[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Quand on parle aujourd'hui d'intégration européenne, le paysage semble particulièrement complexe à décrire. Le continent européen est le plus riche en organisations internationales, créant des dynamiques entre territoires, frontières, circulation et organisation politique. Nous allons aujourd'hui placer certaines de ces organisation dans le temps et dans l'espace. Nous constaterons que l'Union européenne qui s'est élargie et approfondie au cours du temps, occupe aujourd'hui la place centrale au sein de cette multitude d'organisations européennes. Après la Seconde Guerre mondiale, les états européens se sont regroupés en de multiples organisations européennes pour promouvoir la paix, la reconstruction, le développement économique, la coopération culturelle mais aussi la sécurité des deux blocs dans le cadre de la Guerre froide. Parmi les organisations européennes, trop nombreuses pour qu'on puisse les énumérer toutes, on peut compter : l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, ou l'OTAN, créée à l'issue de le Seconde Guerre mondiale et qui a été la principale organisation de coopération militaire du bloc occidental pendant la Guerre froide. Elle a survécu à cette dernière et s'est élargie à l'Europe centrale, orientale, balkanique et baltique. Son siège est à Bruxelles. Le Conseil de l'Europe, lui, a été créé aussi après la Seconde Guerre mondiale, c'est la plus vieille forme de coopération permanente entre les états d'Europe. Il avait pour but d'unir les états européens après la guerre mais s'est finalement surtout concentré sur les droits de l'homme, à travers la Cour européenne des droits de l'homme. Après la chute du Mur de Berlin, il s'est élargi à tout le continent. Son siège et celui de la Cour sont à Strasbourg. Enfin, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a été créée en 1995 pour faire suite à la Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe. Cetter dernière avait relancé à Helsinki, en 1975, les négociations de coopération entre les états européens, l'URSS, les États-Unis et le Canada. Aujourd'hui, l'OSCE qui compte 57 membres, s'occupe surtout de surveillance électorale et de protection des minorités, même si un certain nombre des accords militaires signés en son sein sont toujours en vigueur. Son siège est à Vienne. Il existe un grand nombre d'autres coopérations régionales comme le Conseil des états de la mer Baltique, par exemple, ou le Conseil euro-arctique qui rassemblent des pays du nord avec la Russie. D'autres organisations, plus informelles, réunissent des états en fonction de leurs affinités comme le Benelux, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg. Le groupe de Visegrad pour l'Europe centrale, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie. Ou le groupe de Weimar qui réunit la Pologne, l'Allemagne et la France. Cette grande variété d'organisations, à laquelle il faut ajouter les rassemblements de régions ou de villes, fait de l'Europe le continent le plus dense en coopération institutionnelle dans le monde. Parmi ces organisations, l'Union européenne est de loin la plus approfondie. Par ses compétences, son budget et ses institutions particulières qui mêlent supranationalité et intergouvernemental, c'est-à -dire que certaines institutions comme la Commission européenne et le Parlement européen représentent l'intérêt de l'Europe et d'autres comme le Conseil de l'Union européenne, regroupant les états, représentent les intérêts particuliers de ces derniers. Ce modèle s'est perfectionné au cours du temps, à travers une intégration par le marché toujours plus complète et il est unique au monde. Examinons-le de plus près. L'Union européenne s'est élargie et approfondie au cours de ces 60 dernières années, mais cet approfondissement s'est aussi accompagné de la création d'une Europe à la carte. Cette dernière est codifiée par une série de traités négociés par les gouvernements européens selon différentes méthodes, une méthode dite classique et une méthode dite par convention, et ratifiés par les parlements des états membres, délimitant ainsi précisément les compétences de l'Union européenne. l'Union européenne est aujourd'hui composée de 28 états membres, quand son ancêtre, la Communauté européenne du charbon et de l'acier, la CECA, en comptait à l'origine six après la Seconde Guerre mondiale, en 1951. Elle a été suivie de la Communauté économique européenne, ou CEE, en 1957. Le cœur de ses compétences se situe dans les domaines socio-économiques, par la création et la régulation d'un grand marché intérieur dans les années 1960, approfondi dans les années 1990. La politique agricole commune a été au départ sa principale politique, peu à peu complétée par des politiques d'aide au régions, de recherche, de santé et plus récemment de politique étrangère, de façon à couvrir presque tous les secteurs politiques, sociaux et économiques. L'un des objectifs du marché unique a été de libérer la circulation des facteurs de production, les marchandises, les services et les capitaux. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, une approche de la coopération par le commerce semblait mieux à même de réunir les états européens face à la menace soviétique ainsi que de favoriser la prospérité et de consolider la paix qu'une coopération qui se serait donnée des objectifs politiques ambitieux. La preuve en a été donnée par le rejet, en 1954, de la Communauté européenne de défense par la France, mettant fin, pour 40 ans, à toute une avancée européenne indépendante des États-Unis dans le domaine de la défense. De façon à approfondir encore l'union économique, le Traité de Maastricht, en 1992, a créé le projet de monnaie unique, l'euro, entré en circulation en 2002. Poursuivant la logique de l'intégration par le marché, l'euro devait créer une solidarité de fait entre les états européens. En 2015, 19 états de l'Union européenne utilisent l'euro. Ce dernier a été au cœur de la tempête financière depuis 2008 au point que sa pérennité a sembler menacer. Aujourd'hui, la monnaie unique reste puissante et attractive pour des pays comme la Lettonie qui l'a adoptée en 2014 et la Lituanie en 2015. Les états membres de la zone euro ont été obligés par la crise financière d'adopter un certain nombre de nouvelles régulations qui renforcent la coopération dans les domaines budgétaires et bancaires. En l'absence de gouvernement européen à proprement parler, les états membres ont décidé qu'ils devaient se soumettre à une surveillance partagée plus stricte pour éviter qu'un état ne fasse systématiquement appel à la solidarité des autres. Un autre élément central de l'intégration européenne a été l'introduction d'une libre circulation pour les citoyens. En 1985, un traité est signé par cinq états, en dehors de la CEE, à Schengen, une ville frontalière du Luxembourg. Depuis, cet accord intégré à l'Union européenne, permet aux citoyens de 26 pays de circuler librement et de s'installer dans un autre état membre sans passeport et sans contrôle systématique. Cette liberté de circulation reste l'un des acquis auxquels les européens sont le plus attachés selon les sondages Eurobaromètre. Pourtant, elle suscite aussi des inquiétudes liées au contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne, au drame répété des boat people venu d'Afrique et à la peur de migration intérieure européenne trop importante en périodes de crise économique. Pour cela, les états membres tentent de renforcer leur coopération dans ce domaine, notamment à la création d'une agence, appelée FRONTEX, qui a son siège à Varsovie, en Pologne. De plus, les échanges douaniers, policiers et judiciaires sont aussi au cœur de nouvelles discussions pour que les européens puissent faire face à la mondialisation du crime ainsi qu'aux menaces terroristes qui peuvent planer sur le continent. L'Union européenne, qui est aujourd'hui la principale organisation de coopération sur le continent et la plus intégrée du monde, reste attractive pour ses voisins, les Balkans occidentaux, l'Islande et la Turquie. Les Balkans occidentaux, et principalement la Serbie et le Monténégro, sont aujourd'hui les états qui ont le plus de chance d'intégrer l'Union européenne à moyen terme. En effet, ces deux états ont beaucoup progressé dans les reformes demandées par Bruxelles et la Serbie a fait des concessions dans son attitude vis-à -vis du Kosovo indépendant. Pour ces raisons, leur adhésion est avant tout une question technique avant d'être une question politique, même si la plupart des européens voudraient aujourd'hui une pause dans les élargissements de l'Union européenne. L'Islande a décidé de négocier son adhésion à l'UE après la terrible crise économique de 2008. Pourtant, le pays qui s'est aujourd'hui bien remis se questionne, car une adhésion à l'Union européenne nécessiterait de revoir toute sa politique de pêche. Le cas de la Turquie est différent. Ankara s'est mis sur le chemin de l'Europe déjà dans les années 60, mais l'instabilité interne a souvent inquiété les européens. Depuis les années 1990, on constate aussi une opposition de plus en plus généralisée à l'adhésion de la Turquie pour des raisons démocratiques, religieuses et culturelles. Certains s'effraient aussi de la taille du pays, qui prendrait une place centrale dans les équilibres européens. Depuis dix ans pourtant, il semble néanmoins que la Turquie elle-même se désintéresse de cette possible adhésion, de plus en plus compliquée à négocier. En conclusion, on peut donc dire que le continent européen voit son organisation politique dominée par l'Union européenne mais que cette dernière a une intégration différenciée. Ses 28 états membres ne sont pas tous membres de la zone euro ni de l'espace Schengen. Cette intégration différenciée, appelée Europe à la carte, reste en partie attractive pour les états voisins de l'Union européenne. [MUSIQUE] [MUSIQUE]