[MUSIQUE] [MUSIQUE] Moi, c'est Mathieu Alesi. J'ai fait l'ESSEC à la chaire Entrepreneuriat Social de l'ESSEC, il y a maintenant six ans et directement après la chaire Entrepreneuriat Social, j'ai rejoint le fondateur de Puerto Cacao, Guillaume Hermitte, avec qui nous étions deux associés pendant plusieurs années. Puerto Cacao, pourquoi j'ai rejoint ce projet? Parce que Puerto Cacao, c'était un projet assez ambitieux et dans une ambiance très très sympa d'entrepreneuriat social. Puerto Cacao, c'est la chocolaterie raffinée, originale et autour d'une démarche d'impact social et environnemental très forte, puisqu'on travaille en commerce équitable, en bio, autour de filières d'entreprises d'insertion, autour de projets de compensation carbone, d'éco-conception des boutiques. Enfin, on essaie d'avoir une démarche globale d'un chocolat, comme on dit dans notre baseline, un chocolat fin, porteur de sens. C'est l'idée. Il y a eu plusieurs étapes d'ailleurs, qui ont été très très différentes. La première étape, ça a été l'étape de levée de fonds, de lancement du projet, suite au business plan papier passé à la création, à l'ouverture de boutiques, à l'achat de fonds de commerce, aux embauches et tout. Ҫa, c'était vraiment la première étape. Pendant cette première étape, les différents investisseurs, c'étaient principalement du love money avec la famille de Guillaume Hermitte, des proches. Ensuite, au tout début, il y a eu ESSEC Ventures aussi, qui a quand même participé au lancement et qui est important, et il y a eu des investisseurs très spécifiques de l'économie sociale que sont les Cigales, qui sont des clubs d'investisseurs privés qui investissent de petits montants à effet de levier fort, dans des projets comme nous, d'entrepreneuriat social. Puis Garrigue, qui lui est un fonds d'investissement de l'économie sociale, qui a mis aussi un plus gros ticket au tout début, au lancement. À ce premier pool d'actionnaires s'est rajouté, se sont rajoutés six ou sept business angels classiques, qui ont été séduits par le projet d'entrepreneuriat social, mais qui ne venaient pas forcément de ce milieu-là. Les investisseurs avaient tous des grilles de lecture très différentes, mais tous ont été quand même séduits par un même dénominateur commun, qui était d'allier performance économique et optimisation et impact social. Tous étaient bien conscients que la lucrativité du projet, elle est un peu limitée, même si on fait du très très bon chocolat, il y a une lucrativité un peu limitée, comme dans tout projet d'entreprise sociale. C'est même dans les statuts de l'entreprise sociale et des nouveaux agréments publics et légaux qui sont en train de sortir dans la loi. Cette lucrativité limitée n'empêchait pas plusieurs investisseurs de parier sur des projets comme le nôtre, pour investir dans une PME, mais s'attendre aussi à de l'impact social et environnemental et pas uniquement du dividende ou de la plus-value à la vente. Nous, du coup, en tant que managers, gestionnaires de l'entreprise, on travaillait et on travaille encore évidemment sur la marge brute. On crée souvent des produits, des assortiments de chocolat en réponse à une demande d'une entreprise qui veut offrir ça à ses clients, par exemple. Il faut tout de suite créer des fiches techniques très précises pour ne pas se tromper sur la marge brute. Évidemment, c'est la base, la base, la base. Et ensuite on essaie d'optimiser. Ҫa, ce serait le premier levier. Le deuxième levier, c'est vraiment d'optimiser la trésorerie le plus possible, avec des plans trésorerie le plus prévoyants possible pour éviter de se retrouver en tension, pour éviter de payer des coûts qu'on pourrait appeler des coûts idiots, en gros, à une banque ou des coûts d'emprunt qu'on aurait pu éviter si on avait juste un peu mieux géré nos flux de trésorerie. Nous, on gère l'entreprise comme une entreprise classique, finalement, c'est juste qu'on a une composante de plus, qui est l'envie et l'ambition d'avoir un impact social et environnemental maximum. C'est juste une composante de plus, qui n'est que très rarement en opposition avec les autres enjeux. Donc quoi qu'il en soit, le lien, c'est plus à la limite sur le développement, effectivement. C'est-à-dire que si l'entreprise reste solide, ne fait pas de perte, ne se trompe pas, réussit son développement, notamment on a prévu des ouvertures de nouvelles boutiques à Paris et ailleurs même, dans le Nord, là, on pourrait complètement envisager d'avoir un impact social beaucoup plus fort, beaucoup plus large et dans ce cas-là, il y aura un lien assez clair. Mais dans l'entrepreneuriat social, l'idée, c'est de ne pas décorréler les deux. C'est vraiment, l'impact social fait juste partie en plus des composantes de nos produits, de notre manière de manager, de notre manière de payer nos fournisseurs d'électricité, de notre manière de choisir nos emballages. Mais tout ça, on le fait de manière très optimisée. Ce n'est pas parce qu'on achète des emballages fabriqués en France, sur du carton d'autres qualités qui n'est pas ultra traité, qui ne vient pas de trop loin et tout, qu'on n'est pas hyper dur avec le fournisseur pour avoir le prix le plus bas possible. Bon, on est toujours dans l'optimisation, c'est juste qu'il y a des composantes en plus, d'envie d'impact social et impact environnemental positif. D'abord, un conseil de réconfort, qui est que c'est un milieu passionnant et les gens qu'on y rencontre, même les financeurs, les autres entrepreneurs, les collègues, le milieu en général, avec même les institutions publiques et tout, est peuplé de gens passionnants, hyper motivés, très jeunes ou très ambitieux. Donc ça, c'est très agréable, vraiment. Je dirais aux entrepreneurs qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat social, allez-y! Et en plus, le conseil, c'est il ne faut pas présenter l'entrepreneuriat social, notamment face à des investisseurs, quand on est entrepreneur, il ne faut pas le présenter comme une espèce de boulet, en gros. L'entrepreneuriat social, c'est juste une autre forme d'entreprendre qui certes, normalement peut ramener moins, en gros, que l'entrepreneuriat classique, c'est-à-dire on ne peut pas faire une plus-value de fois 15 dans l'entrepreneuriat social, ce n'est pas possible, mais bon, c'est très rare aussi dans l'entrepreneuriat classique. Donc voilà, l'entrepreneuriat social, c'est de beaux projets et l'entrepreneur peut les porter en étant hyper rassurant auprès des investisseurs et ça reste très cohérent. Il faut juste gérer ces entreprises de manière presque identique à une entreprise normale, avec des composantes d'impact social et environnemental positif, c'est tout. [AUDIO_VIDE]