[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je suis Christelle Van Ham, je suis la fondatrice d'un cabinet qui s'appelle, EEXISTE, qui veut dire, En Explorant l'Impact Social et Territorial. On est un petit cabinet qui accompagnons des associations, des fondations, des collectivités sur le sujet d'une meilleure connaissance, et de l'amélioration de leur impact, et notamment sur les questions d'ancrage de cet impact sur leur territoire. Pour donner quelques exemples, au quotidien, on va travailler actuellement avec la fondation VINCI, sur des programmes de dons au niveau de territoire, pour les aider à évaluer l'impact, que ça a sur les dynamiques entre les associations et sur les dynamiques territoriales. On a travaillé avec la fondation SFR sur la mise en place d'une expérimentation territoriale dans le domaine de l'emploi, et on travaille également sur des initiatives plus collectives, comme actuellement sur le collectif pour l'emploi qui a été lancé par cinq entreprises l'année dernière. En termes de parcours, moi ça fait dix ans que je travaille dans le domaine de l'innovation sociale, j'ai passé cinq ans chez Ashoka, aux États-Unis et en France, et depuis un peu plus de cinq ans maintenant j'explore des questions de manière individuelle et collective sur, comment est ce qu'on peut mieux connaître, mieux valoriser, l'utilité de l'action sociale? Et comment est-ce qu'on peut encourager les acteurs à mieux travailler ensemble, à mieux collaborer pour produire plus d'impact? Parce que c'est vraiment notre conviction, chez EEXISTE, que c'est utile de mesurer ensemble, de partager des référentiels d'évaluation, parce que ça permet de mieux se connaître, et donc de mieux agir sur le terrain. Le collective impact c'est une initiative qui va chercher à apporter une réponse plus efficace, et comme son nom l'indique, collective, à un enjeu de société. Et donc, à essayer d'obtenir des résultats plus rapidement, plus importants, plus intéressants sur cette problématique. Donc la problématique en question, elle peut être de toute nature elle peut être sociale, elle peut être environnementale, on voit du collective impact sur des problématiques d'éducation et de décrochage scolaire, de santé, de santé publique, de préservation des écosystèmes environnementaux, mais également de récidive, de criminalité etc. Le collective impact n'est pas déterminé par la nature du problème, mais bien par la démarche, qui va chercher à apporter une réponse plus durable et plus efficace. Donc comment ça fonctionne? Au collective impact c'est plusieurs acteurs qui vont se mettre autour de la table, et qui vont, ensemble, décidé de travailler mieux pour répondre à cette problématique, parce qu'ils ont tous un intérêt partagé, dans cette problématique. Et donc ces acteurs font se fixer des objectifs communs, des objectifs chiffrés par rapport à des indicateurs d'impact. Donc ils vont se dire, par exemple, nous allons chercher à baisser la criminalité sur notre territoire de tant de pour cent, à tel horizon ; et ils vont essayer de faire évoluer leurs pratiques individuelles et leurs pratiques collectives, pour mieux fonctionner. Quand on voit ce qui se passe aujourd'hui dans cette émergence du collective impact, on se pose naturellement la question du financement de ces initiatives collectives. Est-ce qu'il y a aujourd'hui des financements disponibles pour ces acteurs qui cherchent à produire de l'impact de manière collective, et est-ce que, est-ce que, ou est-ce que les financements actuels sont prêts à évoluer pour financer ce type d'initiatives? Donc aujourd'hui, quand on pense action territoriale, on pense collectivités. Mais les collectivités, dans le contexte actuel, n'ont pas les moyens de financer ce type d'innovations. On pense on peut aussi penser finances solidaires, et notamment parce que les dynamiques de collective impact, en France, sont très portées par des acteurs de l'ESS, qui ont une relation privilégiée avec la finance solidaire. Et la finance solidaire a cette spécificité, en France, d'être souvent très territoriale. Quand on voit les acteurs, les grands réseaux de la finance solidaire, ils sont très ancrés dans les territoires, ils ont une forte représentation locale, ils captent de l'épargne localement, et ils réinvestissent ça dans l'initiative territoriale. Donc on peut imaginer qu'il y a un terreau qui soit très favorable à l'émergence d'initiatives qui, finalement, visent à produire de l'impact sur les territoires. Donc on a cité plutôt, Alsace Active, qui finalement joue un rôle moteur dans la fédération des acteurs sur l'émergence d'initiatives collectives pour essayer d'apporter des solutions plus efficaces aux problématiques qui peuvent exister dans l'Est de la France. Mais France Active, de manière générale, s'intéresse beaucoup aux questions d'impact, aux questions d'évaluation, et donc aux questions d'actions collectives, et cherche aussi des réponses à comment financer tout ça. Et plus globalement on voit une nouvelle nature d'investisseurs sociaux d'acteurs de l'impact investing, qui se posent cette question de l'évaluation. Nous, dans notre partique professionnelle, on en croise régulièrement. Et quand on leur parle de cette question de financer le collective impact, on voit qu'il y a un vrai intérêt, même si aujourd'hui il manque peut-être encore les véhicules pour le faire. Donc toute la question c'est, comment, demain, les acteurs qui veulent investir pour de l'impact, peuvent saisir cette vague émergente du collective impact pour, vraiment, contribuer à des résultats à la hauteur de ce qu'on peut espérer, à la hauteur de ce qu'on a observé dans d'autres pays, au Canada, aux États-unis, mais aussi aujourd'hui on commence à voir des initiatives similaires en Belgique, en Angleterre, même en Espagne. Enfin voilà, c'est vraiment un mouvement mondial. Donc il y a un vrai champ d'opportunités pour le financement du collective impact, il y a un champ d'opportunités qui va dépendre de plusieurs paramètres. Déjà il va dépendre de la capacité des acteurs de la finance solidaire à être ouverts à l'innovation dans leurs propres pratiques. Il ne va plus s'agir d'évaluer une organisation, son fonctionnement, son bilan, son compte de résultats, et de voir si on peut financer un projet qu'elle porte. Mais il va s'agir de se fixer un objectif d'impact, et de financer un objectif d'impact, et donc de voir, comment un financement peut être un effet de levier auprès de plusieurs organisations simultanément. Et ça, ça exige une prise de recul, un changement de perspective par rapport au métier classique, du financeur solidaire. Il va aussi falloir que les acteurs qui cherchent à innover dans le collective impact soient force de propositions. Et imaginent des véhicules qui leur permettent de lever de l'argent à la hauteur de l'ambition qu'ils ont pour leur territoire et pour la problématique qu'ils cherchent à traiter. Donc on peut imaginer par exemple que les obligations à impact social soient un véhicule intéressant, puisque les obligations à impact social financent un objectif d'impact dans la durée, et déplacent le risque de l'action sur l'impact. Et comme le collective impact vise un impact, et intègre de l'évaluation, l'obligation à impact social apparaît comme étant un véhicule possible sur des initiatives de collective impact. C'est quelque chose qui commence à émerger de manière assez forte, notamment aux États-Unis. Donc voilà, donc ça, c'est une vraie opportunité. Et il va falloir aussi voir comment on va faire une hybridation. C'est-à-dire que pour financer le collective impact on ne va pas pouvoir se contenter d'une part d'obligations à impact social, d'autre part d'impact investing, ou de finances solidaires. Il va aussi falloir que les acteurs institutionnels, que les fondations, se mobilisent, parce qu'il y a différents temps dans le collective impact. Le premier temps, c'est un vrai temps d'investissement, d'investissement de temps, d'énergie, pour essayer de se fixer cette feuille de route, et ce temps-là, il coûte cher. Et si les acteurs qui n'attendent pas de retour n'investissent pas à ce moment-là, on ne verra jamais émerger de vraies dynamiques de collective impact. Et dans un deuxième temps, les acteurs qui, eux, attendent un retour sur investissement en termes d'impact social pourront intervenir. On on voit déjà aujourd'hui des entreprises, comme on en parlait plus tôt, qui investissent dans ces phases initiales pour faire émerger du collective impact sur les territoires. Et donc ça, c'est très prometteur pour espérer que demain, on voit de vraies réponses aux enjeux d'emploi, aux enjeux d'isolation des populations rurales, aux enjeux de vieillissement comme les premières initiatives tendent à le montrer. [AUDIO_VIDE]