[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans la précédente vidéo, nous avons vu les grands principes d'une stratégie de décarbonation alignée avec l'accord de Paris. De nouvelles questions se posent : Comment mesurer les émissions induites par l'activité de l'entreprise, les émisions évitées ailleurs et celles séquestrées? Et comment se fixer des objectifs suivant ces trois piliers? Dans cette vidéo, nous allons nous focaliser sur le premier pilier, car il est le plus important. Toutes les entreprises doivent réduire une grande partie de leur empreinte carbone. Toute activité utilise des ressources et donc émet des gaz à effet de serre. L'empreinte carbone cherche à comptabiliser tout ce qui permet à une entreprise d'exister. L'empreinte carbone sert à révéler la dépendance d'une activité au carbone. Cette métrique se mesure en tonnes de CO2 équivalentes. Le CO2 est un gaz à effet de serre, et ce e veut simplement dire que tous les gaz à effet de serre sont pris en compte et sont ramenés à une seule unité pour simplifier : le CO2. Par exemple, une tonne de méthane est équivalente à 30 tonnes de CO2e. Pour une entreprise, le périmètre temporel d'un bilan carbone est d'un an, et le périmètre de calcul comprend les Scopes 1, 2 et 3. `Reprenons notre entreprise fictive de rénovation, Éco-rénov, pour comprendre ces Scopes. Le Scope 1 comprend les émissions directement émises, par exemple les émissions du chauffage à gaz des bureaux, des fuites de gaz de climatisation, et des émissions de carburant des camions possédés par l'entreprise. Le Scope 2 comprend les émissions indirectes liées à la consommation d'électricité. Ces émissions sont indirectes car elles viennent des centrales de production de l'électricité. Le Scope 3 comprend le plus grand nombre de postes. D'abord, en amont les déplacements. Éco-rénov a un millier d'employés qui se rendent au travail tous les jours en voiture, en train et parfois en vélo. Plusieurs congrès internationaux ont aussi lieu chaque année, nécessitant des trajets professionnels. Ensuite, nous avons les achats. Éco-rénov achète des matières premières mais aussi des matières déjà manufacturées et des services. Les éléments [INCOMPRÉHENSIBLE] d'une entreprise sont aussi pris en compte. La construction des bâtiments utilisés par l'entreprise va nécessiter des émissions qui vont être amorties comptablement sur plusieurs années. La construction d'autres biens immobilisés comme des machines, des véhicules, des équipements informatiques sont comptabilités ici aussi. Le Scope 3 aval comprend les émissions liées au transport des produits vendus par Éco-rénov jusqu'à ses clients, sans compter aussi le traitement des déchets et l'usage des produits vendus. Par exemple, si Éco-rénov vendait un système de chauffage électrique, la consommation de cet appareil serait comptabilisée dans son Scope 3 aval. Nous voyons bien que l'entreprise n'est pas responsable de toutes ces émissions, mais elle en dépend. L'empreinte carbone ainsi déterminée permet de comprendre les processus physiques dont dépend l'entreprise, et c'est une lecture que la comptabilité par les euros ne permet pas à l'heure actuelle Mais revenons aux calculs. Pour calculer les émissions liées à chacun de ces postes, il faut associer une donnée physique à un facteur d'émission. Prenons l'exemple suivant. Éco-rénov consomme annuellement 10 000 litres de diesel, et le facteur d'émission diesel est de 3 kilogrammes de CO2e par litre. L'empreinte liée au diesel est donc de 30 tonnes de CO2e par an. L'empreinte carbone d'une entreprise est la somme de toutes ces émissions directes et indirectes. Le cadre méthodologique pour le calcul de l'empreinte carbone est standardisé au niveau international par la norme ISO, et se décline opérationnellement grâce au Green House Gas Protocol ou encore le bilan carbone. Pour comprendre quelques ordres de grandeur d''empreintes carbone, une grande entreprise émet de l'ordre de millions de tonnes de CO2e. Par comparaison, un SMS émet 0,01 gramme de CO2e, visionner une vidéo en ligne pendant 10 minutes émet 3 grammes de CO2e, un Français en moyenne émet 11 tonnes de CO2e par an, la France émet 500 millions de tonnes de CO2e par an, et le monde émet actuellement 50 milliards de tonnes de CO2e chaque année. Maintenant, de combien faut-il réduire cette empreinte carbone pour être compatible avec l'accord de Paris? Au niveau global, on l'a vu, il faut faire moins 80 %, soit moins 5 % par an d'ici 2050. Par contre, tous les secteurs ne vont pas pouvoir ou devoir réduire à cette vitesse. C'est là où l'outil Science Based Targets ou SBT permet de définir un objectif de réduction compatible avec un scénario de degrés pour une entreprise donnée. Le budget carbone mondial qu'il ne faut pas dépasser d'ici 2050 est réparti en trois secteurs, et on peut alors avoir une idée de la trajectoire pour une entreprise donnée. À fin mars 2020, 841 grandes entreprises à travers le monde ont soumis un objectif SBT. Avec la bonne mesure et des objectifs cohérents, la gestion du premier pilier fondamental d'une stratégie de décarbonation est sur de bons rails. Parlons plus succinctement des deux autres piliers. Pour le deuxième pilier, les émissions évitées, si Éco-rénov prouve qu'elle vend un produit qui est moins carboné qu'un produit standard ou de référence tout en rendant le même service, alors elle peut comptabiliser des émissions évitées. La différence entre l'empreinte de référence et l'empreinte d'Éco-rénov constitue la quantité d'émissions évitées. De même, grâce au crédit carbone, si Éco-rénov finance un projet qui remplace par exemple des centrales à charbon par des fermes d'éoliennes, Éco-rénov peut ajouter des émissions évitées. Le cadre méthodologique pour le calcul des émissions évitées est encadré par la norme ISO, les labels Gold Standard ou encore Verra. Pour le troisième pilier, les émissions négatives, si Éco-rénov prouve qu'il a une activité forestière sur site, il faut simplement comptabiliser les tonnes de CO2 séquestrées par an. De même, grâce au crédit carbone, Éco-rénov ajoute le CO2 séquestré en dehors de sa chaîne de valeur dans son suivi du troisième pilier. Comme pour les émissions évitées, la norme ISO et les labels encadrent la méthode de calcul de ces émissions. Il n'y a pas encore d'outil standardisé pour fixer des objectifs alignés avec l'accord de Paris pour ces deux derniers piliers. Pour les émissions négatives, une piste est de fixer un taux de séquestration compatible avec une trajectoire normative de développement des puits. En France par exemple, la stratégie nationale bas-carbone définit un taux d'augmentation des émissions séquestrées à 2 % par an. Nous avons donc vu comment calculer une empreinte carbone, comment fixer des objectifs alignés avec l'accord de Paris, et comment comptabiliser les émissions évitées et séquestrées. Dans la prochaine vidéo, il sera question de la mise en place d'actions concrètes pour atteindre ces objectifs. [MUSIQUE]