[MUSIQUE] Bonjour. Cette semaine, la partie vocabulaire du MOOC vous a présenté l'organisation générale des enseignements, les cours magistraux, les TD, les TP, les partiels et autres examens de fin de semestre. Alors, j'ai choisi deux termes, ou plus précisément un mot et une expression extrait des mots de vocabulaire de la semaine. Il s'agit du mot amphithéâtre et de l'expression sécher un cours. Commençons par l'amphithéâtre. Ce mot est avant tout un terme d'architecture. Il entre dans la langue française au XIIIe siècle et désigne dans les arts justement, ces grands bâtiments destinés à recevoir le public dans l'antiquité, et en particulier l'antiquité romaine. Souvent, ces lieux étaient destinés à l'amusement du public. On pense évidemment aux Jeux de Rome et à ce majestueux amphithéâtre circulaire. Alors, j'ai bien dit circulaire, et cela est d'importance car le bâtiment est en effet de forme ronde ou ovale. Car le théâtre grec, lui, en revanche, était plutôt un hémicycle, c'est-à-dire un demi-cercle, et non un cercle complet. D'ailleurs, le mot amphithéâtre vient du latin amphiteatrum, mais est lui-même composé de deux parties d'origine grecque amphi, qui signifie des deux côtés, et théâtre. L'ensemble a donc pour sens théâtre des deux côtés, c'est-à-dire en somme que les spectateurs sont situés de part et d'autre de la scène. D'ailleurs, ce petit mot grec, amphi, on le retrouve dans bien d'autre termes en français. Une amphore, par exemple, est un vase antique que l'on porte. Le verbe grec phorein le montre, avec les deux mains des deux côtés, amphore. Et enfin, qu'est-ce qu'un amphibien en français? Eh bien c'est un animal qui peut vivre sur terre et dans l'eau, c'est-à-dire des deux côtés. Revenons à notre amphithéâtre. En français, le mot a donc servi à identifier les théâtres antiques, mais il a désigné assez rapidement, sans doute par analogie, la partie réservée au public contenant les gradins dans les théâtres modernes. Et c'est à partir de ce sens précis que le mot est apparu dans le vocabulaire scolaire et universitaire pour désigner le lieu où le professeur dispense un cours magistral devant les étudiants rangés sagement, enfin on l'espère, sur des gradins, dans ce que nous devrions appeler plus justement un hémicycle et que nous qualifions néanmoins d'amphithéâtre, ou plus familièrement d'amphi. En politique, l'Assemblée Nationale, par exemple, est elle correctement identifiée comme un hémicycle. En fait, si l'on a conservé ce terme aujourd'hui souvent inapproprié, et vous savez maintenant pourquoi, c'est sans doute parce que dans certaines disciplines universitaires comme la médecine, on utilisait bien des amphithéâtres ou quasi amphithéâtres circulaires pour des séances de dissection par exemple. On a conservé le terme dans la langue, mais fort heureusement, dans beaucoup de matières, on se contente de faire un cours ex cathedra. Alors évidemment, si vous ne souhaitez pas suivre un cours en amphi, il vous est possible de sécher le cours. C'est le deuxième mot de la semaine. Mais je ne vous le recommande pas. Vous entendrez néanmoins cette expression dans la bouche de vos camarades français. Voyons ce qu'elle signifie exactement. Sécher un cours a pour sens manquer volontairement et consciemment un cours. Mais pourquoi disons-nous sécher? Car si on loupe un cours involontairement, par oubli, ou parce qu'on s'est pas réveillé par exemple, eh bien, on dira qu'on a manqué un cours, et non séché un cours. Zut, j'ai manqué le cours de chimie ce matin, je me suis pas réveillé à temps. Vous comprenez que sécher un cours, c'est ne pas s'y rendre volontairement. Pour comprendre une telle expression, il faut remonter un peu dans le temps. C'est ce que nous allons faire maintenant. Le verbe sécher tout seul, si j'ose dire, signifie devenir sec. Il est assez clair dans son emploi. Il est attesté en français dès le XIIe siècle et provient, on s'en doute, du latin siccare, de même sens. Alors ce verbe va connaître de nombreux emplois plus ou moins métaphoriques d'ailleurs, transitifs ou intransitifs au cours de son histoire. Dès la fin du Moyen Âge, on a l'expression sécher ses pleurs, sécher ses larmes, sécher son chagrin. C'est au XIXe siècle que le mot est employé comme terme argotique dans le contexte scolaire en emploi transitif. Sécher un élève signifiait alors refuser un élève à son examen de sortie. Peut-être d'ailleurs à partir du sens de tarissement, non pas d'une source d'eau, mais intellectuelle cette fois-ci. C'est alors que l'expression est passée de sécher un élève qui montre l'action de l'institution, qui refuse à l'élève l'obtention de son examen à un élève sèche son cours, ou sa classe, c'est-à-dire qu'il s'abstient lui-même volontairement d'y aller. Voici un exemple littéraire de l'expression que j'ai trouvé dans l'inestimable Trésor de la Langue Française, le TLF. Dans son célèbre journal publié à la fin des années 40 du XXe siècle, François Mauriac écrit ceci. Quelques-uns de ces vieillards suivent à la Sorbonne les cours qu'ils séchaient à 20 ans. Alors une dernière remarque sur ce verbe bien étrange, et qui concerne toujours le milieu universitaire, avec le sens de devenir sec, donc le sens premier du verbe. Mais métaphoriquement, le verbe sécher intransitif, sans complément, signifie ne pas savoir répondre, être incapable de donner une solution à un problème. Je ne comprends pas cet exercice, je sèche. À ta question, je sèche complètement, je ne sais pas répondre. Bon, vous avez compris que sécher un cours en amphi n'est pas une bonne solution. Vous vous exposeriez à passer votre examen final et éventuellement à sécher, si vous n'avez pas rattrapé votre cours, auprès de vos camarades. Alors, vous avez tout compris ou vous séchez? À la semaine prochaine. [AUDIO_VIDE]