[MUSIQUE] [MUSIQUE] Alors, rapidement, ça fait une quinzaine d'années que je m'attelle à, j'essaie de construire des ponts entre l'intérêt privé et l'intérêt général. Mon parcours, il est assez classique, c'est un mélange d'engagement associatif depuis mon plus jeune âge. J'ai été bénévole depuis mon plus jeune âge. Et ensuite, j'ai effectué tout un tas de petits boulots pour financer mes études et ça m'a permis de faire une École de commerce et un DESS à Sciences Po Paris. Voilà, puis après, ça fait une quinzaine d'années qu'entre associations, entreprises et fondations, j'essaie de faire de petits ponts pour mettre en connection des moyens et des besoins. Clubhouse, c'est une concept de lieu de jour, d'entraide pour aider les personnes qui ont une maladie psychiatrique telle que la bipolarité, la schizophrénie ou la dépression à reprendre leur vie en main et, si possible, à trouver du boulot. Et c'est un concept qu'on retrouve dans une trentaine de pays, ce n'est pas forcément le nom le plus parlant en français, mais on trouve des Clubhouse en Ouganda, en Corée du Sud, en Italie. Et donc c'est un concept de lieu d'entraide de jour qui n'est absolument pas médicalisé et qui travaille en proximité avec différentes parties prenantes, dont des entreprises. On a ouvert à Paris le premier lieu sur ce concept-là, il y a presque quatre ans. Et donc c'est un projet expérimental qu'on qualifie d'innovant, parce qu'il ne rentre pas dans les cases et qu'il n'a jamais été tenté. Pour les financements, on a commencé uniquement grâce à de la générosité, donc à votre bon coeur, messieurs, dames. C'est à la fois un service public courant, mais c'est avant tout, un accompagnement de personnes en détresse et en situation d'exclusion, et du coup, pour les financements, j'ai été très à l'écoute des conseils que les gens qui refusaient de nous aider me donnaient. Et je vous donne un exemple qui a aujourd'hui fortement impacté notre modèle économique. J'allais voir des fondations d'entreprise dont l'objet était d'aider l'insertion professionnelle de personnes au moins d'un emploi et donc je leur parlais du Clubhouse, du projet, en quoi c'était innovant etc. et comme quoi ça pouvait être un vrai dispositif qui changeait l'accompagnement en France, et les fondations me disaient : la psychiatrie, la, c'est quand même une thématique compliquée, c'est tabou, on ne connaît pas bien, ça fait peur. Je ne suis pas sûr qu'on puisse vous aider, mais allez voir mon DRH, parce que lui, il a de vrais enjeux, parce que c'est le premier motif d'arrêt maladie longue durée, parce qu'il y a des salariés qui sont en souffrance et on ne sait pas trop comment gérer le handicap psychique. On a développé un mode de collaboration qui n'est absolument pas lié à la générosité et au mécénat, qui est vraiment lié à la stratégie, à la politique handicap des entreprises et on intervient auprès d'entreprises pour les former, les sensibiliser à mieux comprendre, à mieux gérer le handicap psychique et ça, c'est du budget très différent, c'est du budget handicap. Et aujourd'hui, ça constitue presqu'un quart de notre budget. Donc on a démarré 100 % par de la générosité privée. En parallèle, on a activé un certain nombre de lobbies pour faire du plaidoyer public et chaque année, il y a une proportion de financement d'entreprise handicap qui à commencé à croître et une proportion de financement public qui a également commencé à croître. Du coup, aujourd'hui, cinq ans après, on est à peu près à 30 % de financement public, 30 % d'entreprises par leur budget handicap et le reste, c'est moitié philanthropie individuelle, moitié générosité de personnes morales, fondations d'entreprise. Moi, pour commencer, j'aurais envie de dire être convaincu de son projet et être sûr que c'est un projet qui tient la route, dans le sens où l'avoir bien testé, retesté, voilà, il faut déjà que le projet de base soit quelque chose d'innovant, d'impactant, voilà, que ce soit un service ou un bien qui soit pertinent et que la personne qui porte ce projet soit convaincue. Pour moi, c'est le point de départ de tout. Ensuite, quand il s'agit d'innovation, il s'agit aussi de formuler son positionnement différent, donc être très clair très rapidement sur en quoi ce bien ou ce service est-il profondément, radicalement innovant par rapport à ce qui existe par ailleurs. Et après, c'est une stratégie qu'on retrouve aussi bien dans le social que dans le business, c'est-à-dire passer par un business plan, rédiger une stratégie, anticiper autant que possible, dès le départ, les dispositifs d'évaluation, c'est-à-dire les critères et la manière d'évaluer et puis avoir toujours en tête cette notion d'impact dont on parle tant et d'anticiper les impacts en faisant des hypothèses minimales, idéales et puis moyennes. Du coup, c'est un peu les stratégies de développement qu'on retrouve un peu partout. Voilà. Moi, je dirais partir. Moi, je dis toujours : si on vise la lune, au pire on atterrit dans les étoiles. Il faut de l'ambition et à la fois beaucoup de réalisme et le business plan doit avoir ce bon dosage entre ces deux ambitions. J'en donnerais deux : de ne rien lâcher, de ne rien lâcher si vous êtes convaincus que ça a une utilité sociale et que ça vaut le coup. Il faut se battre, malgré les obstacles et malgré ce que d'autres diront. Donc ça, c'est vraiment important. Et le deuxième, c'est d'être très à l'aise et très conscient de ses forces et de ses faiblesses, de manière à s'entourer des bonnes personnes qui vont avoir ce qui vous manque et dont vous avez besoin pour mener à bien le projet. [AUDIO_VIDE]