[MUSIQUE] [MUSIQUE] Alors, les différentes étapes du projet ont été les suivantes. La première, c'est celle, eh bien d'un test, d'un pilote. Donc, le pilote s'est fait dans un supermarché dans les Yvelines, à partir d'un dispositif qu'on appelle la carte microDON. C'est un petit flyer papier doté d'un code-barres, qui permet de faire un don à la caisse d'un supermarché. Donc, à l'époque, moi je travaillais encore pour un gros groupe américain, et donc je faisais cela en parallèle, en parallèle à mon métier, et j'ai créé une asso loi 1901, et je me suis entouré d'un certain nombre d'amis pour mettre en œuvre cette première opération de solidarité. On a pu la faire à l'époque grâce à une subvention du Ministère de la Jeunesse à l'époque. Donc voilà, on n'avait pas la chance, c'était en 2007, on n'avait pas la chance à l'époque d'avoir beaucoup de plateformes de crowdfunding, de finance participative. Je pense qu'aujourd'hui cette étape, si on avait démarré MicroDON, on l'aurait fait grâce aux plateformes de finance participative, qui permettent assez facilement de lever quelques milliers d'euros pour faire un test, faire un pilote. Donc, cela c'était la première étape. La seconde étape, cela a été celle de l'incubation. Donc, notre incubation on l'a faite également de manière un peu atypique. On l'a faite dans une grande association, je l'ai effectuée chez PlaNet Finance, donc une grande association qui est dans la microfinance, le microcrédit. Et pendant six mois, j'ai pu tester chez eux nos dispositifs de solidarité, et le faire à plus grande échelle, à moyenne échelle, dans une quinzaine, une quinzaine de magasins, supermarchés. J'ai quitté ensuite PlaNet Finance, et cette période d'incubation s'est concrétisée par la création de microDON, l'entreprise sociale, microDON au sens juridique entreprise, une SAS. Et donc là, on l'a créée avec ce qu'on appelle le love money. Donc voilà, l'argent de mon entourage, de mon premier cercle. Et donc là, ce sont voilà des capitaux de la famille, d'anciens collègues, d'amis, qui ont mis quelques milliers d'euros pour réunir les 20 à 25 000 euros qui nous ont permis de créer la structure et d'avoir un minimum de capital pour développer nos outils technologiques. Ensuite, on a fait notre première levée de fonds. Cette levée de fonds, on a réussi à la faire parce qu'on avait réussi à obtenir cet agrément Entreprise solidaire, un agrément qui est donné à des structures, qui en gros se dotent d'une gouvernance participative et qui encadrent la lucrativité. Et donc, on a pu aller chercher des fonds dans la finance solidaire, et les premiers fonds qu'on a investis chez nous, sont ces fonds-là. C'est Equisol, le fonds de capital-risque de la région Ile-de-France, qui est également apporté par Esfin Gestion. Il y a France Active, avec INNOV'ESS. Il y a Solid de Siparex. Donc, ces fonds sont rentrés dans notre capital, pour nous aider à développer les outils de la générosité embarquée. Et pendant un an et demi, deux ans, on a pu eh bien voilà, commencer à se rémunérer. J'ai embauché mon ancien boss dans ma multinationale, qui est devenu mon associé. Et à deux, trois personnes, on a pu faire émerger l'activité de microDON. Et donc, cela a plutôt pas mal marché. On a fait notre BP, ce qui était assez appréciable selon nos fonds. Et voilà, sur ce, sur cette belle lancée, et parce que l'activité se développait sur plusieurs outils, on a fait une seconde levée de fonds, il y a peu près neuf mois, donc en juin 2014, mai, juin 2014. Et on a fait une levée de fonds, un plan de financement plutôt, d'un million d'euros. Les fonds qui avaient déjà investis chez nous à la première levée sont revenus et ont remis dans le capital et on est également allé chercher les fonds complémentaires, et d'autres typologies de financement, comme de la dette. Par exemple, il y a la Caisse des dépôts et consignations, à travers le Programme d'Investissements d'Avenir dans l'économie sociale et solidaire, qui a abondé sur l'apport que nos fonds solidaires ont fait chez microDON. La difficulté majeure qu'on a eu, elle est liée à notre première levée de fonds. Nous, on avait vraiment à cœur de la faire auprès de financeurs solidaires. Mais à l'époque où on l'a faite, il y a trois ans, voilà le marché n'était pas tout à fait structuré sur le sujet. Si on cherchait un peu, les fonds aussi, il y avait des fonds tous nouveaux. D'ailleurs, pour la plupart des fonds, on était le premier dossier. Sur les trois fonds qui sont rentrés dans le capital de microDON, pour deux d'entre eux, on était le premier ou le deuxième investissement. Donc, il y avait aussi cette maturité assez, assez jeune des fonds sur ces sujets. Et donc voilà, on a mis dans le pack d'actionnaires, une sorte d'élément assez fort, relatif à nos valeurs sociales, comme l'encadrement de la lucrativité, voilà des dividendes, des plus-values, ce qui était assez nouveau. Et donc voilà, cela, cela a pris un petit peu de temps à rédiger, et à faire accepter par les différents fonds. Donc voilà, on a appris à se connaître, et on a réussi à faire cette levée de fonds, mais elle a mis 18 mois. Tout va dépendre de la maturité de votre projet. Donc, si vous êtes très early stage, encore au niveau de l'idée, que vous venez de faire un pilote, je pense qu'il faut peut-être, bon eh bien voilà, essayer de rester sur ce pilote, et commencer à générer une activité. Vraiment, et cela c'est un conseil du plus gros business angel de France que j'ai eu. Et qui est un business angel qui a investi sur beaucoup d'entrepreneurs. C'est monsieur Pôle emploi, qui à travers le dispositif Accre, permet à beaucoup d'entrepreneurs de créer leur entreprise. Il fait un parallèle entre une loi assez connue dans le marché de l'immobilier, qui est la suivante. C'est, il y a trois règles dans l'immobilier. L'emplacement, l'emplacement et l'emplacement. Et il y a trois règles dans l'entrepreneuriat. C'est le démarchage, le démarchage, et le démarchage. Et donc, vraiment si vous n'avez pas suffisamment démarché, si vous n'avez pas suffisamment de clients, de références clientes, et que vous n'avez pas un certain chiffre d'affaires, vous n'allez pas intéresser les fonds. Ils ne vont pas venir chez vous. Il faut déjà qu'il y ait une activité quand même assez conséquente, ce qui donne des perspectives aux fonds. Avant cela, il faut plutôt viser à mon sens, les business, les business angels. Moi, je pense que d'ailleurs, sur les finances solidaires, il manque un petit peu cette typologie, de financement, de financement solidaire. Des business angels solidaires qui, sur des tickets de 50 à 200 000 euros, vont vous aider à faire émerger votre projet. Mais les fonds, les fonds solidaires, qui vont mettre plusieurs centaines de milliers d'euros dans votre organisation, pour les atteindre, il faut avoir un modèle économique qui commence à émerger, et avoir un chiffre d'affaires, des références. Après, cela dépend aussi de la typologie de votre activité. Nous, on est sur de l'innovation, on est à la frontière de l'innovation technologique et de l'innovation solidaire. On a quand même besoin de pas mal de fonds pour développer nos outils technos. On est sur, on est aussi sur une création de marché. On crée le marché de la générosité embarquée, de ces nouveaux financements. Il n'y a pas de référentiel. C'est vrai que cela peut être, peut-être pour des financeurs, un petit peu plus simple d'investir dans des organisations qui sont sur des marchés qui voilà, qui existent déjà. Donc, par exemple, je ne sais pas, je cite l'exemple de La Louve, ce supermarché, ce nouveau supermarché qui est en train d'ouvrir dans le 18e, ce supermarché collaboratif. Voilà. Le marché de la distribution alimentaire, il existe, il y a des référentiels. Donc, un investisseur, il sait plus facilement lire cette typologie de dossier, qu'une typologie de dossier où l'activité est tout à fait nouvelle, et on ne sait pas où on va. [AUDIO_VIDE]