[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je suis Pierre Naviaux, chef de projet environnement au Comité Champagne. Le Comité Champagne, c'est l'interprofession qui rassemble l'ensemble des professionnels champenois, donc les 15 000 vignerons qui produisent environ 90 % des raisins en Champagne, les 300 maisons de champagne, les négociants qui mettent sur le marché environ 70 % des bouteilles. Donc, le champagne, c'est de l'ordre de 300 millions de bouteilles mises sur le marché et un chiffre d'affaires de cinq milliards d'euros. Le Comité Champagne c'est l'entreprise qui est au service de tous ces professionnels champenois. Nous sommes 110 personnes sur des missions économiques, juridiques, promotions de l'appellation, et des missions techniques, viticulture, œnologie, environnement, et moi je m'occupe d'environnement. [MUSIQUE] Au début des années 2000, la Champagne a réalisé l'analyse environnementale de l'ensemble de ses procédés, depuis la plantation d'une vigne jusqu'à l'expédition d'une bouteille chez le consommateur. Et donc, ces 450 procédés viticoles et œnologiques ont été analysés en termes d'impact environnemental et on est arrivé à la conclusion que nos impacts environnementaux sont regroupés dans trois familles, l'empreinte carbone, l'empreinte eau et l'empreinte biodiversité. L'empreinte carbone, c'était une grosse surprise à l'époque, au début des années 2000, c'était quelque chose qui était encore assez méconnu. Et on a réalisé à la même occasion que cet enjeu énergie, climat, on en était à la fois victime, puisque le changement climatique, c'est une réalité pour les vignerons, avec un avancement des dates de vendange, avec une évolution du degré, donc il faut s'y adapter. Mais en même temps, nous avons une responsabilité en termes d'empreinte carbone, et donc nous devons aussi réduire nos émissions. [MUSIQUE] Pour mieux comprendre cet enjeu carbone, nous avons réalisé en 2003 le bilan carbone de l'ensemble de la Champagne. Et nous avons été très surpris à l'époque puisque nous avons réalisé que notre cœur de métier viticulture, œnologie représentait moins de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons environ 25 % qui est composée de transports de personnes et de marchandises. Et les 50 % restants, c'est en fait nos achats de biens et de services. C'est tout ce qui se passe en amont et en aval de notre activité. Nous avons donc dû élargir le périmètre de notre champ d'action en termes de démarche environnementale. Pour faire de l'écoconception, des achats responsables, construire des partenariats avec nos fournisseurs, nos prestataires, pour réduire de façon significative l'empreinte carbone de la Champagne. [MUSIQUE] >> Je suis Michel Drappier, Champagne Drappier, propriétaire de la maison avec mon père, bientôt 94 ans, mes enfants, maison 100 % familiale, indépendante, située à Urville dans la Côte des Bar, dans le sud de la Champagne. On possède 60 hectares de vignobles. 45 collaborateurs et on élabore environ 1 500 000 bouteilles selon les années, évidemment selon les caprices de la nature. [MUSIQUE] En 1989, quand la huitième génération de Drappier est née, ma fille Charline, on a eu dans la famille cette envie d'être beaucoup plus raisonnable pour la planète, éviter toute la chimie et toutes les émissions de carbone qui nous ont encombré pendant des décennies. On a commencé par s'orienter vers le bio et plus tard donc au début des années 2000, de tendre vers un bilan carbone neutre. Au moment, le Comité Champagne d'ailleurs nous encourageait à le faire. Cela a été un peu compliqué, on a été un petit peu seul. Et progressivement, on a fait le tour de nos émissions à partir du vignoble, de la cave, mais également de la partie commercialisation qui est importante chez nous. [MUSIQUE] Les émissions de carbone en Champagne sont dues essentiellement à la production de la bouteille en verre, qui consomme énormément d'énergie et qui émet du carbone, le transport, et les visiteurs qui sont nombreux en Champagne à venir visiter et déguster dans notre région. Donc, on a pris en compte toutes ces émissions et on a commencé à étudier toutes celles que l'on pouvait réduire. Notre première démarche a été de réduire notre consommation d'électricité ou en tout cas de produire notre électricité avec des installations photovoltaïques et aujourd'hui, on est très fier d'avoir 78 % de notre électricité produite par nous-mêmes et on est en Champagne, on n'est pas au Maroc donc on arrive à faire de l'électricité même dans nos latitudes nordiques. [MUSIQUE] La motivation essentielle dans notre métier, cela a été l'universalité du champagne, c'est un produit mondial. Le symbole de la paix, de la réconciliation, consommé par des citoyens de toutes les latitudes et des longitudes, et on a vraiment pensé qu'on devait être bon pour la planète. Ce qu'on allait faire ici en Champagne, une toute petite région, était important pour ce que les Allemands, ce que les Chinois et ce que les vents emportent d'ouest en est puissent faire profiter les autres peuples de la planète. Ce symbole est porté par un produit haut de gamme, de luxe. Et donc, on est encore plus redevable vis-à-vis de la planète de cette nécessité d'être vertueux pour nos concitoyens. [MUSIQUE]