[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans ce module, nous allons nous intéresser à l'analyse financière et sociale d'une entreprise sociale. Pour faire cette évaluation, l'investisseur analyse quatre documents principaux financiers et un document extra-financier que nous présenterons dans la suite de ce module. Un, le compte de résultats, deux, le bilan, trois, le tableau de trésorerie, et quatre, le plan de financement pour les documents financiers, et puis la liste des KPI : Key Performance Indicators, des indicateurs qui mesurent le changement attendu du fait de l'action de l'entreprise. C'est un document spécifique aux entreprises sociales et donc aux investisseurs à impact social. Le choix des investisseurs pertinents est intimement et par nature lié au secteur d'activité de l'entreprise et à son territoire d'intervention. Il est donc, par définition, contextualisé. Commençons par les états financiers. Ces quatre documents financiers contiennent un grand nombre d'informations, et il est utile et nécessaire d'en isoler les éléments essentiels pour les rendre plus lisibles. Pour cela, les investisseurs calculent des soldes intermédiaires de gestion, des agrégats d'actifs et de passifs, des ratios, en enfin des grilles standards qui permettent de compares les entreprises entre elles. Attention, ces chiffres n'ont pas beaucoup de signification quand ils ne sont pas accompagnés de ce que l'on appelle des benchmarks du secteur de l'entreprise, c'est-à-dire des éléments de comparaison comme des moyennes, des médianes ou des quartiles. Ainsi, l'analyse financière d'une entreprise sociale est identique à l'analyse d'une entreprise classique. En revanche, ce seront les benchmarks des indicateurs qui différeront. On n'attendra pas d'une entreprise sociale d'avoir un ratio de fonds propres aussi élevés que celui d'une entreprise classique, par exemple. Pour l'entrepreneur, les états financiers et les prévisions sont la traduction de la stratégie de l'entreprise. Pour les comprendre, ces documents doivent bien sûr être accompagnés d'un rapport d'activité et d'un business plan, mais ils forment la base d'un langage commun avec des investisseurs auquel l'entrepreneur doit se former. Présentons maintenant l'essentiel de ce qu'il faut savoir des éléments financiers. D'abord, le compte de résultat. Il résume le modèle économique de l'entreprise. Il présente ses revenus, ses charges et le résultat qui en découle. Cependant, pour que l'investisseur puisse estimer les résultats futurs, il faut distinguer différents types de revenus et de charges qui ont plus ou moins de chances de se reproduire dans le futur. Un compte de résultat présente notament trois types d'activités. L'activité d'exploitation, elle est également appelée la partie opérationelle. Il s'agit des revenus et des charges liés au cœur de métiers de l'entreprise, par exemple, le chiffre d'affaire, le coût des matières premières ou les salaires. Pour une entreprise sociale, on peut distinguer deux sources de recettes, l'autofinancement, d'une part, comme le revenu généré par la vente d'un produit, ou les frais d'adhésion payés par les membres d'une association, et les subventions et dons, d'autre part, qui valorisent un service social rendu, par exemple, à un ministère ou à une collectivité locale. Le montant des subventions n'est pas forcément directement lié au niveau d'activités de l'entreprise. Deuxième série, l'activité financière. Il s'agit des coûts de financement de l'entreprise, comme les intérêts payés chaque année pour un emprunt, et des revenus générés par le placement de la trésorerie. Enfin, troisième série de données, l'activité exceptionnelle. Il s'agit des revenus et des charges induits par des événements qui ne font pas partie de l'activité habituelle de l'entreprise et qui ont peu de chance de se reproduire, par exemple, le coût lié à la fermeture d'une usine ou les bénéfices générés par la revente d'un véhicule de l'entreprise. Ces prévisions doivent être proposées sur trois ans, afin de donner une perspective à l'investisseur. C'est le moment de vous dire que les prévisions financières ne se réalisent jamais, qu'elles sont toujours faussent, mais qu'il est indispensable pourtant de les faire, car c'est un outil financier de travail qui guidera l'entrepreneur tout au long de son projet. Ce qui compte bien sûr, c'est la démarche, et les hypothèses sur lesquelles ces prévisions sont construites. En fait, vous élaborez un modèle qui décrit la dynamique de développement de consommation de ressources et de cache de votre projet. C'est donc un outil qui aide à la décision extrèmement précieuse. Et plus les manches de manœuvre sont réduites, plus les outils de pilotage sont nécessaires et utiles. Vous pourrez utilement analyser le schéma qui s'affiche à l'écran et qui est tiré de l'ouvrage de Sophie Keller que vous connaissez bien, Amandine Barthélémy et Romain Slitine que je vous ai encouragé à consulter lors du module précédent, pour en savoir plus sur la présentation du compte de résultat. Ainsi, la présentation de l'activité d'exploitation permet à l'investisseur d'évaluer la performance de l'entreprise dans son activité principale. Les indicateurs clés sont la somme des produits d'exploitation, celle des charge d'exploitation et la différence entre les deux, le résultat d'exploitation. Les seuls intermédiaires de gestion, comme l'excédent brut d'exploitation, la valeur ajoutée et la marge brute permettent de faire abstraction de certaines charges pour identifier quels coût pèsent sur le résultat d'exploitation. Voici maintenant un deuxième schéma toujours tiré de stratégies et financements des entreprises sociales et solidaires pour obtenir plus d'informations sur les soldes intermédiaires de gestion. Quant à la présentation de l'activité financière, elle permet à l'investisseur d'évaluer la solvabilité de l'entreprise et de mesurer si sa santé financière est un avantage ou un poids. Un indicateur pertinent est la capacité d'autofinancement, CAF, égal à la différence entre tous les produits encaissables et toutes les charges décaissables, car la CAF permet d'évaluer l'excédent de trésorerie que dégage l'entreprise grâce à l'ensemble de son activité. Ainsi, le ratio CAF, capacité d'autofinancement sur les intérêts dus, permet de calculer le nombre d'années dus sur la somme des emprunts que permet de courir l'excédent d'exploitation. Ce ration doit bien évidemment être inférieur à un lorsque l'entrepreneur réalise des prévisions financières destinées à un futur créancier. En effet, si ce ratio est supérieur à un, cela signifie que l'entreprise n'a pas les moyens de rembourser ses dettes grâce à son activité et qu'elle doit puiser dans ses réserves et ressources propres. Le schéma trois qui s'affiche à l'écran, tiré de CFA Level Volume trois, study station fourth reading, et que vous retrouverez dans les ressources complémentaires, résume les indicateurs et ratios essentiels d'une analyse financière. Il est important, pour une entreprise sociale, de réduire ses charges financières grâce aux dispositifs de financement spécialisés, de l'économie sociale et solidaire dont les taux d'intérêts sont nuls ou très avantageux, grâce à des avances remboursables ou des titres et des prêts participatifs par exemple. Les entreprises sociales manquent souvent de fonds propres et dégagent des excédents d'exploitation parfois modestes à cause de leur modèle économique. Elles peuvent être confrontés à des coûts de financement élevés à cause de risque qu'elles représentent. Enfin, la présentation de l'activité exceptionnelle permet de signaler à l'analyste financier que certains coûts et produits pris en compte dans le résultat final ont peu de chance de se reproduire l'année suivante, et ils ne seront donc pas pris en compte dans les prévisions financières. [AUDIO_VIDE]