[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je vais vous parler des manques que je perçois en matière de financement pour que les entreprises sociales françaises se développent. Il y a une difficulté pour les investisseurs à soutenir des entreprises jeunes, très jeunes, au moment de leur création notamment, parce que c'est une phase qui leur fait prendre un risque assez substantiel. L'entreprise n'a pas encore de passé, on n'a pas encore bien vu son potentiel de marché, le potentiel de l'entrepreneur, et par conséquent, il y a un risque d'échec pas négligeable. Sur ces entreprises en création, on a souvent 20 à 30 % d'échec, même si on accompagne l'entreprise de façon très professionnelle. Donc développer des outils d'amorçage, notamment en fonds propres, aider des entreprises à structurer du haut de bilan, leur apporter du capital, pour qu'ensuite elles puissent lever d'autres financements, notamment des emprunts bancaires, eh bien, je pense que cela reste assez largement à inventer en France aujourd'hui. Et pour le coup, on peut imaginer que la puissance publique, s'impliquant sur ce sujet, pourrait aider à viabiliser cette action de financement des entreprises sociales en amorçage, comme elle l'a fait, d'ailleurs, avec les entreprises technologiques, avec le Fonds national d'amorçage. Alors, il est évidemment, pour autant pertinent, de mobiliser des capitaux privés mais avec une formule de combinaison avec l'action publique, qui permet une viabilité économique de ce financement des entreprises sociales en amorçage. Voilà, pour moi, c'est le principal sujet. Il y en a un autre, qui est celui l'investissement de sommes importantes, lorsqu'on parle de plusieurs millions d'euros, de 5 millions, 10 millions, pour des entreprises qui, elles-mêmes, peuvent faire plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaire, on est donc un peu à l'autre bout du spectre, mais là aussi, il y a des besoins. Les investisseurs à impact social ont une taille telle, aujourd'hui, que c'est difficile pour eux d'investir plus que, on va dire, 2 millions d'euros, 3 millions d'euros par acteur. Sur une entreprise sociale, alors, il n'y a certes pas des dizaines et des dizaines de ces entreprises en France, mais il y en a quand même un certain nombre, qui, aujourd'hui, sont en difficulté pour financer leur développement parce qu'elles sont des entreprises sociales et que du coup, les investisseurs à impact sont limités par leur propre taille pour les soutenir. Alors le problème commence à être traité, notamment par la création de fonds abondés par Bpifrance, qui sont de taille plus importante. Lorsqu'on commence à avoir un fonds qui a une taille de 50 millions d'euros, 100 millions d'euros, on peut se permettre d'investir plus d'un ou 2 millions par projet, sans prendre un risque démesuré. Mais enfin, dans ce domaine, il reste encore pas mal à faire pour financer des associations et pour financer même des entreprises sous statut commercial, à impact social. Si on s'intéresse plus largement aux innovations liées à l'écosystème, nous travaillons au Comptoir de l'innovation, à l'international, à la création d'un réseau d'incubateurs, dont je vous parlais tout à l'heure, qui consiste pour nous, à mettre en réseau des entreprises sociales du Maghreb, de France, d'Amérique, d'Asie, pour faciliter la circulations des innovations entre les entrepreneurs de ces différents continents. Y a vraiment un sujet dans le fait de permettre à des entrepreneurs qui ont une idée innovante, de l'exporter, de faciliter son exportation, par exemple en Asie, si c'est une réalité qui a germé en France. Mais aussi de permettre à des entrepreneurs français de s'approprier, par exemple, des idées intéressantes, en matière d'impact social, qui auraient pu naître aux États-Unis, ou ailleurs. Donc créer ce réseau d'incubateurs, c'est pour nous, un objectif très important. Il y a dans les gènes du Comptoir de l'innovation, l'idée qu'il est intéressant à la fois d'accompagner les entrepreneurs et d'investir dans les projets de ces entrepreneurs, d'apporter une sorte de service complet et en l'occurrence nous allons chercher à développer ce service, y compris avec des services d'investissement donc, auprès d'entrepreneurs innovants, un peu partout dans le monde. Nous montons un fonds, en ce moment, avec un partenaire qui est spécialisé dans le financement de la technologie, de l'économie numérique. Un fonds qui aura pour objectif de soutenir le développement des entreprises technologiques à fort impact social, des entreprises dans le domaine de l'économie du partage, de l'économie circulaire, de toute cette nouvelle économie de demain, qui est actuellement en émergence, et qui est susceptible d'avoir un impact social très important. Nous, nous sommes une entreprise spécialiste du financement des entreprises sociales, de la mesure de l'impact et de l'accompagnement des entreprises sociales. Nous ne sommes pas des spécialistes du financement des entreprises très technologiques qui mobilisent une recherche et un développement importants sur des sujets de science un peu durs. Et donc, nous avions besoin d'un partenaire qui soit plus spécialisé dans ce domaine, pour travailler sérieusement sur ces sujets. C'est donc ce que nous avons fait, nous sommes en train de monter un fonds d'investissement, dont nous souhaitons qu'il mobilise aussi bien des investisseurs publics comme Bpifrance ou le Fonds Européen d'investissement, que des investisseurs privés, notamment des investisseurs institutionnels, de telle sorte qu'on puisse nous doter de plusieurs dizaines de millions d'euros et qu'il puisse investir de façon significative sur les projets que nous aurons sélectionnés. C'est un exemple, mais on peut en donner un autre, qui est intéressant, très peu traité à ce jour, malheureusement. Nous sommes en train de travailler avec un partenaire, spécialiste de l'entrepreunariat culturel, qui s'appelle Scintillo, qui gère notamment la Gaieté lyrique à Paris, à la création d'un fonds d'investissement dans des entreprises culturelles en décollage, de jeunes entreprises culturelles qui visent à changer d'échelle et à développer leur impact, leur impact dans le domaine culturel en l'occurrence. Scintillo n'est pas un spécialiste du financement des entreprises, c'est un spécialiste de l'entrepreunariat culturel, alors que nous, nous sommes des spécialistes du financement. Scintillo connait très bien son écosystème, nous connaissons le notre, et donc, eh bien, cette alliance doit nous permettre d'être performants sur ce sujet. Nous menons un autre projet intéressant, mêlant une collectivité des acteurs de l'entrepreunariat social dans une grande ville française. Dans ce cas là, nous avons proposé à la collectivité de créer un incubateur de fonctionnaires, d'agents du service public, qui ont des idées innovantes et d'appliquer à ce public de fonctionnaires innovants, les processus d'accompagnement et d'appui à l'émergence de nouveaux projets que nous appliquons avec les startups, les jeunes entreprises innovantes à impact social. Et donc nous proposons à ces fonctionnaires, issus de la collectivité, qui ont une idée innovante de nouveaux services publics ou d'intérêt général, de suivre un processus d'accompagnement, de coaching, pendant 6 mois à un an, qui va, normalement, aboutir soit à une façon différente de délivrer le service public, soit à la création d'une nouvelle activité d'intérêt général. Cette activité pourra être portée, pourquoi pas, par une entreprise sociale et elle devra permettre d'améliorer le service à porter à la population. Tout cela, nous le faisons en lien avec un partenaire local, en l'occurrence, il s'appelle ATIS, qui est spécialisé dans l'accompagnement des entrepreneurs vers la création d'entreprises sociales. Il y a un exemple très intéressant en matière de structuration de l'écosystème de l'investissement à impact social, qui est l'exemple Anglais; puisque les Anglais ont travaillé de façon méthodique, rationnelle, depuis une dizaine d'années, pour structurer un écosystème qui soit performant en matière d'accompagnement des entreprises sociales vers une situation où elles pouront être financées. Ils appellent cela, l'Investment Readiness. Et donc ils ont développé des programmes, y compris des programmes financés par le gouvernement, de préparation à l'investissement dans les entreprises sociales, car ils ont bien compris que c'était une condition pour que ces entreprises puissent changer d'échelle. Et ils ont également créer des outils parapublics, notamment un outil qui s'appelle Big Society Capital, pour apporter des fonds, sur des montants assez importants. Big Society Capital est doté, au total, de 600 millions de livres. Et il y a de nouveaux outils de financement à impact social, basés sur le principe que Big Society Capital apporte 1 euro lorsque des investisseurs privés mettent 1 euro dans l'outil en question. Donc, c'est un levier très intéressant de création de nouveaux outils de financement à impact social, avec une ouverture sur des façons nouvelles de faire de l'investissement, qui est également intéressant, c'est-à-dire, qu'ils ne se contentent pas d'investir dans des fonds structurés de façon très classique, ils poussent aussi le développement des contracts à impact social, des obligations à impact social et d'autres formes de financement. Et tout cela permet de simuler la création d'un écosystème de financement de l'impact social qui, au total, devient, depuis quelques années, très intéressant au Royaume-Uni. [AUDIO_VIDE]