[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans cette série de vidéos, nous aborderons deux grands thèmes, la stratégie de financement des entreprises sociales, puis je vous donnerai quelques éléments pour favoriser leur valorisation. La recherche de financement est une activité complexe et chronophage, à laquelle l'entrepreneur est le plus souvent peu et/ou mal préparé, a fortiori un entrepreneur social. En effet, l'entrepreneur se lance parce qu'il a trouvé une solution et une réponse à un besoin non satisfait et parce qu'il veut maximiser son impact. C'est sa motivation principale et ça n'est pas chercher de l'argent. Mais sans moyens financiers, aucune idée, même la plus géniale, ne produit aucun impact. Notre entrepreneur doit donc se mettre en quête de ces moyens indispensables à la réalisation de son projet. Et cette quête passe d'abord et avant tout par l'élaboration d'un plan de financement qui permet, un d'identifier les outils et instruments financiers et les vecteurs de financement les plus adaptés aux besoins de l'entreprise en fonction de son stade de développement, et deux d'aller convaincre les investisseurs et tous les autres partenaires financiers et non financiers d'ailleurs. Dans un premier temps, nous allons aborder les grands principes du plan de financement, puis dans un second temps nous verrons les principaux instruments financiers existants pour l'amorçage, et enfin dans un troisième temps ceux existants pour l'expansion ou ce que l'on appelle le passage à l'échelle. Commençons par le plan de financement. Qu'est-ce que le plan de financement? Le plan de financement, c'est la traduction en termes économiques et financiers de la stratégie de l'entrepreneur sur une période de trois ans. Ce document est donc la base de toute levée de fonds, c'est-à-dire l'obtention des moyens qui financeront les projets de l'entrepreneur. Il faut bien garder en tête qu'il s'agit d'une construction à partir d'hypothèses, donc il est rare qu'elle devienne une réalité en l'état. Mais ce n'est certainement pas une raison pour s'en dispenser. Bien au contraire, le plan de financement, c'est le document de référence sur la base duquel le projet va vivre et se développer. Un plan de financement, c'est donc très concrètement un tableau qui permet de lister d'un côté les différents besoins que l'entreprise aura à financer, les investissements, les salaires, les inventaires ; et puis de l'aure côté les différentes sources financières à sa disposition telles que le chiffre d'affaires, la dette ou les fonds propres. Le but du plan de financement est de prévoir sur plusieurs années, généralement trois ans, l'équilibre financier du projet. Lors de la définition des besoins de financement, l'entreprise sociale doit les évaluer le plus précisément possible, ou à défaut adopter ce que l'on appellera une démarche prudente et raisonnable dans l'évaluation de ses besoins. Il convient donc de n'être ni trop gourmand, ni trop modeste. C'est un exercice de recherche d'équilibre complexe mais indispensable. En effet, si les dépenses d'investissement peuvent être globalement anticipées, assez facilement, encore que sur de la R&D et de l'innovation de disruption, la question se pose avec plus d'acuité, d'autres besoins comme le besoin en fonds de roulement, BFR, sont beaucoup plus difficiles à évaluer avec précision. En sous-évaluant son besoin pour essayer d'augmenter ses chances d'obtenir in fine le financement, l'entreprise sociale adopte une stratégie que l'on pourrait qualifier de risquée. En effet, les investisseurs peuvent y voir un manque d'anticipation, de réalisme et de prudence ainsi que le rappellent Amandine Barthélémy, Sophie Keller et Romain Slitine dans l'ouvrage de référence sur lequel nous avons appuyé cette vidéo. De plus, le risque de rencontrer des problèmes de trésorerie augmente fortement avec une telle stratégie. L'entreprise sociale peut donc être amenée à avoir recours à des instruments de financement à très court terme qui sont en général plus risqués et in fine très onéreux et beaucoup plus onéreux que du financement à long terme. Il faut donc également être attentif à ne pas surdimensionner ce besoin. Le risque en cas de surévaluation est de mettre le modèle économique de l'entreprise en danger, car des investissements élevés impliquent de dégager des revenus suffisamment importants, soit pour fournir un niveau de rentabilité minimum pour les investisseurs, soit pour rembourser les échéances des prêts. Passons maintenant à la définition des ressources. La question du surdimensionnement des besoins et de ses effets sur le modèle économique de l'entreprise sociale nous amène à nous interroger sur les différentes ressources qui sont à sa disposition. Deux grands types de ressources existent, les ressources internes qui sont composées des fonds propres. Il ne faut pas oublier d'y inclure le bénéfice non distribué de l'année précédente si l'on fait un plan de financement d'une structure déjà en activité, et d'autre part de la capacité d'autofinancement, ce que l'on appelle la CAF. On distingue quatre formes de ressources externes. Un les subventions et autres aides à l'investissement, les outils de capital, les outils de quasi fonds propres et les emprunts bancaires. Après besoins et ressources, voici quelques grands principes à ne pas oublier lorsque l'on élabore le plan de financement de son enterprise. Ce plan, je le rappelle, est le socle de la négociation avec les investisseurs banquiers et les autres partenaires financiers. C'est donc un document extrêmement important. Il permet de bien appareiller chaque ressource à chaque besoin de l'entreprise sociale, et de le faire sur la durée, généralement sur trois exercices voire sur cinq exercices. Lorsqu'on élabore son plan de financement, il faut être vigilant à quelques écueils. Le premier c'est le fait que le financement prend du temps. Il faut compter entre six et neuf mois pour lever des fonds, alors il faut être attentif à bien anticiper les besoins financiers de l'entreprise tout au long de la durée de la levée de fonds pour éviter que l'entreprise ne coule avant la fin du processus. Deuxième écueil, comme le confiait lors de la préparation de cette vidéo Jean Moreau qui est co-fondateur de de Phénix et dont nous reparlerons plus tard, on ne prête qu'aux riches. C'est une réalité vieille comme le monde, vieille comme la banque, mais qui est contre-intuitive à un tel point que l'on a souvent tendance à l'oublier. Ainsi, avoir des fonds propres grâce à des investisseurs, le capital risque, les fonds impact permet de mobiliser plus facilement des emprunts bancaires ou bien de lever de la dette sous forme d'une émission d'obligation par exemple. Enfin, troisième élément important, troisième point de vigilance, il est important de diversifier les ressources et les partenaires financiers. Cela permet de répartir le risque, et cela rassure les investisseurs. D'ailleurs, le plus souvent, le financement d'un seul investisseur n'est pas suffisant pour mettre en place un projet. Le premier financeur doit donc s'assurer que l'entreprise réussira à réunir le reste des fonds nécessaires pour que le projet se déroule dans de bonnes conditions. Et les financeurs suivants doivent disposer d'une base de travail pour analyser le risque, pour évaluer la rentabilité potentielle et enfin prendre la décision d'investir. [AUDIO_VIDE]