[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je suis Cyrille Antignac. Je suis le fondateur d'UBERIS Capital qui est une société d'investissement à impact, focalisée sur l'Asie du Sud-Est. Donc on a commencé il y a à peu près cinq ans. On a aujourd'hui cinq ans de recul sur cette activité dans cinq pays. Il faut une approche régionale pour faire ça parce que, on n'a pas beaucoup d'opportunités d'investissements par pays, et certains de ces pays sont des petits pays. Donc en l'occurrence, nous c'est Viêtnam, Cambodge, Laos, Birmanie, et on s'étend progressivement à l'Indonésie et aux Philippines. Donc c'est la région ASEAN. C'est des pays plutôt pauvre de l'Asie. Une grosse population, ça fait à peu près 650 millions, mais il reste encore 300 millions de personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Donc on trouve les mêmes problématiques que dans les pays pauvres dits frontières et les mêmes opportunités de croissance rapide, mais des problématiques d'accès à l'énergie par exemple, puisqu'on a facilement trois quarts, en tout cas entre la moitié et trois quarts de la population qui est hors réseau, qui n'est pas connectée à un réseau électrique, d'accès à l'eau potable, ou de l'assainissement. Des problématiques de santé, d'éducation, de finances, et énormément de petits producteurs dans les chaînes agricoles. Et c'est ces gens-là qui nous intéressent parce que nous on déploie des solutions avec nos entrepreneurs qui permettent à tout ce public-là d'accéder à des opportunités pour eux qui sont soit des augmentations de revenus potentielles soit des améliorations de productivité dans ce qu'ils font, ou bien tout simplement accès à des services qui jusque là n'existent pas. Dans l'espace de trois ou quatre pays, c'est vrai qu'on a commencé essentiellement la région Mékong, donc Viêtnam, Laos, Cambodge, Birmanie, on a passé en revue plus de 150 dossiers qui étaient dans nos critères. Alors les critères c'est quoi? Nous on cherche des business models qui sont intentionnellement innovants. Et là, la notion importante c'est l'intentionnalité, c'est-à-dire qu'on doit avoir des retombées sociales et environnementales, et/ou environnementales qui sont programmées, qui sont programmées dans la stratégie et voulues comme telles dans la stratégie des entreprises. Donc ça fait vraiment partie intégrante des business models, et c'est pas des externalités positives. On aurait des impacts sociaux, d'accord, mais qui seraient, je dirais, un petit peu accidentels et une cerise sur le gâteau. Là, c'est vraiment : on va chercher. Donc ça veut dire que ils font des produits et services qui sont innovants pour passer sous la barre des deux dollars par jour, de façon à servir ce marché-là, mais qui est un marché considérable. C'est plus de 50 % de la population dans ces pays-là et qui est pas inerte, qui est très active, qui est ce sont des gens qui cherchent des solutions pour eux-mêmes. Donc dès qu'ils en trouvent, il y a une prise de marché qui peut arriver. Donc on travaille là-dessus. On travaille aussi sur l'inclusion des chaînes économiques. Donc il faut que ces business models soient inclusifs, c'est-à-dire qui cherchent volontairement à faire venir par exemple dans les cultures des petits producteurs en schéma de circuits courts pour travailler avec les transformateurs de produits, les distributeurs. Et ç a c'est possible parce qu'il y a des innovations digitales qui le permettent, il y a des innovations dans les introns agricoles par exemple avec des biopesticides ; on travaille là-dessus, ou avec d'autres qui permettent de raccourcir les chaînes considérablement, mais de changer complètement l'image des chaînes de valeur agricoles. Donc on s'oriente vers ça, je veux dire à une échelle globale. Selon moi on le voit très bien, nous sur le terrain. Donc l'intentionnalité, l'inclusion, on cherche l'échelle. Il faut que les business puissent se scaler, c'est-à-dire changer d'échelle et passer de 1 à 100 ou 1 à 10 au moins. Pourquoi ça c'est important? C'est que si on n'a que de la profondeur dans les impacts sociaux, on n'a pas ce qu'on cherche. Nous ce qu'on veut, c'est quelque chose qui soit vraiment transformatif. Je donne un exemple : café-restaurant, coffee shop, on a dans les premières années bâti une chaîne qui faisait ça sur la région, parti du Laos, donc d'un petit pays, progressivement s'est étendu aux autres pays de la région du Mékong, travaillaient avec des producteurs de café, [INCOMPRÉHENSIBLE] ils employaient des personnes handicapées, ils donnaient 5 % de leurs revenus en outre à des causes humanitaires. Très bien, et ça ne marche que si on scale. Donc il faut 10, 20, 30 coffee shops, et c'est un business hyper compétitif. Donc c'est pas suffisant d'avoir quelques coffee shops qui emploient les handicapés. Il faut que ça soit vraiment révolutionnaire, le shock de l'industrie ; qu'on arrive à s'imposer dans une industrie pour changer le concept et le format. Voilà, donc il faut qu'il y ait vraiment l'échelle ; qu'on puisse passer au moins de 1 à 10, c'est le minimum. Et après on a tous les critères normaux, je dirais, de capital risque. Il faut qu'on ait des entrepreneurs qui soient des visionnaires, qui soient robustes, résilients, qui tiennent la route. Donc ils ont déjà une histoire quand on les touche. Il faut qu'il y ait des fondamentaux de marché qui fonctionne. Généralement on donne une niche de marché à forte croissance. On cherche du plus 20 % par an, et on les trouve parce qu'ils sont dans des innovations qui rentrent dans les marchés qui sont en pleine demande, où il y a peu d'offre. Essentiellement ça, donc l'humain et le financier, et évidemment la dynamique de marché. [MUSIQUE]