[MUSIQUE] [MUSIQUE] La création d'une entreprise sociale exige un engagement qui ne peut pas se limiter à l'intention de placer l'intérêt général au cœur de son projet. Il s'agit aussi de mesurer son impact pour s'assurer de son utilité sociale. Pourquoi faut-il mobiliser des ressources pour évaluer et mesurer son impact? Dans ce premier module, nos intervenants, nos experts ont abordé les raisons et les enjeux de cette démarche. Les raisons pour lesquelles vous allez lancer une mesure d'impact sont diverses. Cela peut être une demande émise par différentes parties prenantes. Cela peut être une demande de vos financeurs et vos partenaires institutionnels comme c'est le cas pour les Bistrot Mémoire. Cela peut être aussi vous-même en tant que porteur de projet comme ce fut le cas des Talents d'Alphonse. D'abord mesurer pour vos financeurs. La mesure d'impact est souvent lancée parce que le financeur la demande. Dans le cas de Phitrust, sa stratégie d'investissement en tant que fonds d'impact investing encourage les entreprises de l'économie sociale et solidaire financées à mesurer leur impact. Olivier de Guerre explique que si un investisseur accepte d'avoir un rendement financier plus incertain, il faut pouvoir lui prouver que cela permet de générer plus d'impact. Deuxième raison pour mesurer son impact social, l'amélioration de son activité. Les témoins ont insisté également sur le fait que le besoin d'évaluer vient des acteurs et des entrepreneurs eux-mêmes. Comme l'a expliqué Benoît Veyrines de Malakoff Médéric, l'environnement change avec des remises en question stratégiques, des besoins qui évaluent et il devient indispensable de justifier les actions menées auprès de ces mandants. Malakoff Médéric a lancé cette démarche avec l'objectif de vérifier que toutes les actions menées sont pertinentes et être en capacité d'arbitrer si nécessaire pour des actions qui ne sont plus pertinentes ou qui ne toucheraient plus la cible attendue, le fait de les arrêter. C'est aussi le cas de Marine Quenin qui a mis en avant le besoin d'évaluer la qualité des actions que son association conduit et mène au quotidien. Pour Enquête, la mesure de son impact permet de progresser dans les modalités d'intervention et en conséquence de provoquer davantage de changements pour ses bénéficiaires à savoir les enfants. Après la mesure pour les financeurs, la mesure pour améliorer son activité, on peut aussi mesurer son impact social pour faciliter le changement d'échelle. Lorsque vous lancez un projet avec l'ambition de le faire changer d'échelle, il est nécessaire de prévoir une démarche d'évaluation dès la phase de lancement du prototype. Cela permettra de comprendre les ingrédients du modèle à répliquer avec les leviers d'impact mais aussi les freins qui sont selon Cécile Leclair de l'AVISE d'origines différentes, soit politiques soit stratégiques, soit même organisationnelles. Éric Lesueur a par exemple souligné qu'une des raisons pour lesquelles VEOLIA a souhaité effectuer une mesure de l'impact social c'était parce qu'il avait l'idée de développer le dispositif POP UP sur plusieurs territoires. Cette évaluation lui a permis de développer des indicateurs communs malgré des contextes différents, qu'il soient économique, environnemental, ou politique. La mesure menée par l'entreprise Les Talents d'Alphonse a permis de réorienter sa stratégie de changement d'échelle pour aboutir à plus d'impact. Enfin on peut mesurer son impact social pour mesurer les résultats de son projet. La volonté de mesurer peut donc aussi s'inscrire dans la nécessité de prouver son utilité sociale vis à vis de tiers. Les intervenants ont tous réaffirmé que la mesure d'impact social peut aider à objectiver la valeur du projet pour ses partenaires. Selon Éric Lesueur de VEOLIA, il est très important de montrer en interne et en externe quels sont les résultats de l'action du projet ainsi mené. Il s'agit par exemple de montrer sur le plan environnement les volumes et tonnages déchets évités ou sur le plan social par exemple le nombre de bénéficiaires qui ont pu sortir d'une situation de vulnérabilité. D'une manière générale, les entreprises à vocation sociale se doivent de justifier leur raison d'être. Benoît Veyrines de Malakoff Médéric explique ainsi que la mesure de l'ensemble des actions sociales permet de rendre compte aux administrateurs de Malakoff Médéric des résultats de l'action du fonds social. Après les bonnes raisons de mesurer l'impact, venons-en aux principaux enjeux. La mise en œuvre d'une démarche de mesure et d'évaluation d'impact social est complexe et les intervenants ont mis en avant différents enjeux et notamment quatre enjeux. D'abord les indicateurs. Éric Lesueur explique qu'il est parfois difficile de trouver des indicateurs qui sont suffisamment homogènes pour couvrir l'ensemble des actions de l'entreprise. Selon lui il faut trouver le bon curseur entre la description la plus détaillée de l'impact et en même temps avoir un référentiel commun à différentes actions et entreprises. Deuxièmement, les ressources financières et humaines. Il ne faut pas sous-estimer les moyens à allouer à la mesure d'impact social. Moyens que Cécile Leclair a qualifié de freins stratégiques quand les entreprises ne considèrent pas l'évaluation comme la priorité du fait de ressources financières et humaines qu'elle exige et qu'elle n'a pas mobilisées en quantité suffisante. La collecte et l'analyse de données c'est le troisième enjeu. Éric Lesueur a évoqué cette difficulté en expliquant que les entreprises se focalisent souvent sur la réussite opérationnelle et ne prennent pas forcément le temps de faire remonter des informations relatives à leur impact. Enfin dernier enjeu, l'appropriation par l'équipe. Selon Cécile Leclair, Directrice générale de l'AVISE, il ne faut pas négliger la réticence interne potentielle des équipes, notamment parce que la démarche de mesure d'impact social peut être vécue comme un moyen de contrôler leur activité et leur performance.