[MUSIQUE] [MUSIQUE] Transition énergétique et finances. La finance est une fois de plus le nerf de la guerre ici pour atteindre l'objectif de la transition énergétique conformément à l'accord de Paris sur le climat à la COP21 de 2015, afin de limiter les conséquences désastreuses du changement climatique qui s'accélère. Il s'agit de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 degrés d'ici 2100, en visant une augmentation de 1,5 degrés. Pour ce faire, nous avons à réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40 % d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990. En quoi les outils financiers peuvent-ils être utiles? Sont-ils assez performants? Les marchés financiers incorporent-ils le coût de toutes les externalités négatives à court terme et à long terme? Les projets de lutte contre le changement climatique trouvent-ils des financements en fonds propres et en emprunts? Comment faire? Par quels mécanismes et incitations faire changer le comportement des acteurs, collectivités, entreprises, citoyens, pour financer la transition énergétique? Dans un premier volet, voyons comment améliorer le fonctionnement des marchés financiers du CO2, le carbone. Actuellement, dans les prix qu'ils forment pour les valeurs de l'énergie des matières premières et des actions d'entreprises, les marchés financiers n'incorporent pas bien le coût de toutes les externalités négatives, c'est-à-dire des nuisances, notamment aux biens communs : pollution de l'air, de l'eau, de la terre, épuisement des ressources. Parmi ces externalités, les émissions de CO2 comptent pour 75 % des gaz à effet de serre. En 2005, pour réduire ces émissions de gaz à effet de serre, la Commission européenne a instauré un marché, un système d'échange de quotas d'émissions de gaz à effet de serre. En anglais, son nom est European Union Emission Trading Scheme, ETS. La Commission européenne a fixé des quotas d'émissions de gaz à effet de serre pour 12 000 installations appartenant à 8 000 entreprises européennes. L'ensemble de ces entreprises représente 45 % des émissions totales de l'Union européenne. Chaque quota correspond à l'autorisation d'émettre une tonne de CO2. Sur le terrain, une entreprise peut émettre moins de gaz à effet de serre que le quota qui lui a été fixé. Une autre peut en émettre davantage. Le marché des quotas de CO2, le marché ETS, permet aux entreprises qui ont du quota en excès de le vendre à des entreprises qui manquent de quotas, et qui ont donc besoin d'acheter des quotas. Sur ce marché, l'offre et la demande de quotas s'équilibrent à un prix de la tonne de CO2 qui peut varier à chaque instant. Les entreprises qui ont émis davantage que leur quota sont en infraction et sanctionnées par une amende. En réduisant le quota autorisé, la Commission européenne peut inciter des entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Lancé en 2005, l'objectif du marché ETS est de réduire les émissions de CO2 de 21 % en 2020 et de 43 % en 2030 pour l'ensemble des entreprises incluses dans le mécanisme. Pour respecter l'accord de Paris de 2015, la Commission Stern-Stiglitz estime que le prix du carbone doit se situer entre 40 et 80 dollars la tonne de carbone en 2020, puis augmenter progressivement à 50 et 100 dollars en 2030. Ce niveau est différent d'un pays à l'autre et il sera ajusté dans le temps, et les pays à faibles revenus commenceront à des niveaux inférieurs à 40 dollars la tonne de CO2. En juin 2020, le prix de la tonne de CO2 est de 25 dollars sur le marché. Que se passe-t-il? Toutes les entreprises ne sont pas concernées? Les quotas autorisés sont-ils trop élevés? Les entreprises ont-elles réduit leurs émissions en fermant des usines en Europe et en augmentant éventuellement leurs capacités dans des pays non concernés par ces quotas? Le prix de la tonne de CO2 reflète-t-il correctement le coût des nuisances à long terme? La Commission européenne travaille sur ces questions pour améliorer le marché de quotas. Deuxième volet, financer la transition énergétique et labellisation des fonds d'investissement. Les investisseurs peuvent être publics et privés, comme des entreprises et des citoyens. Voyons comment financer la transition énergétique et apportons quelques exemples. Premièrement, voyons les fonds propres et les emprunts. La transition énergétique et la lutte contre le changement climatique exigent des moyens financiers. Parmi ces moyens financiers, l'apport des fonds propres est une garantie et un levier qui permet d'emprunter, et donc de démultiplier les sources de financement. Les institutions, les États et autres collectivités territoriales peuvent aussi apporter des fonds propres par des subventions ou des garanties d'emprunts pour amplifier les moyens. Les banquiers prêtent aux industriels du secteur de l'énergie pour investir dans des énergies décarbonées. La Banque européenne d'investissement, la BEI et quelques banques ont déclaré arrêter de financer certaines énergies émettrices de gaz à effet de serre. Des investisseurs peuvent apporter des fonds propres, soit directement comme actionnaires d'entreprises engagées dans la transition énergétique, soit indirectement par des fonds d'investissement dédiés. Des États, des collectivités, des entreprises peuvent émettre des emprunts pour financer des investissements dans la transition énergétique. Ce sont les obligations vertes, appelées aussi green bonds. Les investisseurs, notamment les particuliers, ont besoin d'informations pour distinguer d'un côté le green washing, c'est-à-dire le semblant de verdissement, et de l'autre les investissements dans la transition énergétique. Deuxièmement, voyons les critères d'investissement et le monitoring de ces investissements par le label ESG. Les investisseurs ont besoin de mesurer les risques et rentabilités de leurs investissements. Ils ont besoin de critères extra-financiers pour une information synthétique comme un label pour repérer les fonds dédiés à des investissements pour la transition énergétique. Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, ESG, sont des critères extra-financiers pour évaluer la prise en compte du développement durable et des enjeux de long terme dans la transition énergétique et la stratégie des entreprises. Troisième point, voyons quelques applications avec des initiatives par des fonds d'investissement et par des citoyens. Regardons les entreprises d'asset management qui gèrent des fonds d'investissement. En 2020, selon le classement de l'agence de notation Vigeo Eiris qui fournit les notations de la finance ESG, 40 des 100 meilleures entreprises européennes sont françaises, et sur le critère environnemental, Axa est numéro un en Europe. Et sur le classement par métiers des institutions de l'assurancs et de la finance, Axa et Amundi sont au top en Europe. Durant l'été 2020, Axa Investment Managers et Montpensier Finance constatent que la prise en compte de critères extra-financiers qui concernent la responsabilité environnementale, sociale et sociétale des entreprises permet une meilleure analyse des risques et une sélection de valeurs qui s'appuient sur l'identification de modèles plus durables. Les indices des fonds ESG ont moins baissé lors de la crise sanitaire et économique de 2020 et elles montrent donc une bonne résistance. Les critères extra-financiers sont au cœur de la création de valeur. Candriam signale 60 % de ses fonds d'investissement sous le label ESG et se prépare à porter cette proportion à 95 %, voire 100 %. Voyons un deuxième type d'exemple avec les initiatives citoyennes et le financement crowdfunding. Les citoyens peuvent prendre leur destin en main pour tel ou tel projet en faisant appel à tous. C'est le financement appelé crowdfunding. Ainsi, des habitants et des collectivités territoriales des 13 communes de l'agglomération de Cergy-Pontoise ont décidé de lancer une coopérative de production d'énergie renouvelable. C'est le projet O'Watt Citoyen. Dressons quelques conclusions et des perspectives. Il y a tant à faire pour lutter contre le réchauffement climatique. Les outils financiers sont des moyens pour accélérer les investissements. Les États, les collectivités territoriales, les entreprises et les citoyens, chacun peut agir pour la transition énergétique et pour être davantage maître de son destin. [MUSIQUE] [MUSIQUE]