[MUSIQUE] Guillaume Vigier, je pilote un programme en Afrique pour le compte de Bond'innov, qui est une association basée à Bondy. Ce programme s'appelle Afidba, un nom un peu compliqué mais qui signifie AFD for inclusive and digital business in Africa, et consiste à accompagner, sur trois ans, 60 entrepreneurs dits inclusifs et à impact, dans quatre pays africain. Le programme Afidba est un programme d'accélération et de financement, qui est piloté par Bond'innov mais qui est mis en œuvre localement, dans les quatre pays, par quatre incubateurs : au Maroc, Impact Lab, au Sénégal, MakeSense, au Burkina Faso, La Fabrique, au Ghana, par Innohub. Dans chacun de ces incubateurs, chaque année, cinq entrepreneurs sont sélectionnés pour bénéficier d'un accompagnement de six mois, pour préparer leur passage à l'échelle et, in fine, être éligible, potentiellement, à un financement dédié via le fonds Afidba, qui est un fonds de 500 000 euros pour des tickets relativement modestes, de 15 000 à 30 000 euros, sous forme de subventions et de prêts d'honneur. [MUSIQUE] La sélection des entrepreneurs se fait via un appel à projets, de manière relativement classique. Le focus est mis en priorité sur la capacité des projets qui candidatent à passer à l'échelle, et on va, avant tout, chercher à sélectionner des entrepreneurs qui vont bénéficier d'un accompagnement. Le financement est une finalité pour certains de ces entrepreneurs, mais c'est pas forcément le cœur du programme Afidba. En revanche, on se rend compte qu'il y a un besoin très fort, lors de l'accompagnement, sur la préparation de ces entrepreneurs pour qu'ils soient éligibles à ces financements. Sur la sélection, on va plutôt faire un focus sur l'entrepreneur en tant que tel, sur le stade de maturité de l'entreprise, et cette sélection, elle se fait en forte collaboration, évidemment, avec les incubateurs et accélérateurs partenaires, qui ont une présence locale, sur le terrain, en Afrique, et qui vont être capables à la fois de relayer la communication pour toucher un maximum d'entrepreneurs potentiels, mais également, et j'allais dire surtout, de pouvoir faire du scouting localement pour aller presque recruter ces entrepreneurs. Donc c'est la combinaison, à la fois, de cette approche push et pull, qui permet de maximiser les chances de recruter des entrepreneurs qui répondent à tous les critères du programme Afidba qui sont relativement nombreux. On a cette approche terrain et cette approche de collaboration qui est indispensable pour vraiment être sûr de ne pas se tromper dans le recrutement de ces entrepreneurs. En plus de nous appuyer sur ces incubateurs partenaires, nous mobilisons également nos réseaux, les réseaux des différentes parties prenantes du programme Afidba, qui peuvent être mobilisés à distance et qui permettent, en sensibilisant d'autres incubateurs, d'autres accélérateurs, de pré-identifier des programmes qui pourraient participer à Afidba, en travaillant également avec l'ensemble des écosystèmes locaux, donc aussi bien les fonds d'investissement que les autres incubateurs et accélérateurs, que les ONG, les leaders d'opinion, les influenceurs et, évidemment, les entrepreneurs eux-mêmes. Donc il y a une approche vraiment très écosystémique, en tous cas de mobilisation de tout l'écosystème de partenaires, pour aller chercher ces entrepreneurs très particuliers que nous recherchons. [MUSIQUE] Le premier facteur qui suscite l'intérêt des investisseurs et qui suscite notre intérêt dans le cadre du programme Afidba, c'est le caractère innovant de leur business. En proposant des solutions nouvelles à des problématiques auxquelles les solutions traditionnelles ne répondent pas ou de manière imparfaite, les entrepreneurs mettent toutes les chances de leur côté pour qu'on puisse les détecter, mais le caractère innovant ne suffit pas et le deuxième point, le deuxième facteur qui suscite l'intérêt des investisseurs, c'est, évidemment, la solidité du business. Dans le cas d'Afidba, nous recrutons des entreprises relativement matures qui souhaitent passer à l'échelle et qui doivent donc démontrer un track record et une solidité de leur business. Un troisième moyen de susciter l'intérêt des investisseurs est de participer à des programmes d'incubation ou d'accélération les plus réputés possibles. Nous nous en rendons compte dans le cas du programme Afidba : les entrepreneurs passés par ce programme suscitent l'intérêt d'autres investisseurs, parfois des investisseurs dans des écosystèmes vers lesquels nous orientons leur sortie d'accélération, mais également d'autres investisseurs pour lesquels la marque de fabrique et la qualité de l'accompagnement qui a été fournie dans le cadre de ce programme sont des gages de qualité qui rassurent l'investisseur et fluidifient le process d'investissement dans ces entreprises. [MUSIQUE] Mon premier conseil pour un entrepreneur dans sa recherche de fonds en Afrique serait de garder en tête que le financement est un moyen et non pas une fin en soi : on ne lève pas des fonds pour lever des fonds, on lève des fonds pour financer le développement de son entreprise. Il faut garder à l'esprit que c'est extrêmement chronophage de lever des fonds, et il ne faut surtout pas que ça empiète sur le quotidien de l'entrepreneur et sur sa quête, sur sa mission, qui est de continuer à développer son entreprise pour maximiser son impact localement et pouvoir le porter à l'échelle. Mon deuxième conseil aux entrepreneurs souhaitant lever des fonds en Afrique est de s'orienter vers des fonds offrant du smart capital. Au-delà de l'argent qui peut être levé, la dimension conseil et accompagnement qui peut être offerte par le fonds d'investissement doit vraiment être étudiée très soigneusement par l'entrepreneur. Cette dimension conseil et accompagnement, elle peut être présente en interne chez ce fonds d'investissement, elle est, pour ce qui concerne la majorité des pays africains, en général disponible mais plutôt à l'extérieur de ces fonds d'investissement. À ce moment-là , il faut vraiment aller chercher des fonds qui soient bien intégrés à leur écosystème local et qui soient capables d'agréger un certain nombre d'expertises qui vont permettre d'accompagner l'entreprise lors de sa levée de fonds sur des sujets stratégiques, organisationnels, de gouvernance, également juridiques, fiscaux, marketing, autant de sujets qui sont décisifs et qui permettent d'utiliser de manière intelligente le capital qui est mis à disposition. L'autre intérêt de travailler avec ces fonds d'investissement qui offrent du smart capital et qui sont déjà intégrés à leur écosystème, c'est qu'ils peuvent faciliter les mises en relation business, pertinentes, locales. [MUSIQUE] Mon principal conseil à destination des fonds d'investissement et des investisseurs souhaitant se projeter sur le continent Africain est relativement simple : c'est de connaître le terrain. Pour connaître le terrain, l'idéal, c'est d'avoir un pied sur le terrain, donc il faut aller sur le terrain, il faut aller à la rencontre des acteurs qui sont présents au sein de ces écosystèmes, pour comprendre les besoins locaux des entrepreneurs et aussi pour comprendre les besoins locaux, au sens plus large, des populations qui vivent dans ces pays-là , pour apprécier la pertinence des solutions qui vont être offertes par les entrepreneurs localement. [MUSIQUE]