[MUSIQUE] [MUSIQUE] L'interaction avec les patients, les familles et les professionnels s'est faite durant des phases d'immersion assez importantes de l'équipe pluridisciplinaire de designers, donc Care and Co, qui sont venus une semaine par mois, régulièrement, avec souvent trois jours en présence des équipes. Ils ont commencé déjà par rencontrer les différents professionnels du service, puisque vous avez des médecins, des neuropsychologues, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des secrétaires, le personnel infirmier, etc. Donc, c'était déjà de les rencontrer dans l'exercice de leur métier au quotidien, de les observer, de les interviewer. C'est très important de venir confronter l'interview à l'observation puisque on ne fait pas forcément ce qu'on dit, c'est l'écart entre les représentations professionnelles culturelles et la réalité. Et puis ensuite la mise en forme par des scénarios, par des petites histoires et déjà des maquettes de ce qu'ils ont pu observer. Donc là, on est dans toute la phase diagnostic. Mais se mettre d'accord sur un diagnostic partagé par l'ensemble des professionnels est extrêmement important avant d'aller rechercher des solutions. Et ces moments de restitution par l'équipe de designers se faisait dans l'espace dans lequel nous nous trouvons, et c'est à ce moment-là que les patients et leurs familles étaient sollicités pour venir interagir avec nous sur les diagnostics qui étaient proposés. La participation des patients et des familles s'est faite extrêmement naturellement, du fait de la convivialité naturelle de l'équipe de soignants et de l'équipe de designers, et puis de l'attraction des outils présentés, en fait, des supports très visuels. >> Alors, l'apport en fait de chaque professionnel dans la construction du projet a été extrêmement intéressant. Ça ne s'est pas fait au travers de heurts, bien évidemment et bien au contraire. Le médecin a donné son avis d'un point de vue médical par exemple pour la manière dont les fauteuils allaient être faits, comment ressortir d'un fauteuil avec des problèmes de hanche. Le kinésithérapeute à ce niveau-là a également donné son avis. Le neuropsychologue, lui, a donné son éclairage par rapport aux troubles cognitifs, donc en l'occurrence, qu'est-ce qui peut agir sur le calme, la lumière, le son. L'ergothérapeute a donné bien évidemment son éclairage d'ergothérapeute par rapport à la manière dont il fallait agencer la pièce. Tout cela pour vous dire que chaque professionnel a apporté, par le biais de son faisceau d'éclairage et de compétences, des éléments qui ont été extrêmement utiles à la création du projet. >> On avait choisi des couleurs assez vives >> parce que nous, on est dans le dynamisme du travail, or il fallait des couleurs beaucoup plus atténuées pour apaiser nos patients. Alors, le gros plus des designers, c'est qu'ils sont venus et se sont mis à la place des patients, ils ont suivi le parcours du patient, à la place des familles, ils ont suivi le vécu des familles qui viennent le matin, qui viennent le soir. ils se sont mis à la place de nous, de nous, professionnels, ils ont suivi ce qu'on faisait. Et c'est à partir de là qu'ils ont pu nous aider à faire émerger les idées, les bonnes idées. Parmi d'autres exemples, faire des petits salons pour que les gens puissent s'isoler un petit peu et pas être tous les uns à côté autres. >> Autre solution que nous avions envisagée, >> c'était la création d'un bureau en salle kiné, qui n'a pas pu être faite, également pour le même motif, à savoir des restrictions budgétaires. Alors, l'intervention de professionnels extérieurs, au tout début, on avait quelques craintes. On s'est dit, comment on va gérer finalement ces personnes qui arrivent en immersion dans un service sachant qu'on a notre pratique professionnelle qui est très active et très dense au cours d'une journée. Et finalement, on a vu arriver cette équipe de jeunes designers plein d'envie, plein d'entrain, finalement découvrant la population gériatrique. Ils ont réussi à être en parfaite immersion, c'est-à-dire présents, mais pas gênants. Et ils ont eu des idées par exemple de se mettre dans un fauteuil roulant et de voir qu'est-ce que voit une personne âgée lorsque l'on l'emmène en radio, lorsque on l'emmène dans un des bureaux. Ils nous ont fait des transmissions par rapport à tout ça. Nous, en tant que professionnels qui travaillons plus de huit heures par jour dans ces locaux, ces locaux n'étaient plus des locaux mais étaient un lieu où étaient des patients toute la journée, et on avait la vision des patients par le regard de ces jeunes designers en immersion. Pour nous, ça nous a permis finalement de se décentrer et d'avoir un autre regard. C'est-à-dire que notre lieu de travail n'était plus un seul lieu de travail, mais aussi un lieu où l'on recevait des patients et où leur regard était important. Donc, pour nous, on ne l'a pas du tout vécu finalement comme une charge, mais voilà. Je pense que c'est aux designers qui viennent en immersion de savoir s'adapter aussi aux équipes, d'être là en pointillés et tout en nuance. et je pense que les choses se déroulent très très bien. [MUSIQUE]