociales. Il y a donc un effet de ciseaux qui s'annonce, mais qui n'a pas encore produit tout ses effets négatifs. Contrairement à l'idée complaisamment répandue ces dernières années, les dépenses sociales n'ont pas encore baissé en France, elles n'augmentent plus aussi vite que les besoins. Une entreprise sociale peut aussi avoir recours à la philanthropie. Qu'elle provienne de l'entreprise, et c'est du mécénat, ou des individus, et on parlera de don ou de lègue. Ce mode de financement en progression très significative ces dernières années n'est pas a priori considéré comme de l'impact investing, puisqu'il n'inclue aucune contrepartie pour le philanthrope. En effet la philanthropie en France, encore timide il y a une vingtaine d'années, a désormais franchi une étape décisive. La croissance des fondations s'est spécialement accélérée ces cinq dernières années. Entre 2009 et 2014 elles ont augmenté de 43 % portant à 2229 fondations le nombre actuel de fondations en France. De plus, 2000 fonds de dotations ont vu le jour depuis la création de ce statut en 2009. Tout ce ci pour un montant annuel de dons de 4 milliards d'euros pour les particuliers et de 4,9 milliards d'euros pour les fondations d'entreprise, sans oublier les lègues qui représentent un montant d'environ 1 milliard d'euro. Cependant on voit de plus en plus émerger, c'est un mouvement qui a démarré une dizaine d'années aux Etats-Unis, la Mission related philanthropy, c'est-à-dire que le mécène va demander à quoi son argent est utilisé, comment et pour quels résultats. Cette philanthropie constitue les prémices de l'impact investing, et on va y revenir. L'entrepreneur social peut également avoir recours aux titres participatifs créé en 1983 déclinés en titres associatifs en 1985 pour permettre aux associations de bénéficier de cette opportunité de se constituer des fonds propres. Ces titres participatifs ont été créés en même temps que le premier fond d'investissement, l'IDES, Institut de Développement de l'Economie Sociale, destiné à apporter des fonds propres aux organisations de l'économie sociale et solidaire. Et à ce jour avec 55 millions d'euros d'encours, ce fond constitue l'une des principales structures d'investissement en fonds propres dans les entreprises sociales et les organisations de l'ESS.