[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour, je m'appelle Pascal Lorne, j'ai 42 ans et je suis un entrepreneur ou un serial entrepreneur, comme certains aiment nous décrire, nous, entrepreneurs qui avons eu plusieurs entreprises, les unes à la suite des autres. Ma dernière entreprise, qui s'appelait Miyowa, était basée dans la Silicon Valley, et nous avons été les pionniers sur l'internet mobile, puisque nous avons même été les premiers à apporter le mail sur téléphone, puis Facebook, puis Twitter. J'ai, lors du développement de l'entreprise, bien évidemment, eu financé mes activité par diverses manières. Premièrement à travers du leasing, pour du matériel, et puis bien évidemment, à travers des VC, qui sont rentrées en capital et qui ont aidé le financement de l'entreprise. Je pense que l'on peut résumer à trois points les points essentiels que l'on attend d'un VC, et que moi, en tous cas, j'ai pu percevoir comme importants dans ma vie d'entrepreneur. Le premier point c'est, bien évidemment, de l'argent. Du capital. Pour pouvoir financer la croissance, financer les embauches, financer la recherche et le développement, financer l'internationalisation de l'entreprise. Et quand on dit financer, on parle bien souvent de smart money, c'est-à-dire on apporte de l'argent à l'entreprise, mais aussi un tissu relationnel derrière, qui permet de nouer plus de partenariats, qui permet de recruter des personnes auxquelles nous n'avions pas accès avant, parce que lorsqu'on est petit et qu'on n'a pas de capital, il est difficile de faire venir des talents, et smart money, c'est aussi des relations avec des clients potentiels, auxquels nous n'avions pas accès avant. Donc ça, c'est le premier point, c'est vraiment le financement, le smart money. Le deuxième point, c'est les conseils stratégiques. Je pense qu'un investisseur bien souvent, demande à être présent aux boards, et c'est pour une bonne raison, c'est pas uniquement pour venir surveiller l'entrepreneur, mais c'est aussi pour pouvoir être présent à ses côtés, de manière formelle avec des réunions planifiées tous les trois, quatre ou cinq mois au sein d'un conseil d'administration et d'une assemblée générale, mais aussi au sein d'un board plus informel, qui se réunit par téléphone ou physiquement toutes les quatre à six semaines, pour pouvoir faire le point sur l'entreprise, et être certain d'apporter le soutien nécessaire lorsqu'il y a des décisions stratégiques à faire. Et enfin, le troisième point, je pense qu'on n'en parle pas beaucoup mais c'est un point qui est vraiment important, c'est le soutien. Le soutien, oui, le soutien : un entrepreneur est souvent bien seul. Il est seul, aussi, face aux investisseurs parfois, mais il a une aventure devant lui, que l'on peut comparer, parfois, à une grande traversée du désert, dont on ne connaît pas la ligne d'arrivée. Moi-même, je suis coureur du Trade Trail, donc il m'arrive de faire des marathons de plus de 200 km dans le sable, et on ne sait pas quand est-ce qu'on va arriver. Est-ce qu'on va mettre 20 heures, 40 heures, avant de franchir la ligne d'arrivée? On ne sait pas. Mais pendant ce temps-là, on réfléchit, et on se dit : c'est dur. Il faut continuer. Et avoir à ses côtés un investisseur, et des personnes qui nous soutiennent moralement, dans les coups durs comme dans les joies de l'entreprise, c'est je pense probablement un point qui n'est pas suffisamment souligné, et qui pourtant, est vraiment crucial dans le développement, l'épanouissement du dirigeant. Un dirigeant épanoui, sera un dirigeant plus performant, qui se sent mieux dans ses bottes, et qui va pouvoir mener le développement de son entreprise avec plus de conviction encore. Est-ce que je suis entrepreneur, ou investisseur? Je pense que oui, je suis de plus en plus investisseur, mais je reste investisseur avec une vraie fibre entrepreneuriale. Il y a un vrai changement, entre les barons du XXe siècle, qui devaient attendre d'avoir 70 ou 80 ans pour prendre leurs retraites, et éventuellement faire du give-back, avec des actions philanthropiques, et donc, rendre à la société ce qu'ils ont eu la chance de pouvoir gagner, mais de manière plutôt passive, et une génération de nouveaux investisseurs, entrepreneurs, qui ont eu de la chance, parce que la nouvelle technologie et les entreprises de la Silicon Valley il y a une certaine vélocité qui nous a permis d'accéder plus rapidement au capital, ça nous a permis, à 30, 40 ou 50 ans, d'avoir accès à ce capital, d'avoir accès à ce réseau relationnel, et d'avoir encore l'énergie de faire le give-back, mais différemment. De le faire de manière impactante, de le faire de manière contrôlée, et de manière entrepreneuriale. Le social investing, pour moi, c'est give back, mais de manière circulaire : à travers de l'investissement qu'on utilise pour faire grossir les entreprises. Pour moi, le social investing, prend la manière de deux principales formes. Premièrement, investir dans un fonds d'investissement qui s'appelle Phitrust, et qui regroupe un certain nombre de social investors qui mettent en moyens, qui fédèrent leurs capitaux, mais aussi leur relationnel, et qui donc, peuvent financer une entreprise. Un fonds d'investissement qui détecte les bons dossiers, les accompagne, et dans la durée, peut leur permettre d'avoir une croissance de leur activité. Ça, c'est le premier point. C'est à travers un fonds d'impact investment, qui s'appelle Phitrust. Le deuxième point, pour moi, c'est très important aussi, d'être au quotidien près des petites entreprises donc, je prends également des participations dans des entreprises de tailles petites et moyennes, et récemment, par exemple, j'ai fait une prise de participation dans une petite holding immobilière, qui héberge les locaux de la Croix-Rouge insertion à Marseille. Grâce à cet investissement ils peuvent rester sur place, et sécuriser 150 équivalents temps-pleins. Je pense que le manque le plus crucial, aujourd'hui, en Europe, et en particularité en France, pour les entreprises sociales et solidaires, est un besoin de marketing. Je vais vous donner quelques exemples. Aujourd'hui, figurez-vous que Google, Facebook, Twitter, ou les grandes entreprises de San Francisco ou de Los Angeles ne font plus exclusivement appel à des petits goodies, des petits cadeaux, ou la laverie, ou la crèche, ou le restaurant gratuit, pour pouvoir recruter. Ça ne suffit plus. Parce que, travailler chez Google, si ça n'a pas un sens derrière, les meilleurs informaticiens n'ont pas envie de venir. Et figurez-vous, qu'il y a un certain nombre d'entreprises de la Silicon Valley qui se sont mises à implanter un système, qu'ils appellent le 1.1.1. C'est 1 % du chiffre d'affaires de l'entreprise qui est réinvesti dans des actions sociales et solidaires, 1% des produits de l'entreprise est donné à des projets sociaux et solidaires, et encore plus important : 1 % du temps de chaque salarié, cela inclue les secrétaires, mais le PDG également, 1 % de leur temps, ce qui fait quand même trois jours et demi par an, pendant trois jours et demi, ils vont sur le champ, sur le terrain, aider à reconstruire des maisons détruites par un ouragan, servir des repas aux restos du coeur, et ils arrivent à magnifier leur action sociale et solidaire, en englobant l'ensemble de leurs salariés et en leur disant : écoutez, vous savez quoi? Nous sommes inscrits dans la société. Nous sommes inscrits dans un cœur sociétal qui n'est pas exclusivement codé pour pouvoir faire des logiciels plus puissants, nous sommes aussi inscrits dans une démarche plus globale, et qui nous ouvre les œillères sur le monde, tel qu'il est. Et je trouve qu'aujourd'hui, en Europe, et en particularité en France, travailler dans le monde social, c'est encore, je dirais, connoté d'une notion un petit peu d'avant guerre, poussiéreuse, réunion autour d'une tasse de thé des anciennes associations comme on peut les connaître. C'est pas ça, une entreprise sociale et solidaire. Une entreprise sociale et solidaire, c'est une entreprise qui inscrit son projet dans le cœur du développement durable, dans le cœur de l'avenir d'une société et de son comportement par rapport à la Terre et par rapport aux autres. Et le marketer, je pense que cela passe plutôt bien. [AUDIO_VIDE]