[MUSIQUE] [MUSIQUE] Vous avez vu dans les leçons précédentes comment les biais de perception et de raisonnement ainsi que les émotions rattachées aux informations qui circulent pouvaient affecter notre évaluation de ces informations. Cette vidéo va parler de l'argument d'autorité, qui consiste à utiliser son autorité sur un sujet, son expertise, comme principal argument. Comment repérer cet argument d'autorité et en quoi est-ce un biais? On a tendance à croire plus facilement une information quand elle provient d'une personne qui fait autorité dans un domaine, en tout cas dans le domaine concerné par cette information. Cette autorité, cette crédibilité que l'on affecte à quelqu'un qui a une expertise sur un sujet est tout à fait normale, assez saine. Parce qu'effectivement, un médecin a plus d'autorité sur un sujet de santé publique qu'un acteur, par exemple. Le problème c'est quand cette expertise sur le sujet devient le principale, voire l'unique argument. On a l'exemple des médecins qui rapportent rencontrer de plus en plus souvent des patients dits électrosensibles. Ces personnes se plaignent de symptômes communs comme des maux de tête et une grande fatigue. Et les médecins rapportent que des personnes viennent de plus en plus souvent. Le problème c'est que ces symptômes sont reliés en général par les patients eux-mêmes et par ces médecins aux champs électromagnétiques, ce qu'on appelle justement les personnes électrosensibles, alors que les études scientifiques n'ont pas démontré de lien de cause à effet entre les champs électromagnétiques dans les zones où vivent ces personnes et les symptômes rapportés. Là, on a typiquement le fait que la personne considère son expérience personnelle, qui effectivement a une valeur, la considère comme une connaissance scientifique. On a typiquement la confusion entre croyance et connaissance, puisque le médecin ne peut pas établir la relation entre les symptômes et d'éventuels champs électromagnétiques. Un deuxième cas où l'argument d'autorité peut apparaître, c'est un cas un petit peu plus manipulatoire, parce que dans le premier cas ce sont vraiment des personnes qui ont une expertise sur le sujet et qui ne font pas trop la part des choses entre leur expérience personnelle et des fait qui ont été démontrés par les études scientifiques. Dans le deuxième cas, ce sont plutôt des personnes qui s'octroient des titres, par exemple des titres d'ingénieurs ou de spécialistes dans certains sujets, et qui en fait n'ont pas véritablement de titres sanctionnés par des diplômes, des formations ou quoi que ce soit. Luc Rodet de l'association A Seconde Vue avait repéré, justement dans un reportage justement sur les personnes électrosensibles, le fait qu'une personne s'intitulait ingénieur et, avec un appareil un peu mystérieux, sondait les champs électromagnétiques dans une maison. Et cette personne prétendait être d'un organisme avec un nom assez long qui aussi avait le terme indépendant. C'est un organisme indépendant de mesure des champs radio-électromagnétiques, ce qui fait un sigle assez long. En fait, une recherche rapide sur Internet montre que la personne en question n'a pas de diplôme d'ingénieur de quelque école que ce soit, et que sur sa page Internet, on trouve que cette personne est aussi magnétiseur et psychothérapeute, deux titres qui ne sont pas protégés. Et l'organisme dont il est question est une simple association dont le pseudo-ingénieur est le fondateur. Là, on voit que c'est une autorité que la personne s'est octroyée mais qui n'est pas sanctionnée par une vérification par une instance ou une autre. Il y a un troisième cas d'argument d'autorité où les personnes ont une autorité liée à une expérience qu'ils ont vécue, notamment de situation difficile. Prenons l'exemple de personnes qui ont vécu, malheureusement, des attentats ou des catastrophes naturelles. Ces personnes sont évidemment témoins. Leur témoignage d'une expérience vécue est doté d'une forte crédibilité. Et bien sûr, il a une crédibilité puisque la personne y était. Le problème c'est de nouveau quand la personne fait des inférences à partir d'une situation vécue. Par exemple, pour les attentats du 11 septembre, certaines victimes de ces attentats ont soupçonné le gouvernement américain. Ce ne sont pas jute les victimes des attentats, mais c'est une théorie complotiste qui a circulé. Et si cette théorie est véhiculée par une personne qui était présente sur les lieux, elle va avoir une plus grande crédibilité. On va accorder plus de crédibilité à cette personne du fait qu'elle ait été témoin direct de l'évènement. Or, de nouveau, le fait d'avoir été témoin, d'avoir une expérience personnelle, ne peut pas suffire pour vérifier des faits qui sont liés aux causes, en l'occurrence, des attentats. En conclusion, l'argument d'autorité devient un biais lorsque l'autorité de la personne qui parle, son expertise dans le domaine par exemple, ou le fait ou le fait qu'elle ait été témoin d'évènements devient le principal argument, voire l'unique argument sans apporter de sources ou de faits vérifiables. Dans un cas qu'on a vu dans cette vidéo, il y a aussi des personnes qui s'octroient des titres qu'ils n'ont pas, auquel cas on a là une intention manipulatoire. Il est dans ce cas-là important, lorsqu'une information paraît suspecte ou pas soutenue par des faits vérifiables, de vérifier sur Internet, sur les informations qu'on a que les personnes aient bien les titres et l'expertise qu'elles prétendent. [MUSIQUE] [MUSIQUE]