[MUSIQUE] [MUSIQUE] Depuis 2015, une chose est sûre, la question du climat s'est installée au cœur de l'actualité, des politiques publiques, et nombre d'acteurs ont dû se positionner par rapport à ce défi. Les différentes vidéos que nous venons de voir nous révèlent trois grands enjeux relatifs au changement climatique, qu'il faut absolument retenir. Premièrement, l'urgence climatique est maintenant politique et économique. Deuxièmement, pour traiter cette urgence, il faut être capable d'en mesurer ses différents aspects. Émission de CO2, impact climatique et météorologique, risques économiques et financiers notamment et pour ne citer que les plus importants. Enfin, troisièmement, cette urgence du fait de sa complexité requiert des réponses et donc des décisions sans précédent dans l'histoire de nos sociétés. Le climat comme urgence donc, comme Alain Grandjean et Alexandre Florentin l'ont expliqué, le consensus scientifique établit le budget carbone de l'humanité en 2010 à 1 000 milliards de tonnes de CO2 émis. À un rythme de 34 milliards de tonnes émises chaque année, cela ne laisse que 30 ans à partir de 2010 pour agir. Le tournant en termes de prise de conscience de l'urgence politique et économique par nos décideurs politiques a été 2015 avec la COP21 de Paris. Des entreprises comme Drappier et des territoires comme la Champagne ont compris qu'ils étaient autant victimes que responsables du changement climatique. Et de fait, qui mieux que des agriculteurs peuvent se rendre compte des manifestations physiques très réelles que sont les vendanges plus tardives ou les phénomènes météorologiques extrêmes qui détruisent les vignes et, ou les récoltes. La plupart des grandes entreprises ont également compris l'ampleur du problème. Essilor et Saint-Gobain en sont de bons exemples. Vous avez pu voir dans les vidéos que les dirigeants de ces entreprises ont dû se positionner par rapport à ce problème inédit et s'engager à faire mieux. Elles ont pour cela plusieurs raisons comme le souligne Xavier Galliot d'Essilor, d'abord car ces entreprises ont compris l'effet d'entraînement qu'elles pouvaient avoir sur le reste de leur secteur d'activité et de leur chaîne de valeur. Ensuite et aussi parce que le changement climatique, ce sont des coûts et des opportunités financières futures très importantes qu'il faut anticiper. La dernière raison et on a tendance à l'oublier, c'est qu'une entreprise n'est pas une sorte de boîte noire douée d'une volonté propre indépendante du reste de la société. Une entreprise est avant tout constituée d'hommes et de femmes qui poussent au changement de l'intérieur. Et il n'est pas anodin d'entendre Pierre-André de Chalendar l'affirmer avec conviction. Si tout le monde est conscient du problème, pourquoi alors cela ne fonctionne-t-il pas plus facilement? Laurence de Carlo dans son intervention nous montre bien toute la difficulté qu'il y a pour des acteurs très différents tels que les États, les entreprises, les ONG, les collectivités locales, à collaborer ensemble. Par exemple, pendant longtemps, les entreprises n'ont été vues que comme étant le problème dans la pollution. Or, comme le PDG de Saint-Gobain l'affirme, les entreprises sont également au cœur de la solution. Et on n'arrivera pas à infléchir la courbe des émissions sans le concours des entreprises petites, moyennes et grandes. Pour pouvoir agir, il faut savoir de quoi l'on parle. Qu'émet-on? En quelle quantité et pour quel impact sur les écosystèmes terrestres? C'est l'analyse de scénario et de modèle qui permet aux scientifiques d'estimer les impacts potentiels du changement climatique. Les scénarios du GIACC auxquels se réfèrent les experts de Carbone 4 et qui sont la référence dans le domaine permet d'estimer l'impact des émissions carbone sur la Terre. Ces scénarios essentiels pour comprendre le changement climatique ne permettent pas aux États et aux entreprises d'agir directement. Pour cela, il faut mobiliser des scénarios et des modèles qui combinent les données climatiques avec les données économiques. C'est ce que l'on a pu voir avec mon collègue Radu Vranceanu. Grâce à ces modèles, nous pouvons mieux appréhender les implications pratiques de l'action ou de l'inaction en matière climatique. Ces modèles permettent in fine de voir ce que coûtent une tonne de CO2 émise en fonction des contraintes que l'on choisit. Souhaite-t-on rester sous les deux degrés de l'accord de Paris? Souhaite-t-on réduire notre dépendance au carbone le plus graduellement possible? Les modèles économico-climatiques aussi imparfaits soient-ils nous donnent des ordres de grandeur qui nous aident à évaluer les politiques et initiatives, qu'elles soient portées par les États ou bien par les entreprises. En effet, une fois que l'urgence climatique est actée, que les impacts ont pu être estimés, il faut agir. C'est d'ailleurs tout l'objet de ce MOOC que de vous montrer comment les entreprises peuvent se mobiliser contre le changement climatique, que vous soyez dans une PME ou dans un grand groupe, votre entreprise peut se mobiliser et lancer et impulser des changements sans pour autant renoncer à son activité. C'est cela que Michel Drappier et Pierre Naviaux nous affirment et nous explicitent. On retrouve la même idée chez Saint-Gobain lorsque Pierre-André de Chalendar insiste sur le fait qu'il faut décorer la croissance économique de la consommation énergétique, et plus largement des émissions carbone. Pour les grands groupes comme Essilor ou Saint-Gobain, le top management s'est ainsi fixé des objectifs ambitieux. Pour Saint-Gobain, il s'agit de réduire ses émissions carbone de 20 % d'ici à 2025 et d'atteindre la neutralité carbone en 2050 sans avoir recours à la compensation financière carbone. Nous verrons dans les prochains modules ce que signifie ce terme de compensation carbone et la neutralité carbone. Pour une entreprise comme Essilor, agir pour le climat, c'était rester cohérent avec la mission qu'elle s'était fixée en 2013, je cite, améliorer la vue pour améliorer la vie. Michel Drappier pour sa part prend cette idée également quand il affirme qu'un produit comme le champagne se doit d'être exemplaire à tout point de vue. On voit donc à travers ces trois entreprises qu'il est primordial que les dirigeants prennent l'enjeu climatique à bras-le-corps pour pouvoir provoquer l'effet d'entraînement espéré. C'est la condition indispensable, mais non suffisante, de la réussite de toute politique liée au changement climatique, qui est de la responsabilité de tous, mais dont chacun peut se dire que c'est la responsabilité de l'autre, puisque rien ne peut réussir sans l'engagement de tous. [MUSIQUE] [MUSIQUE]