[MUSIQUE] [MUSIQUE] Rappelons pour commencer qu'à l'horizon 2050, les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire français devront se limiter à environ 80 millions de tonnes de CO2 équivalents alors qu'elles s'élèvent en 2018 à près de 450 millions de tonnes. Il s'agit donc de les réduire d'un facteur six environ. Or, une étude récente a montré qu'un citoyen peut réduire de 25 % à 30 % son empreinte carbone s'il se montrait constant dans ses efforts et très vertueux. Pourquoi pas plus? Parce que pour de nombreux gestes quotidiens qui génèrent du CO2, ce citoyen dépend de machines, de dispositifs, d'équipements dont la fabrication et l'usage émettent des gaz à effet de serre. Ces équipements peuvent être publics, comme il s'agit de l'école par exemple qui est chauffée éventuellement ou fioul ou privée, s'il s'agit de sa voiture personnelle ou professionnelle par exemple. Il est clair donc que l'ambition climatique nécessite de transformer en profondeur l'ensemble de ces équipements, donc notre économie. Autrement dit, l'ambition climatique nécessite de nouveaux investissements. Notre urbanisme, nos habitations, nos moyens de transport, nos équipements de chauffage, nos centrales de production de l'électricité, nos usines doivent être transformés pour qu'ils tous moins consommateurs d'une énergie qui doit être décarbonée. Nous ne parlons en matière énergétique de l'électricité qui ne représente que 25 % de la demande finale d'énergie, mais bien de toute l'énergie nécessaire, que ce soit pour se déplacer aujourd'hui majoritairement avec du pétrole, chauffer les bâtiments et faire fonctionner les usines, souvent avec du gaz fossile et du pétrole, nous devons réduire la consommation d'énergie de ces équipements et faire en sorte qu'ils utilisent une énergie décarbonée qui peut être du nucléaire, de l'hydraulique, de l'éolien terrestre/maritime, du solaire, du bois, de la géothermie, du biogaz ou du gaz synthétique fait à base d'électricité décarbonée. Quels sont les investissements réalisés et par qui? Nous allons évoquer successivement le cas des ménages, des entreprises et des administrations publiques. Les investissements à l'initiative des ménages sont prioritairement la rénovation énergétique des logements et le changement de véhicules. Pour les logements, il s'agit d'améliorer leur isolation, des toitures, des fenêtres, puis des murs, et de changer de moyen de chauffage. Les chaudières au fioul doivent être éradiquées, puis à terme, les chaudières au gaz fossile doivent l'être aussi. Pour les voitures, les ménages vont devoir progressivement passer au véhicule électrique, qui utilisé en France est une solution décarbonée, y compris en prenant en compte la fabrication de la batterie. En parallèle, ils devront aussi faire évoluer leur rapport à la mobilité. Plus de vélos, moins d'avions, ils devront partager la voiture, mais ceci est de l'ordre du comportement. Les investissements à l'initiative des entreprises sont plus variés. Ils concernent bien sûr aussi l'immobilier et les véhicules, les voitures et les camions, ils concernent aussi l'efficacité énergétique des procédés utilisés, notamment pour des entreprises très intensives en énergie, qu'on pense à la sidérurgie, au ciment, au papier, à la chimie, et la décarbonation de l'énergie, sortir du fioul utilisé, et à terme, du gaz fossile. Il concerne pour les entreprises leurs achats. Les entreprises peuvent viser à réduire l'intensité carbone de leurs achats. Enfin, elles sont appelées à développer des services et des solutions pour leurs clients, qui soient efficaces énergétiquement ou bas carbone. Tous les secteurs sont concernés. Le bâtiment et les travaux publics, la logistique, l'agriculture, l'industrie, l'informatique et le numérique, le commerce, le tourisme, la santé, la banque et la finance. L'investissement public quant à lui concerne d'abord la rénovation énergétique du logement social, du parc tertiaire public d'une surface de 380 millions de mètres carrés, qu'il s'agisse des écoles, des collèges, des lycées, des universités, des hôpitaux, des bâtiments administratifs, des musées, mais aussi des prisons. La profonde mutation des transports à entreprendre nécessite aussi de gros investissements publics. Pour les voyageurs, il faut développer des pistes cyclables et des voies affectées aux bus, cars et covoiturage. Il faut installer des bornes de recharge électrique, même si une partie d'entre elles seront dans le secteur privé. Il faut accroître l'offre ferrée voyageurs dans les villes ou entre les cités. Pour les marchandises, l'enjeu essentiel est la réduction du recours au camion qui sont à la fois source d'émission de CO2, mais aussi de polluants atmosphériques et sources de congestion sur les routes. Même si le secteur privé peut renouveler sa flotte en le passant en partie avec l'électricité ou l'hydrogène, il appartient à la puissance publique de moderniser et de développer le fret ferroviaire, ce qui suppose de nombreux investissements dans les wagons, l'informatique, la gestion des réseaux. Au total, les montants nécessaires à l'atteinte des objectifs énergétiques et climatiques français ont été estimés par le Think Tank I4CE entre 55 et 85 milliards d'euros par an, soit entre 2,5 % et 4 % du PIB pour la période 2019, 2023. Or, fin 2017, ces investissements ne s'élevaient qu'à 31 milliards d'euros répartis à parts égales entre ménages, entreprises et acteurs publics. Nous accumulons donc du retard, notamment dans le logement, et le bâtiment et les transports. Ce constat est général dans le monde et en Europe, où les besoins en investissements sont estimés à entre 2 % et 5 % du PIB européen. Le déficit de financement en Europe est probablement du même ordre qu'en France. C'est pour cela que l'implication de la Commission européenne dans un green deal est une bonne nouvelle. Les besoins sont considérables et l'impulsion doit être forte. Pour conclure, indiquons que ces programmes d'investissements peuvent être considérés comme un levier pour créer de l'emploi, susciter l'innovation et au total redonner de l'activité à toutes et à tous. [MUSIQUE]