[MUSIQUE] Je suis Cécile Leclair, directrice général de l'AVISE. Donc l'AVISE, c'est une agence d'ingénierie pour entreprendre autrement. Concrètement, l'AVISE produit des ressources, des outils et anime des communautés d'acteurs et des dispositifs pour accompagner le développement de l'économie sociale et solidaire. Le secteur de l'ESS a une perception très hétérogène des démarches d'évaluation d'impact social. Il peut avoir encore des réticences voire de la méfiance par rapport à cette pratique. Heureusement, ces dernières années, les grands réseaux représentatifs de l'ESS et des Think Tanks ont vraiment travaillé cette question, à la fois pour mieux cerner les enjeux, ensuite pour essayer de définir une doctrine et d'établir des garde-fous par rapport à cette pratique, et pour ceux qui sont le plus avancés, de commencer à outiller le secteur. Avec l'agence Far, en 2017, l'AVISE a réalisé une enquête sur, justement, l'expérience d'évaluation d'impact social par les dirigeants d'entreprises de l'ESS eux-mêmes. Et donc il est ressorti de cette enquête qu'il y avait trois principaux freins pour lancer et mettre en oeuvre ces démarches. D'abord des freins qui sont liés à la méconnaissance du sujet. C'est là où on voit qu'il y a une très forte hétérogénéité en termes de connaissances, et on peut imaginer que les dirigeants nouvelle génération ou les dirigeants qui sont plus inscrits dans des réseaux sont plus sensibilisés à cette question. Ensuite, des freins politiques. Actuellement, il y a des dirigeants d'entreprises de l'ESS qui considèrent que la mesure d'impact social peut trahir les valeurs de l'économie sociale et solidaire, que concrètement, cela peut être lié à des enjeux de glorification de la performance, du contrôle, de la mise en concurrence entre acteurs, et notamment pour les mesures très quantitatives, que ça peut être lié à toute l'influence néo-libérale. Enfin, il y a des freins stratégiques, c'est-à-dire qu'on s'aperçoit que les entreprises de l'ESS peuvent considérer que la mesure d'impact social n'est pas prioritaire, notamment face aux coûts, aux ressources financières et humaines qu'elle exige. Et quand elle est considérée comme un outil de communication plus que comme un véritable moyen d'amélioration qui est mis au coeur du projet de l'entreprise, eh bien elle peut vraiment ne pas être considérée comme prioritaire. L'AVISE a identifié des besoins autour de la mesure d'impact social pour les dirigeants de l'ESS en termes de ressources et en termes de compétences particulières, notamment des compétences au moment du cadrage de la mesure d'impact social pour précisément définir l'objectif de cette mesure et adapter le périmètre de cette mesure aux moyens qu'on peut lui allouer. Mais ensuite aussi pour collecter les données, que ce soit une collecte quantitative ou qualitative, et également pour analyser ces données. Donc si, aujourd'hui, on trouve des outils, des ressources, des formations, de la sensibilisation pour les premières étapes de la démarche, donc pour la partie cadrage, on trouve beaucoup moins de ressources et de compétences sur la question de la collecte et de l'analyse des données. Les structures qui voudraient entrer dans une démarche d'impact social rencontrent plusieurs obstacles. On a cité notamment des obstacles techniques, politiques, stratégiques. Il ne faut pas oublier les obstacles organisationnels. C'est-à-dire que, souvent, une entreprise de l'ESS choisit de lancer cette démarche et de la réaliser en interne, pour des raisons de coûts mais aussi pour des raisons d'efficacité de cette démarche, et donc il ne faut pas négliger d'une part la surcharge de travail que ça peut causer aux équipes de manière à pouvoir bien l'anticiper, et ensuite il ne faut pas négliger les éventuelles réticences internes, notamment parce que la mesure d'impact social peut être vécue par l'équipe comme un moyen de contrôler son activité. Et donc c'est pour ça que nous, on insiste beaucoup sur l'enjeu de mobiliser toutes les parties prenantes dans le cadre d'une démarche d'impact social, dont évidemment l'équipe, qui doit co-construire et participer à toute la démarche. Donc les trois piliers structurants d'une démarche d'impact social, si on doit résumer ces démarches en trois mots, seraient la transparence, la confiance, et la participation. [MUSIQUE]