[MUSIQUE] Une fois que vous avez choisi une méthode, il s'agit de préparer et d'organiser sa mise en œuvre et son déploiement qui, selon nos intervenants, recoupent au moins trois dimensions : 1/ l'appropriation de la mesure de l'évaluation de l'impact social par les collaborateurs et par l'équipe ; 2/ la communication avec ses parties prenantes ; 3/ le coût de la mesure d'impact. Commençons donc par l'appropriation de la mesure d'impact par les collaborateurs. En effet, c'est un point très sensible car la mesure d'impact social peut être vécue par l'équipe comme un moyen de contrôler son activité. Il y a donc lieu de faire acte de pédagogie et de bien clarifier le but et l'objectif de la mesure. À Simplon.Co, l'ensemble des collaborateurs comprenait déjà le besoin d'évaluer l'impact social de leurs actions, mais dans le cas des Bistrots Mémoire, il a été nécessaire d'accompagner, notamment les psychologues qui animent les bistrots, dans cette démarche d'évaluation de l'impact social. Il était essentiel de faire de la pédagogie sur le but de la démarche. Comme irène Sipos l'a expliqué, les responsables de Bistrot Mémoire ont réfléchi sur le moment adéquat pour discuter de la démarche avec les psychologues, les faire adhérer pour qu'ils puissent ensuite transmettre et sensibiliser les usagers. Dans le cas des Talents d'Alphonse, Thibault Bastin témoigne sur le fait que la mise en place de la mesure d'impact social a renforcé la motivation des équipes. Cela a été rendu possible aussi par l'implication des collaborateurs tout au long de la démarche. Thibault insiste également sur l'importance de l'implication des dirigeants, son implication, pour que cette démarche ne soit pas seulement un rapport qui soit communiqué aux parties prenantes externes et qui reste ensuite sur une étagère, mais qu'elle permette d'influencer pleinement le fonctionnement de la structure elle-même. Du point de vue de Veolia, qui accompagne de manière indirecte les projets, Éric Lesueur a attiré notre attention sur la nécessité d'impliquer les collaborateurs des entreprises sociales concernées. Il faut les intégrer dans le processus car c'est eux qui sont, in fine, concernés par la mesure de l'impact social et c'est par eux que passe la réussite des projets. Venons-en à la deuxième dimension, la communication avec les parties prenantes. Comme l'explique Marie-Stéphane Maradeix de la Fondation Carasso, la mesure d'impact social est une occasion précieuse de travailler avec ses parties prenantes, de réfléchir ensemble aux objectifs du projet et, finalement, cette mesure constitue une belle opportunité de se poser ensemble des questions stratégiques en lien avec la raison d'être de l'initiative. Anita de Voisins, d'Investir & Plus, a mis en évidence la difficulté éventuelle de travailler avec des co-investisseurs plus classiques qui ne sont pas des fonds à impact, avec lesquels des différences de culture peuvent exister en ce qui concerne la mesure de la performance des entreprises financières et qui n'y verront pas exactement le même intérêt ni la même nécessité d'engager des moyens. Investir & Plus a pris le parti de choisir des co-investisseurs qui sont réceptifs à une démarche de mesure d'impact social et qui intègrent des critères non financiers dans leurs évaluations. Pour Élisabeth Dargent, créatrice de Main Forte, la communication sur la mesure de l'impact social de la structure a été rendue obligatoire, par les financeurs publics notamment. Ainsi, Main Forte communique les résultats de cette mesure en même temps que les résultats économiques de l'entreprise. Enfin, et pour conclure, arrêtons-nous sur le coût de la mesure de l'impact social. Le premier enjeu concernant le coût de la mesure de l'impact social est celui d'une proportionnalité au regard du budget du projet lui-même. Certaines méthodes sont très coûteuses parce qu'elles exigent, par exemple sur le plan scientifique, un échantillonnage très lourd et très complexe. Elles ne sont donc pas adaptées à des projets de petite taille qui n'ont pas vocation à changer d'échelle. Les budgets varient donc énormément selon les contextes et les projets. Par exemple, Éric Lesueur précise que Veolia, pour son dispositif POP UP, a consacré un budget d'environ 50 000 euros. Cette somme inclut toutes les phases d'une mesure d'impact, du design des indicateurs à la mise en place et la collecte des données auprès des différentes parties prenantes. Dans le cas des Talents d'Alphonse, la mesure d'impact social a représenté le temps d'un collaborateur pendant six mois, soit l'équivalent d'un budget de 5 000 à 7 000 euros, en plus du travail d'un cabinet de consulting fourni en pro bono. Le collaborateur travaillait à mi-temps sur la mission de mesure d'impact social. Un autre exemple est celui de Simplon.Co qui a été accompagné par le programme Scale Up d'Antropia ESSEC qui, en tant qu'entreprise de l'économie sociale et solidaire, a décidé de dédier une personne en interne, à temps complet, à cette démarche, depuis l'origine et dès la naissance de la structure. [AUDIO_VIDE]