[MUSIQUE] >> Alors je vous ai écouté cette semaine, j'aurais juste deux petites questions à vous poser. On voit sur l'ensemble de la planète, si on regarde les statistiques, une augmentation de la quantité de déchets. Alors on essaie de trier, on essaie de recycler, mais globalement, la quantité de déchets par habitant augmente au cours des années. Quelle est la situation dans les villes africaines? >> Évidemment, les déchets sont produits par les individus, par les différentes activités qui se mêlent au niveau des villes, >> donc plus le nombre d'individus va augmenter, plus le nombre d'activités aura en fait, vont se développer, en fait le nombre d'activités va se développer, et donc plus la quantité de déchets qui sont produits sera de plus en plus importante. Alors, il faut trouver des solutions à cette question-là. Dans les pays occidentaux, il y a, si je prends l'exemple de la Suisse où on peut faire le tri, déjà, à domicile, ce qui se fait aussi, plus ou moins, dans les villes africaines. Parce que vous avez une partie des déchets qui est recyclée, on n'en parle pas trop souvent, mais lorsque vous allez sur des marchés, vous voyez un certain nombre d'objets, qui ont été récupérés par des, je dirais des personnes, justement, qui vivent sur ces décharges, là. Ou bien qui parcourent la ville à la recherche de ces objets, pour pouvoir ensuite les réutiliser, ou bien produire d'autres objets. Et donc, comment faire en sorte que, même si le nombre de déchets va continuer à augmenter, qu'on n'ait pas des situations aussi alarmantes de déchets sauvages qui se retrouvent dans des dépotoirs à ciel ouvert, ou des dépotoirs, des points de regroupement non enlevés? Cela demande donc une gestion qui soit mieux adaptée aux réalités africaines. Les villes africaines n'ont pas un environnement qui puisse dire que on se contentera seulement de la solution classique qui est celle de ramasser les ordures avec des camions spécialisés pour cela. Il faut pour cela que toutes les voies, toute la voirie urbaine soit praticable, or ce n'est pas le cas. Donc, il y a une frange importante de la population qui ne bénéficie pas du service, lorsque celui-ci existe. Comment faire? Il y a des expériences qui ont été tentées, et il y a des initiatives qui se sont mises en place, sans attendre forcément que ce soit l'État qui puisse, ou la commune qui puisse les initier. Le phénomène de comités ou d'associations dans les quartiers, qui se sont préoccupés à la naissance de leur action des questions d'ordre, enfin des questions de salubrité, ont mis en place des structures, comités de précollecte, pour pouvoir essayer un tant soit peu d'améliorer la situation des quartiers. Mais ces déchets, lorsqu'ils sont enlevés des habitations et mis dans un endroit qu'on peut appeler dépotoir, ou point de regroupement, il faut que celui-ci soit enlevé. Assez souvent. La gestion par maillons, il n'y a pas une certaine articulation, ce qui fait que on a, lorsque dans la chaîne, il y a eu un dysfonctionnement qui s'est produit à un niveau donné, mais c'est tout le système donc qui est mis en cause. Et cette articulation entre zones, où c'est la précollecte qui domine, les points de regroupement, qui doivent être convenablement installés, implantés et conçus, pour qu'il n'y ait pas un environnement insalubre aux alentours de ces points de regroupement, il y a des réflexions qui sont en cours, sur lesquelles je crois que les pays où les villes doivent s'inspirer afin de trouver des solutions à cette question. Mais le maillon le plus, je veux dire, faible, c'est la collecte et le transport vers une décharge. La collecte et le transport vers une décharge pose problème, et ça demande un certain nombre de moyens, matériels et financiers, pour pouvoir l'organiser. C'est vrai que les populations sont prêtes à payer le service, mais ce qu'ils paient généralement n'arrive pas à couvrir l'ensemble de la filière. Mais il y a d'autres mécanismes qui existent, qui peuvent permettre donc, d'assurer le recouvrement du coût, et d'assurer donc le fonctionnement régulier d'un service de gestion solide. Dans certains pays, on a par exemple mis en place des taxes sur l'électricité pour pouvoir prendre en charge et couvrir les besoins en financement et en fonctionnement de ce service-là. >> On se rend compte, en vous écoutant, ce qui m'a surpris c'est que finalement c'est des quartiers de haut standing. Donc les plus riches qui produisent le plus de déchets, ce qui semblent finalement assez logique. Mais on nous dit souvent, ou on nous fait croire que c'est le contraire, que le problème des déchets c'est plutôt dans les bidonvilles et chez les pauvres. Or, ils en produisent moins. Quel est le sentiment de ces populations, les plus aisées, par rapport à ça? Est-ce qu'elles sont prêtes à s'investir et à payer pour l'élimination de leurs propres déchets? Évidemment, lorsqu'il n'y a pas un service public, municipal, qui assure la gestion, lorsqu'ils sont obligés de faire appel à des prestataires privés, ils paient le prix. Ils paient le prix que leur proposent, ou que leur donnent que leur dictent ces prestataires privés. Au niveau global de la ville, je crois que tout le monde ne devrait pas payer la même taxe ou la même redevance, et donc si j'ai affaire, tout pollueur est payeur, la taxe ou la redevance devrait être en fonction, en principe, de la quantité d'ordures produites. Cela s'est fait dans les pays européens, bon, en Afrique, ou dans les villes africaines, installer un pèse déchets, ça suppose qu'il faut avoir des poubelles qui soient aux normes, qu'il faut avoir des instruments de pesée etc. C'est un peu difficile. Mais quand même il y a cette possibilité, de pouvoir faire payer selon, comment on appelle, le niveau de production des déchets qui est fait. >> Merci pour ces deux petites précisions, et on se retrouve la semaine prochaine, pour des questions d'agriculture urbaine, >> si j'ai bien compris? >> Oui, tout à fait. >> Merci. [AUDIO_VIDE]