[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Une fois qu'on a passé l'étape du deal, avec le comité d'investissement, on a négocié la documentation juridique, elle a été signée. Là , le mariage commence, la vie en commun peut démarrer. On rentre dans la phase de suivi du projet. C'est une étape, pour la plupart des investisseurs, plus agréable aussi, parce que dans la période précédente, on était dans un lien de négociations, et maintenant, on devient vraiment partenaires du projet, on est membres d'un comité stratégique, et on va participer aux grandes décisions avec l'objectif d'accompagner l'entrepreneur et de l'aider à créer de la valeur financière et extrafinancière. C'est important d'avoir composé un comité stratégique avec des ressources et des expertises diverses, et aussi avec des carnets d'adresses intéressants. C'est là où ça fait vraiment toute la richesse. Pour que ça se passe bien, l'essentiel c'est la confiance, c'est une confiance mutuelle. Il faut que l'investisseur ait confiance dans l'entrepreneur et vice versa. Évidemment, pour avoir confiance il faut être bienveillant. Bienveillant, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas se dire les choses qui fâchent ou les problèmes. Une des choses qui peut créer des difficultés dans les relations c'est quand un entrepreneur n'ose pas parler de ses difficultés, va les cacher, et qu'elles ressortent au moment où il est souvent un peu trop tard pour en discuter. Cette attitude, ça conduit à une perte de confiance, évidemment, et ça met l'investisseur dans une position souvent un peu de repli, de méfiance, qui va faire qu'il va être moins enclin à continuer à soutenir le projet. Donc, c'est important de se parler de tout, pas de tous les détails, il faut rester sur des éléments stratégiques, mais d'échanger, de ne pas avoir peur de parler des échecs, de revenir sur pourquoi. Surtout quand une entreprise est dans une période de création-amorçage, il y aura des choses qui ne vont pas fonctionner. Le plan initial va bouger, c'est forcé. Il y a des pivots à faire. Toute entreprise évolue. Le rôle de ce comité stratégique des investisseurs et éventuellement des membres indépendants qui sont autour de la table c'est d'aider l'entrepreneur à prendre de la hauteur. Il faut qu'il se livre, et ça lui permet de sortir un petit peu de son quotidien où il a les mains dans le cambouis toute la journée, il est vraiment en difficulté à essayer de développer son projet. Là , l'investisseur va lui permettre de se dire : « Attention. Finalement, c'est quoi ta vision à deux ou trois ans? Ton projet, il est bien, mais finalement, l'impact, tu l'as peut-être oublié en recherchant un peu trop de rentabilité. » On essaie de remettre un cadre, de revoir, selon les indicateurs qu'on échange pendant ces réunions. Puis, on identifie aussi, quand il y a une difficulté, est-ce qu'on connaît quelqu'un qui peut aider, accompagner à résoudre cette difficulté. Et nous, ça nous arrive fréquemment d'aller rechercher un DAF à temps partagé, une personne qui a une expertise particulière. On essaie d'avoir des personnes expérimentées qui ont travaillé à des postes importants dans des grandes entreprises ou qui sont des anciens investisseurs, qui peuvent venir et être dans un rôle de coaching des fois quand il y a des difficultés. [MUSIQUE] Si on est dans une relation de confiance, ça facilitera les futures levées de fonds. Quand on a confiance dans l'entrepreneur, dans son projet, on se rend compte qu'on participe à la première, la deuxième, la troisième levée de fonds. On a quelques beaux parcours comme ça. On ne se pose même pas de questions. Les choses se passent bien. L'entrepreneur délivre toujours ce qu'il a dit, voire plus. Il recherche encore plus d'impact. C'est simple, et ça veut dire que ça facilite aussi et ça sécurise le parcours de l'entrepreneur dans le temps, parce qu'une levée de fonds, ça prend du temps. Si on a une bonne relation avec ces investisseurs et qu'ils peuvent réinvestir, c'est un temps gagné énorme, donc c'est vraiment très important. Et eux, s'il y a besoin d'aller chercher d'autres investisseurs, seront les meilleurs ambassadeurs du projet pour aller contacter des co-investisseurs potentiels. Dans le monde de l'investissement à impact, on se connaît bien, on aime bien travailler ensemble. Et puis, un jour, il y a une sortie qui est nécessaire pour tout investisseur. Dans son modèle, il a besoin aussi de pouvoir réaliser son investissement financier. Ce qui va être important pour un investisseur à impact c'est de s'assurer que la sortie ait du sens et qu'elle va préserver le projet social et environnemental qu'il a accompagné. Ça, c'est vraiment le sujet clé des investisseurs à impact, qui n'est pas encore totalement résolu, puisque c'est un secteur récent, on n'a pas eu encore de sorties. Donc, c'est un gros enjeu du secteur, c'est de prouver qu'on est capables de mener ces projets jusque là et qu'on trouve des sorties qui ont du sens. On a eu quelques sorties positives qui vont dans ce sens-là . On a participé à l'aventure Microdon. On était là depuis le départ en 2012. C'est un des premiers investissements à impact réalisés en France. Et l'année dernière, ils ont été rachetés par KissKissBankBank, la banque postale. Les fondateurs sont toujours là . Ce sont eux qui ont choisi. C'est une continuité intéressante, et vraiment une logique très intéressante dans le projet. Le projet est toujours le même actuellement, et même enrichi par cet adossement. On peut avoir d'autres expériences plus compliquées. C'est là où c'est important d'avoir des investisseurs patients. On a un certain nombre de participations où on n'est pas là , où ils ne se sont pas développés autant qu'on le pensait, ils n'en sont pas à pouvoir intéresser encore. Pour l'instant, nous, on reste investisseurs. On a la capacité de rester un peu plus longtemps. On ne va pas mettre trop de pression sur le projet. Et ça aussi, c'est un élément important. On a été sur une participation où il y avait un investisseur plus classique qui était là . Il a mis une pression énorme pour sortir à la date à laquelle il devait sortir, ce qui a conduit à une perte de productivité de la société et à une pression mise sur les dirigeants énorme pour qu'ils aillent chercher à tout prix un acquéreur à sa participation. [MUSIQUE]