Bonjour. Bienvenue au MOOC Villes africaines : Environnement et enjeux de développement. La leçon de ce jour porte sur l'organisation de la filière de gestion des déchets solides. Les villes d'Afrique n'ont pas encore trouvé de systèmes adéquats pour assurer leur gestion de leurs déchets solides. Durant des décennies, le service de collecte et de transport des déchets solides municipaux a été assuré par les collectivités, par contractualisation avec des entreprises, des sociétés privées ou étatiques. À partir des années 90, les crises politiques et socio-économiques ont mis à mal le fonctionnement de ces structures et ont accentué les problèmes de gestion des déchets. Depuis, diverses actions ont été ou sont menées en vue d'améliorer la situation. Malgré des résultats quelque peu encourageants, les villes africaines sont encore loin de trouver des solutions adéquates, pour une meilleure gestion de leurs déchets solides. En effet, les actions engagées demeurent souvent isolées et les retours d'expérience ne sont pas partagés, ce qui favorise la répétition des erreurs. Cette leçon vise à faire une analyse des moyens utilisés pour la gestion de déchets solides urbains, de l'amont vers l'aval. Nous allons aborder les points suivants : dans un premier temps, présenter le schéma simplifié de gestion des déchets solides municipaux, ensuite, nous analyserons les différents moyens de la filière, précollecte, point de regroupement, collecte et transport et traitement. Le schéma simplifié de la filière fonctionne selon 2 circuits. Dans le circuit 1, les déchets précollectés dans les quartiers populaires ou périphériques, non couverts par le système classique, sont acheminés au point de regroupement, au centre de transfert, d'où ils sont ensuite évacués vers la décharge, au centre d'enfouissement technique. Dans le circuit 2, les ordures ménagères et autres déchets sur les axes viabilisés et dans les quartiers de haut standing, voire de moyen standing, sont collectés et transportés, au moyen de véhicules spécialisés, vers les décharges ou le centre d'enfouissement technique. La récupération de certains déchets réutilisables a lieu également à différents niveaux, comme nous le verrons plus loin. Voilà, comment devrait fonctionner, de manière simplifiée, la filière de la gestion des déchets solides. Mais la réalité est toute autre. À présent, nous allons analyser les différents maillons de la filière. La précollecte est le premier maillon du système de gestion des ordures ménagères. Ce terme désigne la collecte de proximité qui consiste à ramasser les déchets solides, issus des zones ou des quartiers, et à les acheminer, avec des moyens matériels adaptés, vers des points de regroupement, tels que les containers, le centre de transfert ou de transit, disposés aux abords des voies, ou dans les lieux accessibles aux véhicules de collecte. Elle est nécessaire à l'évacuation des déchets se trouvant dans les zones inaccessibles aux engins de collecte. En effet, la multiplication des quartiers non urbanisés et enclavés, par l'insuffisance de voiries, rend inévitable le recours à des précollecteurs, initialement circonscrits aux zones inaccessibles, la précollecte s'est étendue dans certaines grandes villes à d'autres quartiers, du fait du déficit de couverture des circuits de collectes conventionnelles. Cette précollecte peut être effectuée soit par les habitants eux-mêmes, par rapport aux volontaires, avec des moyens rustiques, poubelles, seaux, brouettes, soit par l'enlèvement, en porte-à-porte, par des prestataires rémunérés, équipés de récipients ou de matériels roulants à traction humaine ou animale, tels que charrettes, brouettes, tracteurs, moto tricycles, de iii. Ces prestataires sont alors choisis pour une zone convenue. Dans les zones quartiers, où le service n'est pas rendu, le plus souvent dans les quartiers périphériques, ou est irrégulier, certains ménages procèdent à un enfouissement ou à une incinération des déchets dans les parcelles, sur les terrains vagues, dans les champs proches ou les déposent aux abords, le long de voies, créant ainsi des dépôts sauvages. Le centre au point de regroupement désigne des lieux ou des espaces aménagés, situés à l'intérieur du périmètre urbain, où les déchets issus de la précollecte sont entreposés dans des bacs, bennes, dépotoirs maçonnés, avant leur transbordement dans les véhicules de transport ou dans les coffres spécialisés vers la décharge. La configuration des dépôts intérimaires est variable, certains sont construits avec des blocs de pierre, d'autres comme ceux que l'on rencontre sur le marché sont de 2 types. L'un est un espace aménagé, clôture en maçonnerie, avec un portail qui se ferme à clé, où est posé le bac à ordures, une fois rempli, il est enlevé par un engin spécifique. Le second est celui d'un espace non approprié, car non aménagé. On note l'absence de plate-forme, le bac étant déposé à même le sol. L'absence d'une plate-forme ne facilite pas les dépôts des déchets à l'intérieur de l'ouvrage, comme nous pouvons le constater sur cette image. À N'Djaména, la municipalité, avec l'appui de l'agence française pour le développement, a aménagé 6 centres de transfert pour permettre aux autres petits opérateurs ou aux comités d'assainissement, de déposer les déchets précollectés dans les bacs de grands volumes, avant leur transfert vers la décharge, par des camions à bras hydraulique. Ceux de N'Djaména sont constitués d'une parcelle, entourée d'une clôture, surmontée d'un grillage. L'accès étant fermé par des portails métalliques, à clé. À l'intérieur se trouvent des bacs de chaque côté de la rampe, qui permet aux précollecteurs avec leurs pousse-pousse d'accéder à la plate-forme et de décharger les ordures directement à l'intérieur des bacs. Quant aux conteneurs des quartiers, la plupart sont peu adaptés aux enfants et aux femmes, qui sont fréquemment chargés d'y amener les déchets. À droite, des poubelles de grandes capacités sont disposées aux abords de la voirie, afin de faciliter la collecte et le transport des déchets solides, issus des marchés. La collecte des ordures ménagères se fait avec des bennes à compression, de porte-à-porte, dans les quartiers à bonnes voiries et ne disposant pas de système de précollecte. Dans les quartiers où existe un système de précollecte des ordures ménagères, celles-ci sont regroupées à un point de collecte, par les précollecteurs, puis sont acheminées par des véhicules spécialisés, ampiroles, porte-conteneurs ou coffres, et des bennes preneuses à la décharge. Selon les localités, d'autres types de matériel roulant sont utilisés, tels que les tracteurs agricoles avec remorque, les camionnettes pick-up, les camions plateaux à ridelles et les bennes recyclées, ce transfert est le plus souvent effectué par des structures privées ou municipales avec du matériel roulant, en général, peu adapté. En effet, les camions qui servent au ramassage des déchets ne sont pas toujours munis d'un système de compactage ou des filets, et lors du transport, une partie des déchets s'échappe de la benne. Il est important de noter que les étapes de la collecte et du transport ne sont pas dissociées, les déchets collectés sont directement acheminés à la décharge par les mêmes engins. La collecte et le transport sont les étapes de la gestion des ordures les plus onéreuses. Selon certains auteurs, le coût du ramassage et du transport représentent 75 % du coût global de la gestion des déchets. La collecte et le transport des déchets solides vers les exutoires finaux, n'est pas simple pour les pays d'Afrique. En effet, les modèles existants sont soumis à d'énormes contraintes d'ordre technique et financier, qui ne permettent souvent pas d'exécuter ces services de manière adéquate et régulière. Dans la pratique, la commune est la seule à posséder les moyens nécessaires, pour gérer la collecte et la mise en décharge, agissant directement ou déléguant le service à une entreprise, utilisant des moyens mécaniques. Elle doit donc intervenir en aval des systèmes de précollecte, pour évacuer les déchets vers un site éloigné des habitations. Dans la majorité des cas, ce maillon de la filière, pourtant essentiel, est défaillant. Les dépôts intermédiaires et les bennes ne sont pas toujours prévus dans tous les quartiers ou sont très irrégulièrement vidés. Les communes évoquent toujours le manque de moyens financiers et d'équipements, pour justifier cette situation. Cependant, ce problème récurrent traduit aussi des faiblesses dans l'organisation globale de la filière et met en évidence, l'importance de la prise en compte, à part entière, de la précollecte. Les taux de couverture, observés dans certaines villes africaines, sont peu élevés, ce taux ne dépasse pas toujours 50 %, voire moins de 30 %, et varie selon les localités, en fonction de la taille et du niveau d'urbanisation. Selon l'enquête réalisée, dans les villes secondaires du Sénégal, en 2004, le taux de couverture n'était que de 35 %. Des études réalisées à N'Djaména, Nouakchot et Yaoundé donnaient, respectivement, des chiffres de 15 à 20 % de 20 à 30 % et de 40 %. À Ouagadougou il était de 23%. La plupart des grandes villes africaines disposent d'une décharge officielle. certaine ville, même des capitales, qui comptent plus d'un million d'habitants n'avaient récemment ou n'ont toujours que des petites décharges. Et ce malgré que la taille des populations engendre des quantités de déchets très importants. D'autres villes par contre, ont une gestion plus focalisée des déversements des déchets, c'est le cas de Dakar et de Bamako qui ont un à trois sites de décharge par ville. Certains, situés au départ en périphérie de la ville se sont vite retrouvés englobés dans les zones urbaines en expansion galopante. D'autres sites sont suffisamment à l'écart des zones urbaines mais des problèmes d'acheminement des déchets à la décharge peuvent aussi se poser et des flux de fuites parfois non négligeables apparaître. Il faut également rappeler que faute de moyens financiers adéquats la collecte régulière des déchets de cette ville ne couvre jamais l'intégralité de la production. La plupart du temps, ces déchets finissent dans les terrains vagues des cours d'eau dans des champs. Ou servent comme remblai sur des parcelles ou des zones inondables. On distingue trois types de décharges : les décharges au centre d'enfouissement technique aux normes internationales. Ces décharges sont généralement aux normes des pays industrialisés. Et par conséquent nécessitent une mobilisation des ressources technologiques et financières importante. Les aménagements et les exploitations sont très coûteux, au delà des capacités financières des collectivités locales ou des états. Et génèrent d'important volume de lexivia qu'il faut traiter. En Afrique ce type de décharges se rencontrent généralement dans les grandes villes du Magreb. Quant aux décharges traditionnelles ou non contrôlées Elles sont des simples entreposages des déchets sur des espaces aménagés ou non qui ne répondent à aucune normes d'ouverture des décharges. La quasi totalité des villes qui disposent des décharges sont celles qui ne sont pas contrôlées. Dans les petites et moyennes villes, celles-ci se résument en de simples dépotoirs sauvages dans lesquelles les déchets sont souvent brûlés dans les périodes sèches pour en réduire la quantité. L'accès à ces sites est peu contrôlé et il existe un important secteur informel de récupération, entraînant un risque sanitaire et des gènes d'exploitation. Ce système à l'image de celui de la iii NDjaména ou de Nouakchott en Mauritanie représente la majorité des décharges existantes dans les villes africaines. Les principales caractéristiques de cette décharge sont absences d'études techniques et environnementales pour leur implantation, les services techniques municipaux se contentant de la disponibilité de l'espace et son rapprochement par rapport au centre ville pour éviter des transports sur de longues distances. Les aménagements sont inexistants ou très sommaires se limitant généralement à la voie d'accès et aux terrassement généraux d'une plateforme. Dans certains cas c'est la présence d'une dépression qui justifie l'implantation de la décharge sur le site. On note aussi l'absence de système de contrôle des déchets entrant et l'absence de formation du personnel d'exploitation. Sur les petites décharges la présence d'engins d'exploitation n'est pas permanente et on a très souvent recours au brûlage des déchets pour réduire les quantités entreposées. Les difficultés d'accès durant la saison des pluies entraînent le déversement des déchets hors de zones dédiées. Enfin, l'entreposage des déchets se fait sous forme de monticules en tas sur le sol lorsqu'il y a une absence de dépression naturelle sans limitation entre les zones des dépôts. Par conséquent la profondeur des dépôts est relativement faible engendrant une saturation précoce du site. Par ailleurs, les déchets ne sont pas recouverts, occasionnant des envols des matériaux légers tel plastique souple qui pollue le voisinnage. Les lexivias ne sont pas drainés et s'accumulent dans la masse des déchets enfouis ou s'échappent sans aucun contrôle vers les égouttoirs naturels. La récupération est très active et constitue de ce fait une gène pour l'exploitation et un risque pour les récupérateurs dont la vie dépend des revenus qu'ils en tirent. Quant aux décharges contrôlées se sont celles dont l'aménagement et l'exploitation sont fait en tenant compte de la sensibilité du milieu récepteur. Les investissements et le coût de fonctionnement sont optimisés On trouve ainsi un compromis entre le niveau de protection visé et les moyens disponibles. Les sites sont à cet effet choisis pour limiter les impacts et les coûts. En effet, par rapport à un environnement particulier, la pollution pourrait être contrôlée par des moyens limités. Infiltration contrôlée de lexivia par exemple au profis de l'auto épuration du sol ou traitement moyen du lexivia avant un rejet dans la nature. Pour des raisons principalement économiques, la mise en décharge est et restera probablement pour de longues années encore la technique la plus utilisée pour se débarasser des déchets ménagers dans de nombreux pays à revenus faibles. Cependant, la mise en décharge sans aucune précaution et une pratique qui est appelée à disparaître. De plus en plus il est demandé aux exploitants d'offrir un certains nombres de garanties pour éviter toute incidence néfaste des dépôts des déchets sur l'environnement humain et naturel. L'exploitation contrôlée d'une décharge nécessite donc des études et des aménagements préalables ainsi que des procédures de gestion appropriées. Par conséquent, le terme décharge est en train de disparaître au profit du terme centre d'enfouissement technique. S'agissant du recyclage, de nombreuses études sur la caractérisation des déchets urbains en Afrique ont révélé qu'une part de plus en plus importante des déchets ménagers est potentiellement recyclable. On peut distinguer un recyclage organisé à la décharge et des activités plus ou moins organisées dans des terrains vagues ou au bord des centres de regroupement. Il faut distinguer la récupération qui consiste à la séparation d'un ou de plusieurs composants d'un déchet à des fins commerciales ou à une réutilisation du recyclage qui consiste à introduire un composant récupéré dans un circuit de production ou il va se substituer totalement ou en partie à une matière première. La récupération des produits et matériaux, boites, des bouteilles, aluminium, fer, objets en polyéthylène et les invendus des produits de commerce se fait à différents niveaux. À la source, au niveau donc des ménages de l'entreprise ou des commerces, mais aussi au point de regroupement des déchets pendant la collecte par les éboueurs et enfin lors de la mise en décharge. Ces éléments à récupérer sont acheminés sur le marché pour être commercialisés. Les materiels en aluminium ou en fer sont vendus aux artisans les artisans à leur tour vont recycler l'aluminium et le fer en produits finis comme les marmites, ensuite ces produits finis sont commercialisés sur le marché. Les artisans qui pratiquent le recyclage des objets de récupération sont des forgerons, soudeurs ou ferronniers. Le recyclage des déchets plastiques dans les pays d'Afrique est une problématique en plein développement. La valorisation matière est généralement la seule méthode effectivement mise en place et qui se développe dans certaines villes et elle se fait de manière industrielle et artisanale. La filiale industrielle repose sur le procédé de régénération qui est une méthode à la fois simple et prouvée nécessitant néanmoins l'acquisition de matériel onéreux, une des contraintes au développement de cette filière. La seconde contraite est le débouché commercial du produit semi-fini aux industries de la plasturgie. En effet, si l'activité économique et les entreprises du secteur plastique ne sont pas développées et ne portent pas un intérêt écologique aux matières plastiques recyclées, le développement de la filière régénération sera limitée. Par contre, au niveau mondial, les produits issus de la régénération sont cotés et peuvent aisément trouver acheteur notamment dans les pays côtiers disposant de grands ports tournés vers le commerce international. Enfin les machines nécessaires à la régénéraiton des plastiques sont les machines de base de l'industrie plastique ce qui peut être une porte vers le développement d'une industrie plastique plus importante. Quant à la filière artisanale à l'échelle d'un iii local comme dans des petites villes secondaires où le gisement de plastique et relativement limité, des pratiques plus artisanales comme la production d'éléments de construction en plastique peuvent s'avérer très intéressant. Cependant ce type d'activité doit se mener avec l'appui des collectivités territoriales et des pouvoirs publics pour favoriser ce type d'entreprises qui participent à la salubrité des villes et offrent des solutions pour l'aménagement des espaces publics, tel que trottoirs allées piétonnes, latrines etc. Des recherches sont en cours pour mécaniser les équipements et améliorer la productivité. Ceci permettra en outre d'améliorer les conditions sanitaires des postes de travail notamment sur l'évacuation des fumées, la distance entre les opérateurs et le plastique en fusion. Le compostage est un procédé biologique contrôlé de conversion et de valorisation des substraorganiques sous produit de la biomasse, déchets organiques d'origine biologique etc., en un produit stabilisé semblable à un terreau et riche en composés humique. On peut aussi le définir comme un processus biologique qui assure la décomposition partielle des constituants organiques des sous-produits et des déchets en un produit organique stable riche en composé humique, le compost. On distingue deux types de compostage le compostage à petite échelle, dite méthode artisanale et le compostage industriel. En conclusion nous pouvons dire que les villes d'Afrique n'ont pas encore trouvé des systèmes adéquats pour assurer la gestion de leurs déchets solides. La précollecte, premier maillion de la filière est devenue incontournable dans une logique de généralisation du service de collecte des déchets ménagers. Cependant la question de sa pérennité reste entière. L'articulation entre le maillon de la précollecte et celui de la collecte secondaire et du transport vers la décharge n'est pas souvent efficient. Certains points de regroupement ne sont pas convenablement conçus, implantés ou sont tout simplement mal exploités. Dans d'autres cas, l'évacuation des déchets qui y sont regroupés est irrégulière. Quant au maillon de la collecte et des transports, il fait face à de nombreuses contraintes : équipements et matériels inadéquats manque d'entretien de renouvellement, irrégularité dans l'enlèvement des ordures etc. Enfin, le maillon aval, celui de la mise en décharge, est celui qui est le plus souvent défaillant, pour des raisons principalement économiques, la mise en décharge est et restera probablement pour des longues années encore la technique la plus utilisées pour se débarasser des déchets ménagers dans des nombreux pays à revenus faibles. Cependant la mise en décharge sans aucune précaution est une pratique qui est appelée à disparaître pour faire place à une exploitation contrôlée qui exige pour sa mise en place des études et des aménagements préalables ainsi que des procédures de gestion appropriées. Au revoir et à la prochaine leçon sur le thème, vers une approche des gestions des déchets adaptée.