[MUSIQUE] [MUSIQUE] Ce qu'on attend d'un entrepreneur social qui vient nous voir, c'est avant tout, et en premier lieu, d'être habité par la recherche d'un impact social, c'est la condition sine qua non, mais en deuxième lieu, d'être un très bon entrepreneur. C'est-à-dire avoir une vision juste, avoir la capacité d'emmener une équipe, et la capacité de donner corps à son projet. Ensuite, c'est vrai que les principaux écueils, souvent, les entrepreneurs sociaux, notamment issus du domaine associatif, de l'ESS, ont un peu de mal à concevoir qu'un investisseur a un impact investing. Il n'est pas juste là pour donner de l'argent. S'il donne de l'argent, il donne de l'argent qu'on lui a confié, et donc il est là aussi pour demander des comptes. Il est là pour aider et pour être actif, il est là pour être associé, et ce n'est pas un donateur qui va faire son chèque, et voici votre chèque, et merci, au revoir, et à l'année prochaine si tout va bien. Et donc, cette culture business dans le social, est encore assez nouvelle, et pas toujours très bien perçue par certains qui se disent : Si c'est des investisseurs, c'est qu'ils veulent faire un profit. Sans voir que les profits ne vont pas dans notre poche, mais vont servir à financer d'autres sociétés à fort impact. Si c'est des financiers qui me demandent quels sont mes profits, c'est que c'est des affreux capitalistes. S'ils veulent que je leur redonne des comptes, c'est pour me contrôler, alors que moi, entrepreneur social, j'ai donné ma vie au social, je suis si bon, que je n'ai de leçon à recevoir de personne, ni de compte à rendre à personne. C'est un peu caricatural, mais souvent, on est quand-même au conflit de deux cultures, et je pense que nous, on est là justement pour réconcilier ces deux cultures. On peut dire : Nous on est investisseurs, mais on est investisseurs parce qu'on croit qu'en appliquant les principes du business et le bon côté du capitalisme, un capitalisme durable, au service de l'entrepreneur, qui vont résoudre les problèmes, on peut maximiser la résolution de l'impact social et avoir un impact bien plus grand que beaucoup d'associations ou beaucoup de gens qui disent : Attends, nous on est sociables mais il ne faut surtout pas, le management, être exigeant vis-à-vis de soi-même, des gens, éventuellement se séparer des gens, c'est antisocial. Nous, on pense qu'on peut, en étant par un capitalisme humain, pragmatique, au milieu duquel on peut mettre l'humain et l'impact social, on peut être beaucoup plus efficace qu'en ignorant ces concepts-là. En revanche, on pense aussi que le capitalisme tel qu'on le conçoit, a besoin de s'humaniser, et on pense que la recherche du profit pour le profit, non seulement est mauvaise, mais en plus, n'est pas efficace sur la durée. On pense qu'il y a une convergence totale, entre rechercher à être profitable sur la durée, pas pour s'en mettre plein les poches, mais pour rémunérer aussi l'actionnaire, et les salariés, et les associés, sans chercher de rentabilité excessive, mais on pense que, au contraire, quand on accepte de prendre moins, d'exiger moins de rentabilité de projet, que chacun, dans une optique durable, tant pour les salariés, que pour les clients, et de recherche d'impact social, en résolvant de gros problèmes sociaux, qui sont des problèmes qui ont un coût, on peut concilier le meilleur des deux mondes. Les projets ciblés par Investir et plus, c'est très simple. C'est des projets qui, avant tout, ont un impact social fort. On recherche à maximiser l'impact social. Et ce sont des projets qui ont vocation à être rentables. Ou à atteindre la rentabilité, de façon à pouvoir se développer de façon autonome, sans avoir à dépendre de subventions ou de dons. Au-delà du critère de la motivation sociale du porteur de projet, les autres critères sont communs aux fonds de capital-risque classiques. C'est en premier lieu la justesse de la vision de l'entrepreneur, sa capacité à exécuter, c'est-à-dire à donner corps à son idée, et à emmener derrière lui une équipe, et puis aussi le potentiel du projet. Alors ce potentiel, dans le capital-risque classique, on le voit comme potentiel d'un marché, potentiel de prise de parts de marché, ou potentiel économique ; dans le capital-risque social tel qu'on le conçoit, on le voit surtout comme un potentiel d'impact social très fort. Un entrepreneur qui veut être prêt quand il y aura des investisseurs doit, je pense, avoir déjà quelques éléments, quelques preuves ou quelques forts indices, quant à la pertinence de son projet. Et c'est vrai que, souvent, c'est plus facile d'aller voir des investisseurs, de passer une heure dans une salle relativement confortable, en disant, voilà les gars, voilà mon projet, j'ai pas d'argent, merci de me donner de l'argent. On trouve que les meilleurs entrepreneurs, sont ceux qui font les choses dans le sens inverse. C'est-à-dire, déjà, je veux aller le plus loin possible dans la réalisation et la preuve de la validation de mon projet, quite à déjà avoir des premiers clients, ou des utilisateurs, déjà avoir des proofs of concept, déjà avoir des éléments probants sur le fait que ça va réussir. Et, lorsque je ne peux vraiment plus avancer, dans ce cas-là, je fais appel à des investisseurs, et en plus cela va beaucoup plus vite, parce que plus l'investisseur a d'éléments, de signes montrant que le projet est solide et que l'entrepreneur a prouvé sa capacité à exécuter, à faire et à réaliser, dans ce cas-là, les levées de fonds sont beaucoup plus rapides, et bien meilleures pour le moral des entrepreneurs. Et puis un autre point, qui est vrai dans le monde de la finance, et qui l'est aussi dans l'impact social, c'est que c'est beaucoup plus facile de trouver de l'argent quand vous n'avez pas besoin d'argent, et c'est beaucoup plus facile de faire venir des investisseurs quand c'est eux qui sont en demande, et que c'est eux qui viennent vous voir parcequ'ils ont envie de travailler avec vous, que de leur courir après à un moment où vous avez besoin d'argent et où personne ne vous connaît ou personne ne vous a identifié. Donc un autre conseil pour les entrepreneurs : soyez identifiables, faites un peu de com, faites un peu de buzz, soyez visibles de façon à ce que les investisseurs viennent vous chercher, ce qui est beaucoup plus facile que d'aller toquer à leur porte pour les trouver. Alors, la gestion financière, je pense qu'elle est commune aux entrepreneurs dit classiques et aux entrepreneurs sociaux. Mais trop souvent, les entrepreneurs de start-ups sont tellement dans l'opérationnel, qu'ils ont du mal à prévoir et à avoir la notion de leur niveau de trésorerie et des dépenses. Je pense que ce qui est fondamental, c'est d'avoir un plan très clair, un prévisionnel mensuel très clair de son niveau de trésorerie, de façon à éviter les situations qui sont dramatiques mais hélas trop fréquentes, d'entrepreneurs, qui réalisent deux mois avant de taper le mur, qu'ils n'ont plus de cash, et là ils ne peuvent plus rien faire. Si vous arrivez au 30 juillet, en disant : Tiens, au fait! J'aurais besoin de tant d'argent pour payer les salaires de fin août, c'est dramatique. C'est la pire des situations auxquelles peut être confronté un investisseur, et c'est terrible en termes de confiance réciproque. [AUDIO_VIDE]