[MUSIQUE] [MUSIQUE] Charles Cho, professeur de comptabilité sociale et environnementale à l'ESSEC, aussi responsable du département comptabilité, contrôle de gestion et directeur du centre d'excellence management associé de l'ESSEC. Le reporting extra financier est un phénomène assez récent. C'est-à-dire que les entreprises maintenant sont obligées dans certaines réglementations d'apporter des éléments d'information en dehors de leur performance financière. En quoi est-il utile au financeur? Dans l'esprit que c'est un moyen quand même de contrôle aussi de ne pas oublier que il n'y a pas que la performance financière qui compte dans l'organisation, prendre en compte aussi les aspects, les impacts sociaux environnementaux et ça permet au financeur de s'assurer, c'est une sorte d'assurance pour que le financé, je vais en parler dans quelques instants, puisse avoir un regard plus large sur les activités de l'entreprise. Un peu comme le reporting financier a été conçu pour, en tant qu'outil très puissant de contrôle de gestion et de planning, un reporting extra financier permet un peu la même chose pour les activités extra financières en matière de développement durable par exemple, des outils qui permettent de mesurer l'impact social, l'impact environnemental de toutes les opérations de l'entreprise. Pour le financé, c'est aussi un moyen de se contrôler lui-même pour permettre justement l'implémentation de ses actions, c'est un moyen de, on va dire, de self contrôle. Ça apporte aussi un moyen d'assurance que ce qui est reporté est bien fait. C'est une discipline aussi, hein, c'est disciplinaire, c'est-à-dire que un outil de reporting n'est pas fait juste pour communiquer mais pour aussi mettre les actions en place. C'est un peu prendre l'effet inverse, c'est-à-dire qu'on peut faire le reporting, se fixer des objectifs et ensuite mener des actions. Ca donne aussi un plan de travail et une feuille de route pour implémenter les actions extra financières. En termes d'exemples pour les objectifs à se fixer par exemple, le reporting extra financier permettrait aux entreprises, aux financeurs et aux financés de savoir quelle serait ma limite ou ma quantité d'émission de C02, quelles seraient par exemple les politiques qu'on mettrait en place pour améliorer les conditions de travail, les droits de l'homme. Les multinationales ont beaucoup de problèmes par exemple dans les pays étrangers, essayer de recadrer tout ça ou par exemple l'implication dans la communauté par exemple à travers les fondations pour aider un peu la société. C'est bien d'avoir une feuille de route pour pouvoir fixer des objectifs concrets, des mesures concrètes et ensuite par rapport comme reporting financier à voir quels sont les écarts, quels sont les progrès à faire. L'information extra financière aujourd'hui est aussi très importante dans la prise de décision par les parties prenantes. Elle est très demandée par beaucoup de, en dehors des investisseurs par la communauté, par les ONG, par le gouvernement, par les employés. Lorsque cet outil de reporting extra financier devient plus un outil de relation publique avec les parties prenantes, un outil de communication, un outil de marketing, une sorte de brochure, de vitrine, ça c'est le piège le plus fondamental, ça fait beaucoup le buzz en ce moment, c'est le green washing. Une étude récente que j'ai faite montre que il y a un fossé qui s'écarte entre la communication et les actions. En fait, on dit souvent est-ce que les actions sont plus, portent plus de poids que la communication et là malheureusement, on a trouvé que le fait de communiquer d'une façon très claire et très adroite on va dire a permis à certaines entreprises de rentrer dans un indice de développement durable, notamment le Dow Jones sustainability index qui est un index très coté qui permet d'avoir une très bonne réputation environnementale. Ce qui a causé problème, c'est que ceux qui performaient le moins bien et ceux qui communiquaient le mieux se retrouvent là-dedans. Ca va poser beaucoup problèmes aux financiers parce que un jour, ils vont se faire avoir on va dire et le financeur et les partes prenantes en seront les victimes puisque le financement peut être très risqué. On voit beaucoup de rapports de développement durable, le reporting avec des belles photos, des belles images, voilà très positives sur l'environnement, sur les aspects sociaux mais à la fin quand on regarde vraiment est-ce que l'information est pertinente et est-ce qu'elle est importante pour améliorer l'environnement, quelquefois, on se retrouve avec des surprises. Un autre piège, c'est aussi de ne pas communiquer assez sur certains aspects. Moi, je pense qu'il faut être très transparent, il faut être très complet, il faut éviter de tomber dans cette logique de green washing de vouloir impressionner ou gérer les impressions des autres parties prenantes. Le conseil, c'est de rester concis sur ce qui est vraiment pertinent, sur ce qui est vraiment important pour la société, ne pas s'engager dans des pratiques de communication extravagantes pour faire très joli. Ne pas s'efforcer de toujours peindre l'image d'une organisation qui est toujours positive. Quelquefois savoir aussi dire que nous avons voilà fait des incidents environnementaux, qu'il y a eu des aspects négatifs, que nous n'avons pas, il ne faut pas avoir peur de ça, il faut aussi demander de l'aide. Moi, je pense qu'il y a aussi un aspect où le reporting est quelque chose qui est quand même nouveau donc il y a des professionnels qui peuvent aider à se faire ce reporting-là donc et aussi peut-être demander à ce qu'ils soient audités, hein par, vérifiés par des cabinets d'audit. D'autres conseils, c'est aux financeurs, c'est aussi une exigence certaine, une exigence voilà sur le reporting, je veux tel tel tel sur chaque trimestre. Surtout sur les start-up par exemple. Moi je vois beaucoup d'entreprises qui vont commencer puis qui vont mettre le paquet sur la communication. Non, on va cadrer, on va dire voilà on a une feuille de route, nous voulons que vous remplissiez, quels sont vos risques environnementaux, risques sociaux, investissements, conséquences, projets, que ce soit bien cadré, bien organisé, bien structuré. [AUDIO_VIDE]