[MUSIQUE] [MUSIQUE] Le Comptoir de l'innovation, c'est une organisation qui appuie le développement des entreprises sociales et des entrepreneurs sociaux en France et dans le monde. Nous agissons principalement en accompagnant ces entrepreneurs, en accélérant le développement des entreprises dans des incubateurs et en finançant ces entreprises, en investissant en fonds propres donc et notamment en capital de telle sorte qu'elles aient les moyens de se développer et de changer d'échelle. Alors, quelles sont aujourd'hui les grands gisements potentiels d'augmentation des fonds d'impact investing? En matière d'épargne solidaire, il existe un très beau dispositif qui a été inventé il y a une dizaine d'années et qui a réellement pris son envol il y a seulement cinq ou six ans en France, c'est l'épargne salariale via les fonds 90 10. Cette épargne solidaire, elle dispose encore d'un très fort potentiel de développement je pense, car aujourd'hui, elle concerne plusieurs centaines de milliers de salariés et à peu près quatre milliards d'euros qui ont été épargnés par des salariés et placés dans des fonds d'épargne salariale solidaire. Donc à peu près 10 % de ces fonds sont investis dans des entreprises solidaires, soit 400 millions d'euros. Les quatre milliards d'euros, cela représente à peine 4 % du total de l'épargne salariale qui est d'à peu près 100 milliards et il y a donc en France un fort potentiel de développement de cette épargne salariale solidaire. On voit que les salariés, entre 5 et 10 % des salariés sont vraiment intéressés, franchissent le pas, placent l'argent de leur épargne dans ces fonds et par conséquent, cela génère un flux annuel d'investissements nouveaux en direction des entreprises solidaires qui est de l'ordre de 50, 60 millions d'euros, ce qui est tout à fait intéressant et cela peut encore croître. J'espère que de quatre milliards d'euros aujourd'hui, on arrivera bientôt à 10 milliards peut-être et donc un milliard investi dans des entreprises solidaires. Donc d'une part l'épargne salariale solidaire et d'autre part le crowdfunding qui a en effet monté en puissance. Il y a un concept très intéressant en particulier qui est le crowd equity, c'est-à-dire la mobilisation de l'investissement en capital à travers le crowdfunding. Les premiers acteurs du crowd equity à destination des entreprises sociales sont en train d'émerger et compte tenu du fait que la règlementation sur le crowd equity a été pas mal assouplie il y a un an pour permettre l'essor de cette forme de financement, nous pensons que cette forme de financement a de beaux jours devant elle, y compris en direction des entreprises sociales et à impact social. Et enfin, last but not least, l'épargne des français est très largement aujourd'hui gérée par des institutionnels, des investisseurs qui sont des assureurs, la Caisse des dépôts, les gestionnaires d'actifs et depuis plusieurs années, notamment à travers le développement de l'épargne salariale solidaire, ces institutionnels se sont peu à peu acclimatés à cette nouveauté qu'est l'investissement à impact social. Le sujet, c'est de les amener sur l'épargne qu'ils gèrent de façon massive, c'est-à-dire notamment sur l'assurance-vie à investir une part de cette épargne en direction des entreprises sociales et sous forme d'impact investing. Et ça, ça représente un gisement potentiellement très important de mobilisation d'épargne. Certains assureurs ont décidé de commencer à investir dans des entreprises sociales et il faut poursuivre le travail de conviction. Il faut faire gagner en crédibilité cette classe d'actifs nouvelle qu'est l'investissement à impact social auprès de ces acteurs-là pour que demain, ce ne soit pas un millième des actifs qu'ils gèrent qu'ils investissent mais pourquoi pas 1 % ou davantage, ce qui représenterait si on parle de l'assurance vie pas mal d'argent puisqu'il y a aujourd'hui 1 500 milliards qui sont gérés par les assureurs vie en France. On a des assureurs pionniers qui ont créé pour certains des contrats d'assurance-vie solidaires et il y en a d'autres qui ont décidé d'investir une partie de la masse d'assurance-vie qu'ils gèrent à raison de 10 ou 20 millions, ce qui est une petite partie de ce qu'ils gèrent mais qui représente un investissement intéressant en matière d'impact investing. On peut citer l'exemple d'Aviva qui a décidé il y a deux ans d'investir très concrètement dans des entreprises à impact social et a donc pris la décision de confier au Comptoir de l'innovation d'abord 10 millions puis cette année à nouveau 10 millions supplémentaires. Ces 20 millions d'euros sont prélevés sur l'actif général d'assurance-vie que gère cette société et dans le cadre d'une relation partenariale très intéressante, nous travaillons avec Aviva pour investir pour son compte en quelque sorte ces sommes en capital dans des entreprises sociales à fort potentiel de développement. Ce sont des entreprises jeunes, des entreprise à un stade plus avancé de développement mais toujours avec une préoccupation de mesure de leur impact social, nous fixons avec ces entreprises, un objectif d'augmentation de leur impact social et Aviva tient à cet objectif parce que finalement, c'est ce qui donne sens à sa décision de consacrer une partie de ses actifs à l'investissement à impact social. Et enfin bien sûr, il est possible à tout un chacun d'investir dans une entreprise sociale directement. Ces possibilités-là se développent notamment parce qu'elles sont facilitées fiscalement. Et donc du coup, les entreprises sociales se sont intéressées à ces investisseurs de proximité qui sont des gens qui habitent près de chez elles, qui s'intéressent au développement économique, au développement en terme de cohésion sociale de leur territoire. Et nous voyons de plus en plus d'entreprises sociales qui vont directement chercher du capital auprès d'une communauté d'investisseurs de proximité. Et puis se sont développés aussi dans plusieurs régions des outils de financement de proximité qui mobilisent l'épargne de citoyens, l'épargne de personnes physiques sur un territoire qui souhaitent contribuer de façon très directe en circuit court au développement des entreprises sociales et des entreprises tout court d'ailleurs et ainsi créer de l'emploi, créer de l'activité sur leur territoire. Cela peut se faire en confiant son argent à une société d'investissement local. Il en existe dans plusieurs régions, au Pays Basque, en Corse, en Bretagne, dans le Nord-Pas-de-Calais et d'autres sont intéressés pour créer ce type de sociétés. On a de très bons exemples, je peux en choisir un en région Rhône-Alpes, par exemple dans la région de Valence où une entreprise sociale qui s'appelle Archer qui a développé tout un tas d'activités dans l'objectif de donner de la vitalité économique à son territoire s'intéresse à l'investissement de proximité. Donc, les activités développées par Archer, c'est aussi bien de l'intérim en tant que sous-traitant industriel, en tant que fabriquant de chaussures parce que Archer est basé à Romans qui est un bassin d'emploi historiquement orienté sur la fabrication de chaussures. Archer emploie aujourd'hui plus de 300 salariés et a ouvert son capital à un ensemble de citoyens, de personnes de son territoire. Il y a aujourd'hui 110 personnes qui sont actionnaires de Archer. Ces personnes, elles ont très concrètement investi au capital de la société pour aider au développement de cette entreprise. Et si on cherche un exemple de société d'investissement local, qui collecte de l'argent sur un territoire pour le réinvestir sur le territoire, nous pouvons citer Herrikoa qui est un très bon exemple au Pays Basque, qui a collecté plusieurs millions d'euros auprès de personnes de la région pour l'investir dans de petites entreprises du Pays Basque qui créent de l'emploi, qui créent de l'activité économique sur le territoire. [AUDIO_VIDE]