Bonjour, bienvenue au Mooc des villes africaines, environnement et enjeux de développement. La leçon de ce jour, porte sur la problématique d'une approche des gestions des déchets, adaptées. Dans les villes des pays en développement, notamment en Afrique, l'amélioration du cadre de vie est au cœur de toute politique de développement durable. Malheureusement, l'accès notamment à l'assainissement et à la gestion des déchets, est trop souvent délaissé par les autorités locales, voire nationales, en raison, le plus souvent, du manque de connaissances et de méthodologie sur ces problématiques. La présente leçon s'inspire des réflexions formulées par le Comité scientifique dans le cadre du programme de recherches-actions intitulé, Gestion durable des déchets et de l'assainissement urbain, mis en œuvre en 2000 par le programme, Solidarité eau. En effet, ledit comité s'est appuyé sur les résultats des travaux et des rencontres avec les équipes de terrain pour formuler les enseignements majeurs qui en ressortent, et proposer des nouvelles voies, pour mieux appréhender les enjeux. Au cours de cette leçon, nous allons, dans un premier temps, analyser les réalités urbaines qui influent sur la gestion des déchets solides. Ensuite, nous allons aborder, tour à tour, les aspects de la gestion, où une attention particulière doit être accordée afin d'arriver à une gestion adaptée des déchets. Il s'agit notamment d'une meilleure connaissance des gisements des déchets, de la consolidation de la précollecte, de la complémentarité entre maillons, du traitement des déchets collectés, et enfin de la coordination entre acteurs pour une gestion vraiment partagée. S'agissant des réalités urbaines, lorsque l'on analyse les données officielles du taux de couverture de la collecte des déchets dans les villes africaines, le constat est alarmant. La moitié seulement des déchets produits est enlevée et mise en décharge. Cette situation est due, en partie, aux contraintes urbaines fortes qui caractérisent les villes africaines d'une manière générale. En effet, la ville africaine se caractérise, notamment, par une urbanisation extensive, une densification de plus en plus élevée des nouveaux quartiers, comme ici, à Dakar, une absence de viabilité de la voirie, rues étroites, accidentées, non revêtues et soumises aux aléas climatiques. Cette situation est due, de manière globale, à une absence de planification urbaine dans la plupart des villes. L'enjeu est donc d'adapter les solutions techniques de gestion des déchets au contexte actuel, caractérisé par un développement spontané et extensif des villes. Ainsi donc, les quartiers irréguliers ou spontanés, comme ici, à Nouakchott en Mauritanie, demeurent inaccessibles aux services conventionnels mécanisés. En même temps, avec des distances devenues importantes, les ménages ne sont pas enclins à apporter eux-mêmes leurs déchets, jusqu'aux axes où il est possible d'assurer la collecte par des véhicules. C'est pourquoi, les dispostifs de précollecte qui opèrent dans ces zones semblent être les seuls à même de pouvoir réduire le fossé entre différents espaces urbains, en assurant une généralisation du service à l'ensemble du territoire communal. Certes, des études ont été menées, ou sont menées sur la gestion des déchets, mais la plupart des spécialistes de la question notent l'absence des données fiables sur la production des déchets dans la plupart des villes des pays africains. Or, ces connaissances sont déterminantes pour améliorer la planification et stratégie de l'organisation du service. La plupart des données chiffrées, relatives à la production et à la composition des déchets ménagers, sont issues essentiellement de la littérature disponible dans ce domaine. Le déficit, encore profond, de connaissances des gisements des déchets, constitue donc un enjeu majeur. La présence importante de sable dans les déchets ménagers collectés est une question majeure dans l'ensemble des agglomérations africaines. Cette présence de sable est essentiellement liée aux balayages des espaces privés et contribue de manière essentielle à la charge pondérale des ordures et, en conséquence, à la pénibilité de leur transport. Par conséquent, le tri à la source du sable apparaît donc, ici, comme une véritable priorité technique de la gestion des déchets. Quand bien même il est largement admis, aujourd'hui, que la précollecte est devenue incontournable, dans une logique de généralisation du service de collecte des déchets ménagers, la question de sa prémité reste entière. Les conditions suivantes sont indispensables pour la garantir. Il faut formaliser les démarches méthodologiques. Il s'agit, sur la base des recherches, de définir des paramètres et des ratios d'efficacité, ceux de rentabilité, en nombre d'abonnements par rapport au montant de l'abonnement, en nombre de charrettes en service, rayon d'action optimal pour la précollecte, critères d'améliorations des circuits etc. La consolidation de la précollecte passe aussi par la professionnalisation des petits opérateurs. En effet, ces démarches méthodologiques peuvent fournir les bases, ainsi qu'un certain nombre d'outils pratiques, favorables à une professionnalisation des petits opérateurs des précollectes qui ont un fort besoin en accompagnement, en matière de management sur les aspects suivants. Organisation et gestion du personnel, système comptable et financier simplifié, sécurité des charretiers. La planification spatiale des interventions est aussi indispensable. En effet, la définition, et l'attribution rationnelle, des secteurs d'intervention pour les différentes entreprises de précollecte, ainsi que l'optimisation des circuits, à l'intérieur de ces secteurs, constituent une seconde condition primordiale pour contrecarrer la précarité de ces petits opérateurs émergents. Enfin, il faut concevoir un matériel adapté aux spécificités locales. Certes, l'utilisation d'équipements et matériels adéquats ne peut, à lui seul, garantir le développement de l'activité. Cependant, certaines améliorations sont possibles, selon le contexte afin d'augmenter l'efficacité des tournées des précollectes, celles du transport, puis des transferts au lieu du regroupement ; de réduire la pénibilité pour les agents. La survie de la mise en œuvre d'une précollecte, adaptée aux difficultés d'accès des quartiers spontanés, dépend de l'articulation efficiente entre le maillon de la précollecte et celui de la collecte secondaire et du transport vers la décharge. Pour ce faire, il faut s'assurer de la mise en œuvre de points de regroupement et de transfert, convenablement implantés, conçus, équipés et exploités ; l'évacuation régulière des déchets qui y sont regroupés. À Yaoundé, c'est la présence même d'un opérateur privé fiable, sur une période suffisamment longue, qui a permis d'envisager une organisation durable, et généralisée, de la précollecte par les petits opérateurs, ainsi qu'une véritable stratégie relative aux points de regroupement. En matière de traitement des déchets solides, l'enfouissement reste aujourd'hui la solution largement prépondérante. Dans bon nombre de villes, les déchets collectés sont éliminés de façon spontanée, et erratiques, à la périphérie, sous forme de dépôts, voire d'utilisation comme remblais, ou comme amendement. Pour des villes moyennes, et sous certaines conditions climatiques favorables, ces pratiques peuvent être une solution relativement satisfaisante. Du moins, une solution de fait. Dans ce cas, la priorité relèverait peut-être davantage d'une prise en compte à la source des déchets facteurs de gênes, ou de risques. Tels que les plastiques de plus en plus présents, ou les déchets dangereux, issus de certaines activités. D'une manière générale, il faut sans doute, d'emblée, souligner que les pratiques ou techniques d'enfouissement, qu'elles soient spontanées ou organisées, passives ou à vocation utilitaire, constituent encore l'essentiel des solutions accessibles, en tout cas, en Afrique subsaharienne ; compte tenu, tant de la nature des déchets urbains que de ses capacités techniques et financières, à ce stade du développement. Il serait donc illusoire aujourd'hui d'y envisager une élimination finale organisée par des dispositifs industriels sophistiqués d'incinération ou de traitements biologiques tels usines de compostage ou de méthanisation. La mise en décharge restera un maillon, éventuellement ultime, mais de toute façon incontournable d'une gestion durable des déchets. Dans certains cas, et particulièrement dans les plus grandes agglomérations, l'absence décide d'enfouissements techniques officiels et organisés constitue toutefois déjà un facteur de dysfonctionnement qui influe sur le maillon amont du service. Les mêmes causes et blocages réapparaissent que pour les points de regroupement et de transfert, manque de disponibilité foncière pour implanter l'infrastructure, éloignement excessif occasionnant des détournements et des abandons en cours de route, risque de manifestation de rejet des riverains. Quant à la conception de ces sites d'enfouissement, il semble contre productif de prétendre adopter des normes de décharges modèles correspondant à celles des pays les plus développés sous la pression des bailleurs de fonds. Comme on l'a vu pour les points de regroupement et de transfert il y a certainement place pour une démarche progressive de qualification des centres d'enfouissement au travers de mesures relativement simples, il s'agit de choisir une implantation adéquate, au plan hydrogéologique, clôturer, exploiter un casier, contrôler les entrer, et peser dès que possible, prévenir les brûleurs sauvages, etc. La décharge exploitée par iii à Yaoundé constitue une expérience intéressante. Dans tous les cas, l'organisation de l'enfouissement doit être menée avec le soucis d'une véritable intégration des populations de récupérateurs informels préexistants dans ce processus évolutif. Retirer le site ne doit pas revenir à les exclure. Parmi les causes ou facteurs des échecs antérieurs ou des impasses en cours, les chercheurs ont sans équivoque cité un certain nombre de carences organisationnelles ; qu'il s'agisse d'absence de coordination entre acteur, de confusion des rôles, de responsabilité non véritablement assumée. Il s'agit de commencer à donner un véritable contenu concret et formalisé aux notions de gestion partagée, en développant, parfois à profusion, les démarches méthodiques d'identification et des diagnostics des acteurs locaux, puis de concertation et de contractualisation entre ces différents partenaires. Il paraît tout d'abord important que les autorités municipales assument pleinement la totalité des fonctions qui leur incombent dans la gestion des déchets. Celle de la maîtrise d'ouvrage du service public de la planification urbaine ou de l'environnement. Il faudra aussi coordonner l'intervention des différents prestataires privés. Cette coordination constitue une seconde condition de la réussite, il s'agit de distribuer et de coordonner l'intervention des opérateurs agissant sur le même maillon technique à l'intérieur du territoire urbain, d'organiser la coopération entre les opérateurs respectifs des deux maillons, recollecte d'une part, collecte secondaire et transport d'autre part. En effet, point particulier, l'interface entre les prestataires amonts et avals au niveau de la gestion de points de regroupements et de transferts est probablement essentielle. Il faut bien préciser de manière contractuelle les règles d'utilisation du site, à respecter par chacun, mais aussi leur rôle respectif dans son entretien et sa surveillance. Enfin, il faut favoriser l'intervention des structures relais issues du terrain. En effet, l'implication des structures relais identifiées parmi la population constitue une troisième clé du dispositif. Les comités de quartiers ou associations à base communautaire peuvent préexister ou être constituée spécifiquement autour du projet de généralisation de la précollecte ou de réhabilitation des points de regroupement ou de transfert. Elles doivent être bien distinctes des petits opérateurs de précollecte en voie de professionnalisation, même si ceux-ci ont pu initialement à l'émanation de telles associations de quartier. Nous concluons en disant que les contraintes urbaines qui caractérisent les villes africaines telles que l'étalement urbain, l'absence de viabilité de la voirie, pour ne citer que ceux-là, influent en partie sur le taux de couverture de la collecte de déchets solides. Aussi, les dispositifs de précollecte de quartiers précaires ou périphériques semblent les plus adaptés. Par ailleurs, le manque de données fiables sur la production de déchets dans la plupart des villes africaines constitue une contrainte pour la planification de stratégies et l'organisation du service. La présence importante de sable dans les déchets des ménages collectés est une préoccupation majeure dans les villes africaines. Parmi les autres aspects pouvant contribuer à une gestion adaptée, il y a la consolidation de la précollecte par le biais de la formalisation des démarches méthodologiques en vue de définir des paramètres et ratio d'efficacité, la professionnalisation des petits opérateurs, la planification spatiale des interventions et la conception des matériels adaptés au contextes locaux. En outre, la pérennité de la précollecte adaptée dépend de l'articulation efficace entre le maillon de la précollecte et celui de la collecte secondaire et des transports vers la décharge. Concernant le traitement, l'enfouissement plus ou moins organisé demeure encore la solution prépondérante notamment pour les villes moyennes. Par contre, pour les grandes agglomérations il faudra adopter une démarche progressive vers des décharges contrôlées. Au revoir et à la prochaine leçon sur le financement de la gestion des déchets solides. [AUDIO_VIDE]